Portrait

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Apres la soirée que j'ai passé avec Christie et Matt', nous sommes devenus amis. Parfois, je sèche les cours pour rester avec eux, a discuter dans les couloirs sombres du métro. De toute facon, mes résultats sont excellents quoi que je fasse. Leurs amis commencent a me connaitre, je me lie d'amitié avec Sylvia et Anne, une autre fille. J'apprends a les connaitre: Matt' est né ici même a New York, dans un quartier pauvre. Son père était un alcoolique violent et il a quitté la maison familiale aussi vite qu'il a pu. A 16 ans, il était destiné a passer son temps dans les rues. Christie n'a pas eu une enfance si misérable: elle vient du Delaware, un Etat près de New York. Elle a toujours voulu devenir artiste, et, une fois son diplôme en poche, a quitter sa famille pour venir s'établir ici. Mais le monde de l'art est cruel, et elle est vite retrouvée sans argent. Les deux jeunes se sont rencontrés dans un centre d'hébergement et ne se sont plus jamais quitter. Ce sont un peu comme des frères et soeurs, et je les envie pour ça. Ils ont vite compris que je ne souhaitais pas parler de mon passé, mais continuent tout de même a rire de mes origines ambiguës: une fille mi-francaise, mi-islandaise, qui parle avec un accent britannique, ça ne court pas les rues... Parfois, quand il fait très froid dehors, je les invite chez moi, et ils se serrent sur mon canapé. Comme aujourd'hui.
-Abi, je te jure que ça va, on peut dormir dehors... Se plaignent mes deux amis en me suivant dans les escaliers.
-Non, hors de question. Si demain, les journaux affichent la mort de deux sans-abris, je ne me le pardonnerait jamais.
-On va pas mourir de froid! Hurlent-ils en choeur.
-Bien bien, laissez moi au moins vous proposez un café.
Ils hochent la tête et je leur ouvre mon appartement. Ils ne comprennent pas comment je fais pour avoir tellement d'argent, pour eux, tous les étudiants sont pauvres...
-Installez-vous, leur dis-je.
Ils m'obéissent. Christie regarde autour d'elle.
-Il est ou G.?
Depuis qu'elle est venue ici pour la première fois, Christie s'est littéralement prise d'affection pour mon chat, qui ne semble pas en être mécontent.
-Surement dans la chambre, dis-je, en train de dormir. Ce chat est un flemmard né.
-Tel chat telle maitresse! lance Matt.
Je lui donne une tapette derrière la tête et Christie rigole en se dirigeant vers la chambre. Ca me fait du bien de fréquenter des gens, a nouveau. Même si ce ne sont pas les personnes les plus recommandables qui soient. Soudain, j'entend Christie m'appeler depuis ma chambre.
-Sacha?
-Ouais? Repondis-je vaguement, concentrée a versée équitablement le café.
-C'est quoi ça?
Je renverse un peu de café sur mes doigts et laisse un juron m'echapper. Je suis très maladroite...
-Ma chambre est un vrai capharnaüm, il y a pleins de trucs, dis-je en m'essuyant les mains dans un chiffon et en la rejoignant, de quoi tu parles?
Quand je rentre dans la chambre, je reste figée. Non, Non, Non, Non, Non.
-Ce tableau, continue-elle, c'est toi qui la peint n'est-ce pas?
Elle pointe du doigt la toile déposée sur le pupitre. Pourquoi est-ce que je ne range jamais rien?
-Euh... Ouais mais je dois.... Commençais-je.
Je me précipite vers mon oeuvre, Matt' arrivant dans mon dos.
-Y se passe quoi?
-Sacha est une artiste! Regarde ce qu'elle a peint! Lance Christie en indiquant le portrait de Georges. Il n'est pas encore fini, il manque les couleurs, mais je dois bien avouer qu'il est bien réussi. Je baisse les yeux quand Matt' s'exclame qu'il est magnifique.
-Mais non, c'est encore qu'une esquisse...
-Arrête de faire ta modeste! Il est superbement ressemblant! Tu vas le vendre hein? C'est comme ça que tu subviens a tes besoins! Tu peins et..
-Stop. Je ne compte pas le vendre, c'était juste pour m'amuser.
-Sacha, dit Matt' en me regardant dans les yeux, tu es une sorte d'artiste secrète ou quoi? Je t'ai déjà vu gribouiller de la poésie sur les serviettes du café de Yann, quand tu me prends ma guitare pour jouer quelques accords, j'ai honte de moi. Sans oublier tout ces livres que tu lis, dit-il en regardant autour de lui, putain Sacha! Tu es un génie!
Je soupire et m'assoit sur mon lit, deux paires d'yeux me fixant intensément.
-Je vous dois des explications.

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