13- Surprise

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                    Je repensais aux réflexions que je m'étais faite concernant l'inexistence de la vision révélatrice des mystères de l'île de la Sophia. Couchée sur le dos, je prenais mon mal en patience attendant le réveil de mes deux compères.

Je constatai mollement que mes deux visions nocturnes s'étaient succédées à un intervalle de temps très court. Cela était anormal... je respirai bruyamment pour écarter la vague de stress qui commençait à m'engloutir. Tout était anormal chez moi !!
Je vis remuer les balbutiements d'un éventuel remoue du visage de Pierre. Un réveil ?
Au pire, je pourrais très bien le réveiller moi-même à ma façon...
Ouais non, ce n'était pas une brillante idée surtout qu'il s'était couché tard pour suivre un interrogatoire détaillé me présentant en détail. Le Chef de Conseil était méfiant, ma parole !

Les minutes duraient, lentes et traînaient sur ma montre comme pour avancer encore moins vite parce que je me préoccupais exceptionnellement d'elles.
Finalement, je fermai les yeux la troisième fois de la nuit. Décidément fatiguée, je m'endormis paisiblement.

Lorsque je me réveillai, les lits de Lawrence et Pierre étaient défaits et vides. J'arquai un sourcil en me rappelant la vision de cette nuit là. Sauf qu'à ce moment précis, ce n'était pas un instant de Clairvoyance mais la pure et dure réalité. Je m'habillai d'un pantalon gris et d'un haut bleu ciel et m'attachais les cheveux en tresse placée sur le côté gauche de ma nuque. J'espérais changer le cours du destin en m'habillant simplement différemment...
Je sortis de la chambre et entrepris de visiter moi-même l'île dans toute sa grandeur afin de ne pas commettre la même bêtise que lors de ma vision.
Je songeais à ma mort prochaine et à la douloureuse sensation qu'elle avait causé aux tréfonds de mon âme. Je m'étais sentie aspirée par les ténèbres comme si je tombais au fond d'un puits aux parois humides... Comment interpréter cela avant que cet événement tragique m'attaque de plein fouet ?

Pendant ce temps, je montais en haut de l'immeuble de verdure pour admirer d'un autre point de vue le paysage de civilisation perdue au milieu de l'eau comme une goutte d'un liquide hétérogène dans l'H2O. Les yeux au ciel, je ne vis pas la paire de lunette de soleil qui me devisageait étonnée.

_ Que fais-tu ici gente demoiselle ? entendis-je pouffer.

_ Oh !? Philippe ? Je ne t'avais pas vu ... répondis-je sentant mes joues s'empourprer.

_ Tu fais quoi de beau ?

_ Je visite l'île comme je peux, pour éviter de me perdre ...

Il se leva galamment et proposa de m'aider. Il fallait bien que quelqu'un m'accompagne dans ce labyrinthe de bureaux. J'acceptais et on partit ensemble. Nous passâmes par un joli escalier de marbre blanc qui descendait vers le rez-de-chaussé. Philippe me dit qu'il aimait lire les heures de sieste sur les toits. Cela donnait parfois des images vertigineuses presque... on en sortait ivre de joie.

L'après-midi passa à une vitesse effrénée. À la fin, Philippe me tenait la main et juste avant que l'on se quitte à regret, il se pencha dans mon cou et son souffle se répercuta sur ma peau pleines de vibrations excitées.

_ Viens me retrouver à minuit ici-même, je veux te faire découvrir un lieu magique, chuchota t'il. Prends ton maillot avec toi...

Je rosis de plaisir et aquisçai sa demande.

_ Je viendrai, soufflai-je avec un sourire qui ne pouvait cacher mon exaltation.

**********

Le reste de la soirée fut paisible. Ma demi-soeur ne m'avait pas adressé la parole depuis deux jours et par conséquent, je me trouvais extraordinairement bien. Philippe me faisait changer d'air et en sa présence, le monde n'existait plus.

Marianne, ClairvoyanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant