Hello Scott /Histoire terminée ~♥/

11 || Monstre

- Tiens sœurette.

A lâché Mike en jetant un petit sachet à la con sur mon bureau après avoir déboulé dans ma chambre sans prévenir. Je me suis empressée de fermer la page internet sur laquelle j'étais, un bête article sur "Apprendre à surmonter sa vie de merde " très joliment écrit.

- Dégage Mike. J'ai soufflé en me massant les tempes.

- Tu n'aimes pas le joli cadeau que je t'ai fait ?

- Qu'est-ce que c'est ?

Il m'a considérée un long moment, la bouche ouverte, et j'ai cru en l'espace d'une seconde, que je venais d'insulter ses ancêtres.

- Comment ça qu'est-ce que c'est ?

Il a reprit, d'une pâle imitation de ma voix, et agitant le sachet sous mon nez.

Je savais bien ce que c'était. De la beuh, de la weed, du hachich, qu'importe. Une connerie comme une autre pour te donner l'impression d'être heureux pour toute la soirée, et le lendemain, quoi ? Plus rien. Le lendemain, tu ouvres les yeux et tu te rends compte, mieux que n'importe quel jour, à quel point ta vie est un déchet.

Alors tu fais quoi ?

Tu en reprends.

D'une claque de la main, j'ai envoyé paître sa weed à l'autre bout de ma chambre et je suis sortie, bousculant Mike au passage. Je l'ai entendu m'insulter dans mon dos, mais j'en avais rien à foutre, ce mec était tout aussi pourri que moi, à la seule différence que, lui, il ne s'en rendait pas compte.

Un claquement de porte et les rugissements de Mike ont cessé.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé Sully ? Mike t'as encore embêté ?

Embêté ? Rien que ça. J'ai sévèrement regardé Maman Horrine droit dans les yeux et j'ai filé sous son nez sans rien ajouter. Elle, elle le sait que son fils est un déchet, elle le sait que sa présence m'étouffe, elle le sait, mais c'est son fils unique, et il a à peine 16 ans, alors lui, on ne va pas l'embêter hein ? C'est pas grave s'il empoisonne la vie de tous ceux qui l'entourent.

Famille de dégénérés.

******

J'ai parlé à Scott.

******

Hier, j'étais tellement chamboulée que je n'arrivais pas à aligner trois mots correctement sur mon ordi, mais aujourd'hui je me suis calmée alors je peux raconter notre petit entretien. Comme promis, Scott m'avait attendue à midi devant l'école. On a marché le long du fleuve sans rien se dire, on s'est assis sur un banc, et on a regardé les cygnes et les canards passer.

Il faisait froid, extrêmement froid, et je voyais bien que Scott s'efforçait de ne pas se plaindre pour me laisser le temps de me préparer. Et puis enfin, c'est sorti.

- Il faut que je te parle d'un truc.

Il m'a regardé sans rien dire.

- Il y a quatre ans...

Mon cœur battait à une vitesse folle, mes mains tremblaient, mon estomac était noué, j'en pouvais déjà plus.

- Il y a quatre ans on m'a diagnostiquée d'une maladie orpheline... Mais personne ne sait me dire combien de temps il me reste. Un an, deux ans, peut-être quarante.

J'ai relevé mes yeux pour les planter dans ceux de Scott.

- Peut-être demain.

Les larmes ont commencé à monter, mes joues à chauffer et ma gorge à gonfler. Scott a tourné la tête de l'autre côté, je l'ai entendu renifler, il a passé son avant-bras sur son visage puis il s'est à nouveau tourné vers moi, les yeux rouges.