20- Attaque

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Je me dirigeai vers le salon, déterminée à mettre la main sur ma mère et appuyer là où l'on avait jamais osé parler. Cette conversation ferait mal certainement. Mon frère me suivait derrière moi impatient de connaître la raison de ma chasse à travers les pièces de la maisonnée. Je retrouvais ma mère dans le bureau avec mon père en train de travailler en commun sur des factures devant l'ordinateur. Ils avaient l'air concentré mais leur labeur ne me fit ni chaud ni froid.
Je devais savoir maintenant. C'était urgent.

Je me raclai la gorge afin de signaler ma présence, mon frère sur les talons. Ce dernier me souffla que je ne devais pas faire trop de bêtise en envoyant une information en l'air. Naturellement, je ne l'écoutai pas une seconde et continuai mon entrée avec une expression faciale des plus sages. Je pris une voix enfantine pour mimer la petite fille curieuse sachant que je bouillai à l'intérieur.

_ Mamaaaan ?

_ Oui ma chérie ?

_ Tu peux me parler de tata ?

Le visage de ma mère passa soudainement à un visage aux sourcils froncés, colérique. Je n'avais jamais vu ma génetrice comme cela. Mon père la regarda puis voyant que ma mère ne se décidait pas un instant à ouvrir la bouche pour d'éventuelles explications, prit la parole:

_ Marianne, c'est un sujet délicat, vois-tu. Pourquoi cette question si... prompte à mon goût ?

_ Les visions ... J'ai vu maman avec Tata le jour de sa mort..., dis-je ne cachant pas ma gêne. Enfin je crois que c'était maman, enceinte de moi ...

Ma mère gronda et jura dans sa barbe. Je pense qu'à ce moment là, elle n'était pas contente de ma remarque. Son agitation grandit, mon père posa une main tranquillisante sur son bras mais en vain. Elle se leva et après m'avoir lançé un regard assassin, elle quitta le bureau. Mon père soupira et partit la rejoindre sans plus d'explication. La voix glaciale de mon frangin susurra dans mon cou:

_ Bravo petite soeur, tu as encore réussi à plomber l'ambiance.

Je me retournai l'exaspération me gagnant au corps. Avec violence, je lui attrapai le col de sa chemise blanche flambant neuve.

_ Je sais, mais je fais pas exprès si ils ont que des secrets que je découvre le mauvais jour et que ma mère est aussi faible lorsque je lui parle de sujets évités depuis notre douce enfance. La vérité éclaté toujours au mauvais moment, crachai-je à sa figure.

De sa poigne de fer, il m'arracha la main qui encerclait son cou et partit non sans un regard froid. Je m'habillai d'un débardeur kaki foncé et d'un jean foncé aussi. Je dévalai les marches à vive allure et enfila un manteau et des sandales marrons. J'allai ouvrir la porte d'entrée quand mon père dit brusquement :

_ Si tu veux sortir Marianne, ce n'est pas sans ton frère. Des attentats ont lieu chaque jour. On ne sort pas sans protection.

_ Mon frère ? Une protection ?

_ Oui.

_ Alors d'accord.

Mon frère alors en train de siroter un jus de fruit, me jeta un regard incendiaire. Décidément ce n'est pas journée bisounourse ! Il prit son manteau et les mains dans les poches, le visage renfrogné, sortit sur mes pas. Le soleil aveuglant nous accueillit même si nous étions sortit cet après-midi. Je marchais devant ne laissant pas le loisir à Pierre de se rapprocher à ma hauteur. Il ne devait pas chercher non plus à venir près de moi puisqu'il ne me rattrapait pas. On prit le bus puis le métro de manière à aller à Berlin. Il y a plus de choix pour s'habiller. Après une course à vitesse constante, nous sommes arrivés au centre ville. J'avais un peu peur d'un attentat. Les informations à la télé annonçaient tous les jours des dégâts considérables que je ne voyais pas en vision. De plus, avec les problèmes familiaux que j'avais, les visions clairvoyantes se faisaient plus rares ou alors je n'y prêtais plus vraiment attention à cause du chagrin qui m'assaillait. Je décidai de rentrer dans une boutique de boulangerie pour acheter du pain pour ce soir. Mon frère m'attendait dehors. En sortant, je ressentis des grelottement au niveau du dos. Les rayons chauds brûlaient pourtant la peau à qui la laisserait cramer. Sans un mot, je passais près de mon frère et repartis vers un autre coin de rue. Les pavés claquaient sous mes semelles et le bruit résonnait contre les parois des murs qui se faisaient face. J'entrai de nouveau dans une boutique mais cette fois, je préférais les vêtements féminins. J'avais fait exprès de façon à ce que Pierre reste en dehors. Un sourire mesquin aux lèvres, j'évoluai entre les rayons. Une demi heure passa et lorsque je sortis, mon frère n'était plus là.
Il a dû perdre patience, pensai-je. Faut le chercher maintenant...
Je parcourus les rues touristiques à la recherche de mon frangin. Dix minutes passèrent et pas une trace de lui, mais j'aperçus un magasin d'homme et y entrais. On ne sait jamais... Je le vis en train de discuter avec la vendeuse sur un tee-shirt qui ne devait être qu'une excuse pour se rincer l'œil. Je venais juste d'apercevoir son décolleté plongeant. Je m'avançais la mine vexée qu'il me prête si peu d'attention.

Marianne, ClairvoyanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant