Désolé, encore rien de joyeux dans ce chapitre, mais on fait ce que l'on peut, j'ai envie de dire... Bonne lecture malgré tout !
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Douleur, colère, déni, tristesse, solitude, peur, vide, mort, inexistant, fouillis. En conclusion, un sacré bordel. Ma tête est remplie de tout ce merdier et bien plus encore depuis qu'il n'est plus là.
Mourir J'en ai envie chaque jour. J'aurais juste à me jeter sous un train et tout serait terminé. Simple, efficace, avec l'assurance de réussir du premier coup et sans aucune souffrance.
Mon problème ? J'en ai pas le courage. Malheureusement. Je suis faible et pourtant le rejoindre serait pour moi une vraie libération, je pourrais enfin à nouveau respirer normalement. Je n'en peux plus de ce mal-être constant, cela ne fait que 4 mois qu'il a rejoint les étoiles et j'ai pourtant l'impression que cela fait une éternité. Je revis constamment sa mort dans les moindres détails, cette vision de lui dans son cercueil ne me quitte jamais, il ne se passe une heure sans que cette image s'impose à moi comme un rappel constant. Le choc est à chaque fois aussi violent. Cette représentation de lui sans vie, je ne peux définitivement pas l'accepter. Elle me hante et me détruit à nouveau à chaque fois. Elle agit comme un coup de poignard.
J'ai arrêté de vivre en même temps que lui, je suis mort à l'intérieur. Mon cœur bat mécaniquement alors que j'espère chaque soir qu'il s'arrête dans la nuit. Je ne suis que l'ombre de moi-même, là sans être vraiment là. Je me vois comme au milieu d'une foule déambulant en tous sens et à toute vitesse, alors que, moi, je suis à l'arrêt à regarder tous ces gens continuer à vivre.
Je suis là alors que mon monde à moi s'est effondré et que le leur continue de tourner comme si de rien n'était, parce que, finalement, personne n'est conscient de ce qui se passe réellement à l'intérieur de quelqu'un qui vient de perdre ce qu'il a de plus cher.
Il faut le vivre pour le comprendre. Cette phrase n'a jamais fait autant sens que maintenant.
Comment retrouver goût de la vie alors que celui qui m'avait fait découvrir la lumière est mort ?
La réponse : j'en ai pas la moindre idée. J'ai programmé deux voyages cette année.
À la base, partir à la découverte du monde, c'est ce qui me fait vibrer, c'est ce qui me fait me sentir vivant autant que lui avait cet effet sur moi, mais pour la première fois, même ça, je n'en ai pas l'envie. J'ai ressenti ce qui ressemble à une once de joie au moment de les réserver, et c'est bien tout. La seconde d'après, plus rien, le retour du vide, du néant intersidéral.
On pourrait penser que je suis dans l'exagération, mais si seulement c'était le cas.
Je suis devenue sans émotion depuis le jour où j'ai appris son décès.
Je fais semblant d'aller bien, d'être heureux.
C'est bien plus facile d'agir ainsi que d'expliquer réellement tout ce qui passe à l'intérieur, alors même que je n'arrive pas à mettre de mots dessus.
La solitude me pèse, je suis pourtant bien entouré, mais je me sens comme un poids, j'ai l'impression de toujours trop leur en demander, à mes amis, à ma famille.
Je me sens incomprise et totalement perdue.
Je ne sais même plus qui je suis, ni qui je veux être. Rien ne me fait envie, tout me semble bien fade, sans goût.
Je n'arrive même plus à me projeter dans l'avenir, je ne me vois nulle part sans lui, je ne me vois pas continuer dans un monde où il n'est plus.
Ma vie est devenue mécanique finalement, mon cerveau a appris à rire, sourire, vivre, seule, car si j'écoutais réellement mon cœur, je serais juste complètement indifférente à tout ce qu'il se passe autour de moi, je serais juste là et c'est tout.
Il est assurément impressionnant de voir à quel point l'esprit fait bien les choses pour nous aider à mentir au monde entier, il arrive parfois à me tromper moi-même, c'est dire.
On ne fait que me répéter que je suis forte parce que je n'ai pas plongé dans je ne sais quelle forme de dépression.
On me demande à quoi je m'accroche, mais moi-même je ne le sais pas.
Je suis juste là, présente, et c'est déjà énorme pour moi, à la limite du trop.
Au fond, je pense que ce qui me permet de rester dans ce monde, ce n'est pas forcément les gens que j'aime, mais bien sa famille à lui. C'est finalement le seul lien que j'ai encore avec lui et je m'y accroche désespérément. Ils me le rappellent constamment, dans chacun de leurs gestes, dans chacune de leurs phrases prononcée, et c'est si apaisant de le voir en chacun d'eux.
Quand je regarde son père, je le vois, lui, son portrait craché.
Quand je parle avec sa sœur, je distingue cette même joie de vivre et ce même sourire qui ne quittaient que très rarement son visage. Quand je vois sa mère, je retrouve cette façon un peu maladroite qu'il avait de me montrer son amour. Une petite partie de moi veut continuer à veiller sur ces trois belles petites personnes.
Je sens qu'il est de mon devoir de le faire pour lui, c'est peut-être ma façon de le remercier lui, de les remercier eux pour tout ce qu'ils ont fait pour moi.
Et puis ils sont si forts, je les respecte tellement ! Ils sont d'une bonté et d'une générosité si folle avec moi ! Je n'ai pas l'impression de mériter autant de bienveillance de leur part, surtout que je n'ai rien à leur donner en retour, si ce n'est un peu de soutien, et beaucoup me dirait que c'est déjà énorme.
