9 || Cinquième étage.

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Je déteste la pluie. Ça me rappelle tous ces après-midi d'automne où la migraine me frappait dès le réveil et où mes parents m'autorisaient à rester à la maison. Je m'ennuyais, je n'avais rien à faire, j'avais mal à en crever et je dormais la tête dans la cuvette de peur de vomir dans mon lit. Je prenais mon mal en patience jusqu'à ce qu'il soit 19h, et à 19h pile, j'attendais dans le salon, à genoux sur le canapé et mon nez écrasé contre la vitre. Je guettais toutes les voitures rouges, espérant voir celle de mes parents revenant du boulot.

Il n'y avait que deux moyens pour me guérir, deux, seulement deux. Soit je me gavais de médicament et j'essayais de faire une sieste,

soit il suffisait que ma mère s'asseye à côté de moi, une main sur mon dos, l'autre tenant un livre pour enfant. Sa voix me suffisait, sa présence me suffisait, son contact me suffisait.

Je fermais les yeux, et sans m'en rendre compte, je n'avais déjà plus mal nul part.



Aujourd'hui, je me suis réveillée avec la migraine, dehors, le temps est gris, il pleuvine, il est déjà 19h, j'ai toujours mal à la tête et je suis là, assise dans mon lit à raconter ma vie minable sur un ordi. Mes parents d'accueil m'ont appelée pour manger, mais je ne pouvais rien avaler, à part des médicaments. Ça aurait dû marcher, les médicaments fonctionnent toujours sur moi, mais pourquoi aujourd'hui, ça ne suffit pas ?



******


- Pourquoi t'es là en fait ?


M'a subitement lancé Mike, allongé dans mon lit et occupé à faire rebondir une balle de tennis contre le mur d'en face. J'ai pris le temps d'interrompre mes maths pour le regarder, incompréhensive.

- "Pourquoi je suis là ?"

- Ouais. Il a arrêté de jouer avec sa balle pour s'allonger sur le côté et me regarder droit dans les yeux. Chez nous quoi.

A-t-il ajouté en haussant les épaules et sur le ton le plus naturel au monde.

- J'te fais tant chier que ça Mike ?

- Non, j'suis juste curieux.

- Eh bien dis à ta curiosité d'aller se faire voir.


J'ai replongé le nez dans mon manuel, et j'ai senti du coin de l'œil que Mike me regardait toujours. Je ne m'étais jamais énervée sur quelqu'un auparavant, peut-être sur Ed, de temps en temps, mais je n'ai jamais hurlé, jamais. Hors, depuis que je vis avec Mike comme frère d'accueil, je ne sais pas si c'est lui ou l'environnement, mais j'ai de plus en plus de mal à prendre sur moi, à rester calme, patiente, et surtout, je suis devenue de plus en plus vulgaire. La vie me fait chier, Mike aussi, alors voilà. Parfois, je ferme les yeux, et je me vois entrain d'étriper ce petit con, ses entrailles se répandent sur mes genoux, et je me réchauffe avec la chaleur de son sang velouté, comme une soupe, velouté comme une soupe.

J'aime bien penser à ça, et récemment encore, j'ai commencé à regarder des films gores alors que je détestais ça. A chaque fois j'imagine Mike à la place de toutes ces personnes qui se font torturer. J'aime ça.

J'aime m'imaginer Mike souffrir. Parce que c'est vraiment qu'un petit con.


- Sully.

Hello Scott   /Histoire terminée ~♥/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant