Hello Scott /Histoire terminée ~♥/

4 || Lucas

J'ai un frère.

Je n'ai pas encore parlé de lui parce qu'il s'est barré de la maison il y a 2 ans. C'était pas la joie entre lui et les parents. Ils n'arrêtaient pas de se prendre la tête. Parfois pour des sujets graves, parfois pour rien.

Il a fini par en avoir marre et il s'est tiré.

Je me suis réveillée un matin, il était déjà à table entrain de prendre son petit-déjeuner. On s'est salué, brièvement, pendant que je préparais mon bol de corn flakes à côté de lui. Il mangeait bruyamment, du moins, c'est ce que j'ai d'abord cru

- Papa t'a dit ?

Qu'il a soufflé d'une faible voix.

- Que tu avais raté tes examens ? Oui.

- Non, que je partais.

J'ai redressé la bouteille de lait et je l'ai regardé. C'est là que j'ai remarqué qu'il n'avait pas croqué un seul bout de sa tartine. Il ne mâchait pas, il grinçait des dents.

- Tu reviens quand ?

- C'est ça le truc... Il a plongé des yeux tristes dans les miens.

- Je ne reviens pas.

****

Ce week-end j'ai été rendre visite à mon frère. Il avait l'air fatigué, mais je crois qu'il était content de me revoir. Moi aussi.

Il a acheté des hamburgers pour manger en jouant à Battlefield. Son appartement n'est pas encore entièrement meublé, alors on était assis en tailleur sur la moquette et j'ai dormi sur son canapé.

Ça peut paraître ringard comme week-end, mais c'étaient les jours les plus beaux de ma vie.

****

Je dors mal ces temps-ci, je pense trop, alors pour m'endormir, j'ai écrit une lettre :

« Frère,

Cette lettre va peut-être te déprimer, peut-être pas. J'espère pas.

Mais je voulais te parler de choses qui me pèsent sur le cœur depuis longtemps et dont je n'ai jamais eu le courage de t'avouer.

Ça n'a pas toujours été rose à la maison. J'ai souvent eu des idées sombres, des pensées négatives et des envies noires, beaucoup trop même, mais si j'ai tenu le coup, c'est parce que j'imaginais les parents monter dans ta chambre et te dire « Lucas, ta sœur s'est suicidée ». Penser un truc pareil me rendait malade, alors j'ai tenu bon.

Je me souviens qu'un jour, alors que les parents se disputaient, je suis venue pleurer dans ta chambre et tu m'as prise dans tes bras.

Je me souviens aussi qu'un soir, alors que maman t'avais fait un peu trop de reproche, tu as fondu en larmes et je n'ai pas su quoi dire, ni quoi faire pour te consoler.

Quand tu es parti, j'ai beaucoup pleuré, parce que tu allais me manquer, mais surtout parce que je me suis rendue compte que de nous quatre, tu étais celui qui souffrait le plus, et je n'ai rien vu. J'aurais aimé retourner dans le passé et parler un peu plus avec toi, te prêter mon épaule, mais j'ai été bête, je regrette.

Tu es ce qui est du plus beau dans ma vie, l'être vivant le plus formidable de l'univers, et je t'aime plus que tout au monde.

Frère, je n'ai pas encore eu l'occasion de t'en parler, mais quelque chose de grave est arrivé pendant l'été.

Ma santé n'est plus ce qu'elle était.

Sully. »

J'ai relu ma dernière phrase, le cœur lourd et les larmes aux yeux, puis j'ai plié la lettre en quatre avant de la glisser dans ma boîte à vernis. C'est un peu naze comme endroit, mais je voulais être sûre que personne ne puisse tomber dessus, et surtout pas mes parents. Peut-être que je la lui enverrais.

Peut-être pas.

J'espère pas.