J'ai cette tendance depuis sa mort à vouloir garder tout ce que je ressens pour moi. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne pleure que très rarement. Mais quand cela m'arrive, c'est qu'il est trop tard, et je pars donc en grosse crise d'angoisse quasi incontrôlable.
Ma respiration devient erratique, mes larmes coulent en cascade et il devient alors difficile pour moi de retrouver mon calme. Mes pensées deviennent vraiment sombres et je ne souhaite qu'une chose : mourir.
Quand je suis seule, j'hurle carrément de douleur. Je vais alors avoir cette mauvaise manie de me mordre les mains, tentative désespérée d'apaiser la tempête qui m'habite à ces instants précis. Dans ces moments-là, j'essaie de m'apaiser avec le son de sa voix enregistré sur mon téléphone, mais c'est loin d'être suffisant. Ce qu'il me faudrait vraiment ? Lui. Lui et ses bras. Lui et ses baisers. Lui et ses je t'aime. Lui et ses mots doux et apaisants. Lui dans son entièreté au final. Et le comble dans tout ça, s'il pouvait y en avoir un ? Ce serait qu'il m'emmène avec lui là-haut, là où tout serait plus simple, là où tout serait plus paisible, là où je pourrais vivre véritablement et pleinement.
Parfois, le manque est si fort que cela en devient insupportable. Ça me bouffe de l'intérieur. Si je m'écoutais vraiment, je détruirais tout ce qu'il y a autour de moi. J'ai une rage qui a pris possession de moi et qui ne me lâche plus. Elle bout et attend juste de pouvoir un jour être évacuée, et je redoute le moment où cela se passera, parce que je ne sais pas de quoi je suis capable.
Chaque soir, j'ai pris pour habitude de regarder le ciel se garnir de ses étoiles, et parmi toutes ses merveilles du monde, il y a la sienne. Je ne la lâche pas des yeux jusqu'à la voir disparaître derrière les montagnes qui m'entourent. Elle m'est apparue le soir où j'ai appris sa mort et depuis je ne la lâche plus. Je sais que c'est lui. Il ne se passe pas une soirée sans que je ne le cherche automatiquement et que je ne me mette à lui parler en discontinue de tout ce qui me passe par la tête. Ça me fait un bien fou. Il est mon plus fidèle confident, comme il l'a toujours été.
A contrario, lorsque la météo n'est pas de mon côté et que les nuages recouvrent la voûte céleste, je me sens comme désarçonné, j'ai ce manque désagréable qui prend possession de moi, la frustration arrivant elle aussi avec ferveur. Quand cela est ainsi, je me contente alors de ne parler qu'à l'image que je me suis faite de lui et que j'imagine constamment avec moi. Parce que oui, il est là, et ce, en permanence. Je ressens sa présence partout où je suis. Il y a des signes. Peu y croient, mais je peux assurer avec certitude que tout cela est bien réel et rien n'est coïncidence. Son prénom que j'entends et vois de partout. Les chiffres 74, 21 et 22. Ses odeurs bien caractéristiques et distinctes. Les rêves où il s'est exprimé avec justesse chaque émotion, chaque message à me faire passer. Les hommes que je croise dans la vie de tous les jours qui lui ressemblent grandement et me perturbent au plus haut point. Tout cela est lié et rien n'est hasard. Et putain, ce que j'aime le savoir partout. Je me sens continuellement en sécurité, protégé, aimé. Et c'est si doux.
Tout ça ne me fait que tomber et retomber encore et encore amoureux de lui alors même que la mort nous sépare. C'est complètement absurde, je le sais bien, mais je pense que, quand une personne décède, on va avoir d'autant plus tendance à l'idéaliser et à oublier tous les maux qu'elle a pu nous faire. Mais si j'ai bien une chose à dire là-dessus le concernant, c'est qu'il était tout simplement parfait. Doté d'un humour pourri extraordinaire, il était aussi pourvu d'une immense gentillesse. Il était connu pour sa grande générosité, toujours prêt à aider son prochain. Son amour pour ses proches était sans pareil malgré sa tendance à vouloir leur cacher, leur montrant que très peu ce qu'il ressentait vraiment. Il le faisait pourtant en étant là, peu importe les situations qu'ils traversaient, il pouvait se montrer très bon conseiller et très à l'écoute.
Il était ce que j'avais de plus cher au monde. Il a été le premier à me faire connaitre le vrai bonheur. Il est mon premier véritable amour, l'amour de ma vie, celui pour qui j'aurais donné ma vie sans hésiter. Il a fait de moi une personne que je n'aurais jamais pensée devenir. Je ne sais pas s'il n'a pas jamais été conscient de tout ce qu'il représentait pour moi, une part de moi me dit que si, et je pense qu'au fond ça lui faisait peur. Apprendre à vivre sans lui chaque jour est assurément la pire des tortures, l'envie de tout arrêter me guette constamment, alors je vais faire ce que je peux pour le moment. Je ne promets rien, mais je vais m'évertuer à survivre. Je lui dois bien ça, surtout après tout ce qu'il a fait pour moi. Je me dois de lui faire honneur et surtout d'essayer de vivre pour lui.
Alors,
À toi mon amour,
Ton cher et tendre,
Thomas.
Cette phrase bientôt à jamais gravée sur ma peau : "plus que ma propre vie".
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OS de Newtmas
Short StoryDes petites histoires sur le couple Newtmas, des moments plus ou moins long de leur vie vous seront partagés ici ! Des lemons seront surement au rendez-vous, je vous préviendrai en début de chapitre quand se sera le cas ! En espérant que cela vous p...
