Chapitre 18

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Elle tira. Le coup de feu partit, fusant écrasant les bruissements de la nuit. L'orage grondait tonitruant.

J'attendis la douleur, les yeux fermés, le corps crispé, muscles raides et droits, que la balle me transperce le coeur.Cependant, elle n'arriva jamais.
Je relevai la tête n'osant regarder face à face celle qui avait renoncé à son but. Elle était réduite à une faible fille recroquevillée sur elle-même. Nous étions égales à ce moment là, la même position chétive et perdue.
Le grincement d'une porte qu'on ouvre brutalement retentit. Mon père sortit en trombe de la maison et vint m'entourer de ses longs bras musclés, le visage observant minutieusement chaque parcelle de mon corps.

_ Tu n'es pas blessée, mon coeur ? demanda t'il dans un souffle irrégulier.

_ Non papa. Elle n'a pas tiré sur moi.

Mon frère et ma mère sortirent à sa suite tout aussi inquiets. Lawrence se leva voyant qu'on ne faisait pas attention à elle mais ma mère heurta sa conscience embrumée de peur.

_ Lawrence ! cria ma mère, ne pars pas, reste avec nous. Tu as renoncé à l'abattre parce que tu l'aimes. Reste ici s'il te plaît...

_ Jamais ! À cause d'elle, je vais montrer à mon père que je ne suis pas à la hauteur de sa grandeur. De toute façon, si ce n'est pas moi qui l'abat, ce sera lui, dit-elle en reniflant de son échec.

Mon père me couvrait toujours de ses bras et moi, je me cachais contre son torse protecteur comme une petite fille apeurée mais curieuse. Lawrence m'aimait peut-être au point de refuser de me tuer ! J'étais contente de cette nouvelle même si je risquais toujours la mort par une autre main. Cette dernière partit précipitamment sans un regard en arrière. Elle attrapa une voiture grise qui devait être la sienne et démarra dans un grondement sonore de pot d'échappement. Mon père m'aida à me relever en conservant un bras autour de mes épaules et nous partîmes en direction de la maison. Pas un mot ne fut échangé. Je rompai le silence en me plaignant d'un sacré mal de tête. Mon père me fit la bise ainsi que ma mère et mon frère et je partis sans attendre m'écrouler sur mon lit.

Heureusement que les bras de Morphée sont acceuillants...

*********

Au point du jour, je me réveillai en sursaut. Avais-je rêvé de cette histoire ? Ma soeur était-elle réellement venue me chercher ?

Je passai un coup d'eau sur mon visage et le scruta attentivement. Des traces de maquillage était encore présentes. La fête avait bien eu lieu ... mais le reste ? Après un brin de toilette revigorant, je décidai de mettre un haut ample à manches courtes bleu et un panta-court blanc en soie. J'attachai mes longs cheveux bruns avec un éd ben, et descendai les marches de l'escalier. Vu les expressions de ma famille, j'en conclus immédiatement que ce qui s'était passé hier s'était bien produit.
Mes parents avait de larges cernes bleutées et les yeux rougis de fatigue. Mon frère me regarda en me lançant un sourire amer. Mon coeur lâchait prise petit à petit. Voir tout le temps ma famille éclatée et anxieuse pour ma vie et ma soeur était de plus en plus insupportable. Il y a un moment où je savais que je craquerai.
À mon avantage, les cours étaient un train de vie qui me faisait oublier que j'étais impliquée dans des affaires beaucoup plus graves. Merci l'école !
Deux semaines avant l'oral.

*********

Je mis en place un planning de révision. Assise à mon bureau je travaillais dur. Les heures passaient, le sablier s'écoulait et se vida entièrement un soir. Les deux semaines qui restaient se terminèrent enfin. Mes amis et moi s'embrassèrent tendrement se souhaitant "Bonne chance pour l'oral". Le jour de mon oral, j'étais complètement gonflée à bloc, totalement zen. Pas de stress à l'horizon car le français avait toujours été une matière rassurante et facile à mon avis. En entrant dans ma salle d'examen, l'examinateur m'observa de derrières ses lunettes et me proposa le texte que j'aimais le moins mais cela n'avait pas d'importance puisque je les connaissais tous sans exception.
L'extrait de la "Princesse de Clèves" de Madame de la Fayette m'apporta le soutien du professeur qui avait eu l'air d'aimer ma réflexion. Je sortis de la pièce soulagée que cela soit enfin fini pour moi. L'écrit se passa une semaine jour pour jour après l'oral. Je survolais le sujet de dissertation avec passion. Le thème m'avait beaucoup plu.
Après ces deux semaines de révisions intenses, les vacances d'été débutèrent méritées. Lawrence devait avoir passé son bac en candidat libre ou bien avait préféré poser des bombes au coin d'une rue condamnée par son père.
Le premier jour de repos, je pris l'initiative de placer les dernières visions non élucidées que j'avais eu. Je me plaçai dans le jardin à la table où mon frère lisait déjà.

Voici mes notes:

1) la vision du passé sur l'île de la Sophia avec Monsieur Mondonnelli et une femme qui m'avait l'air d'avoir un visage familier.

2) celle de Philippe qui au final avait éludé la question sur celle-ci avant mon départ mouvementé de l'île.

3) ...

Je n'avais pas de troisième vision non élucidée mais le picotement précédent une vision s'intensifia sur tout mon corps. Comme si c'était prévu que j'ai une vision à ce moment là. Je cherche une vision ==> vision me voilà !
Je m'endormis simplement sous le regard couvant de mon frère qui savait ce qui se passait en moi.

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Coucou chers lecteurs ! ;)
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Imaginez vous ce que va voir Marianne ?

Bisooooous :-****

Marianne, ClairvoyanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant