Je ne savais pas pourquoi je tenais absolument à le retrouver, à le prendre en main, relire le résumé et laisser les souvenirs remonter. Encore et encore.
Après l'avoir longuement et douloureusement dévoré du regard, j'ai déposé Pretty Woman au fond de la caisse et j'ai refermé la porte du grenier à clef.
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J'ai toujours rejeté la faute de mon mal-être sur ma mère, elle qui buvait tous les soirs, me disait qu'elle voulait se suicider et puis qui s'en allait s'enfermer dans sa chambre en claquant la porte.
Je l'ai toujours accusée de tous les maux, toujours haïe, et je pensais qu'en étant amnésique, les choses iraient mieux.
Mais ça a recommencé.
A table, lorsque le voisin est venu, qu'il a pris une bière avec mon père et qu'ils sont restés sur le canapé à regarder le foot.
Et le jour suivant, lorsqu'il a critiqué ma mère, qu'il lui a rappelé beaucoup de moments horribles, horribles pour nous, exquis pour lui.
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- Plus que dix minutes...
Scott avait les nerfs à deux doigts de se déchirer tant il paniquait. Ses genoux sautaient à du 25 000Hz et il ne cessait de regarder sa montre analogique. Il était si tendu qu'il n'avait pas touché à une seule bouchée de son sandwich. Par la fenêtre, il lorgnait les portes vitrées de l'hôpital de l'autre côté de la route. J'ai achevé mon croissant, mon thé, j'en ai commandé un deuxième, mais rien à faire, ces dix minutes étaient interminables.
- Il faut que j'aille pisser.
Je me suis cachée derrière ma tasse pour sourire. Ça le déstabilisait que je trouve la situation comique, alors je feignais de paniquer avec lui.
- Je crois que je dois plutôt aller chier !
- Charmant.
- Désolé.
J'ai pouffé.
Des infirmiers ont commencé à sortir de l'hôpital pour s'allumer une clope. Quelques minutes plus tard, la mère biologique de Scott apparut, ses cheveux blonds attachés sous sa nuque. Elle ne portait pas ses crocs d'infirmière mais ses talons épais noirs qui allongeaient ses fines jambes nues sous sa robe pastel. Sa blouse de médecin prenait le vent dans son dos et lorsqu'elle releva la tête après avoir allumé sa cigarette, Scott prit la courageuse décision de se lever.
- J'y vais. Dit-il, le visage pâle et la voix frêle. Il tremblait si fort qu'il semblait à deux doigts se désarticuler sous mes yeux.
Il m'a fait une bise timide, a enfilé la bretelle de son sac à dos punk et est sorti du bar avant de traverser la route. Je l'ai observé jusqu'à ce qu'il s'approche doucement de sa mère. Il a un peu rôdé autour d'elle, a fait semblant de regarder son téléphone, a regardé vers moi, et enfin, il s'est lancé. Sa mère a ôté la cigarette de ses lèvres et s'est rapprochée de lui poliment. Je n'ai pas pu voir leurs expressions, mais après quelques mots échangés, elle a mis une main devant ses lèvres, l'autre sur la joue de Scott. Ils ne se sont pas embrassés, ni enlacés, elle n'a pas sauté au plafond, mais le silence qu'ils ont partagé me troubla à tel point que j'en eu des frissons. Ils ont franchi la pelouse pour rejoindre un banc plus au calme, et une fois qu'ils eurent disparu derrière la végétation, j'ai payé l'addition et je suis rentrée chez moi.
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Hello Scott /Histoire terminée ~♥/
RomanceIl n'y a pas de populaire. Ni populaire, ni intello. Pas de capitaine de football non plus. Pas de racaille, de pouf, de paumé. Rien Il y a seulement Scott Walker, Et lui, il est spécial.