Chapitre 26

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3 semaines se sont écoulées depuis que nous avons quittés Paris. La vie est tellement différente ici. Je me rend compte que je n'ai jamais réellement vécu sans les coups de mon père, et j'ai du mal à réaliser que c'est vraiment fini. Qu'il ne deviendra pas fou si je fais tomber un verre par terre, qu'il ne me battra pas pour être rentrée en retard, qu'il ne dira plus rien de blessant à mon sujet. Théo reste très prudent, il m'a interdit de sortir seule dans la ville et de parler aux inconnus, et il nous a débarrassés de nos portables, nous coupons donc totalement du reste du monde. Nous devons être introuvables.

**

Emma:

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Encore un cauchemar horrible, dont je n'arrive jamais à me souvenir. J'en faisais déjà avant, mais depuis que nous sommes partis, cela m'arrive quasiment toutes les nuits. Sachant pertinemment que je ne vais pas me rendormir, je me lève et quitte la chambre le plus discrètement possible pour éviter de réveiller Théo. Lui aussi dort mal, il a besoin de repos. Sofian ronfle sur le canapé, j'enfile vite un jean et mon manteau et quitte l'appartement. Je n'ai absolument pas le droit de faire ça, mais il n'est que 6h du matin, et j'ai besoin de parler, de lui parler.

**

Matt:

3 semaines. Cela fait 3 semaines que je n'ai plus aucunes nouvelles. Au début, je pensais qu'il lui était encore arrivé quelque chose, alors après toute une nuit à me poser des questions et imaginer des scènes horribles, je suis allé frapper chez elle. C'est sa mère qui m'a ouvert, totalement défigurée, me disant simplement qu'Emma et Théo étudiaient tous les deux en Suisse maintenant. J'ai alors compris que ça avait marché, qu'ils avaient enfin réussis à partir. Mais bordel qu'est-ce-qu'elle me manque. Je l'ai totalement dans la peau, alors que ça fait à peine quelques semaines que je la connais. Je n'en dors plus, toutes mes pensées lui sont consacrées, j'ai l'impression que je pourrais en creuver. J'espère qu'elle ne m'oublie pas, qu'elle va bien. J'ai raconté aux autres qu'ils étaient tous les deux dans un nouveau lycée, en Suisse. Ils n'ont pas cherché plus loin, Dieu merci.

Il est plus de 6h, je ne dors pas, évidemment. Je me repasse en boucle tous nos moments, nos fous-rires, nos échanges passionnés. Son rire, son odeur, sa voix, ses mimiques, tout est encore gravé dans mon esprit. Quand mon portable vibre, un infime espoir que ce soit elle naît en moi, et quand je vois le numéro inconnu affiché sur mon écran, mon cœur s'accélère.

-Allô?

-Hey.

Je pousse un soupire de soulagement. Cela fait 3 semaines que je rêve d'entendre cette voix.

-Oh Emma. C'est toi.

-Oui.

-Tu vas bien? Tu m'appelle d'où?

-ça va. Je suis dans une cabine. Théo ne veut pas que nous sortions seuls et que nous passions des appels, mais j'avais trop besoin de t'entendre.

-Je suis heureux que tu l'ai fait. Tu me manque tellement bébé.

Je l'entend étouffer un sanglot à l'autre bout du fil.

-Emma...

-Je pensais que je serais heureuse ici, loin de lui et de toute cette histoire. Matt tu me manque tellement, je n'arrive à rien. On vit cachés, comme des clandestins, et c'est trop dur.

-Ne dit pas ça. C'est temporaire, le temps que toute cette histoire s'efface. Sois patiente Em'.

-ça va couper Matt.

-Tu me rappellera?

-Dès que j'en ai l'occasion.

-D'accord. Je... Je t'aime Emma.

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