Notre Secret

Chapitre 18.

À lire avec "The Heart Wants What It Wants" de Selena Gomez le titre met quelques secondes à démarrer.

Emma:

Il se décale un peu pour me permettre de voir la casserole bouillir sur le feu.

Je me lève et cours vers le salon, espérant lui échapper, mais il est plus rapide. Il m'attrape le bras et me fais tomber au sol, puis me traine jusqu'à la cuisine. Je hurle, priant pour que quelqu'un m'entende.

-Ta gueule!

Il me lâche pour attraper une chaise et me la jette dessus. Je continue de hurler, alors il me soulève de ses bras puissants, arrache mon pull et enlève ensuite mon t-shirt. Il l'enfonce dans ma bouche, m'empêchant de crier.

Il me repose au sol et m'envoie quelques coups de pied bien placés. Puis il récupère sa casserole sur le feu. J'essaie d'hurler, encore et encore, mais je m'étouffe avec mon t-shirt, alors j'abandonne. Il me tourne autour, tel un oiseau ayant repéré sa proie et s'apprêtant à frapper. Puis, lentement, il vide le contenu de sa casserole, commençant par mon bas ventre et remontant vers ma clavicule. Je me tortille de douleur, incapable de m'en aller, sonnée par la douleur qui me submerge. Je me recroqueville en position fœtale, limitant ainsi les zones à brûler. Il continue de verser, sur mes bras, dans mon dos, sur mon ventre. De temps en temps, il me met quelques coups de pieds, s'assurant ainsi que je ne bouge pas trop. Je ne peux plus bouger de toute façon. Je suis pétrifiée par la peur et la douleur, dans une sorte d'état second. Aucun son ne sort de ma bouche, aucune minuscule parcelle de mon corps ne bouge.

Quand il estime avoir terminé, il se sert un verre de Scotch et quitte la pièce, satisfait. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, faisant l'analyse de mes blessures, de mon état et de ma minable existence.

Je rampe jusqu'aux escaliers, me hisse sur mes jambes et entreprends de monter les marches. J'arrive, allez savoir comment, jusqu'à la salle de bain, où j'allume l'eau froide. Je me débarrasse de mon pantalon et plonge dans l'eau glacée, qui apaise instantanément mes brûlures, dont la douleur était devenue insupportable.

Je me sèche tant bien que mal et enfile un leggings et un soutien-gorge, évitant ainsi le frottement avec mes brûlures. Tout le haut de mon corps est parsemé de taches rouges, parfois un peu boursoufflées. J'attrape également la crème hydratante et m'enferme dans ma chambre. J'en étale une grosse quantité sur mon corps, ne sentant pas pour autant la différence. La douleur me donne envie d'hurler, de frapper, de m'évanouir, n'importe quoi me permettant de l'oublier. J'ai tellement envie d'appeler Matt.

Je sais que c'est moi qui ai voulu cette situation, mais c'est le seul qui saurait quoi me dire, qui saurait m'aider à sortir de cette terreur qui m'assaille. Je regrette tellement de lui avoir dit tout ça, de lui avoir demandé de partir. J'ai besoin de lui, bien plus que je ne le pensais, surtout maintenant que Théo n'est plus là. Je me sens tellement perdue en ce moment, que je crois que l'appeler et la dernière chose que je puisse faire avant de sombrer, avant que je ne panique vraiment. Il est 23h, il ne doit pas dormir. Je sais que malgré ce qu'il a dit, il répondra, il sera là. Enfin, je l'espère. Je prends mon courage à deux mains et compose son numéro. Ça sonne, mais il ne répond pas. Ce n'est pas possible, il répond toujours, il m'a toujours répondue, il ne peut pas, pas ce soir... Je fonds en larmes, enfonçant ma tête dans mon oreiller. Je craque, je crois que je craque pour de bon. J'ai besoin de... Je cours aux toilettes et vomi toutes mes tripes, encore et encore. Et je pleure aussi, je pleure sans m'arrêter, et je fais trop de bruit, beaucoup trop de bruit. J'entends ses pas monter les marches, je le sens bouillonner de rage. Il entre en furie dans la salle de bain, m'attrape par les cheveux et me balance dans la baignoire. Il allume l'eau froide et me frappe avec le pommeau de douche, deux fois, au visage. Il hurle: