Chapitre 69

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Pdv : Bill


Nous regardons tous Anna, pendus à ses lèvres. Luke s'est adossé contre un mur, visiblement agacé qu'Anna ne lui explique pas qui nous sommes. Mais elle, elle s'en fiche de lui, elle n'a d'yeux que pour nous, et surtout pour Tom. Elle s'assoie sur un pouffe devant nous. Tom pose les mains sur ses genoux. -Va y raconte nous ton histoire, que s'est-il passé depuis 2007 ? lui souffle t'il. Elle prend une profonde inspiration. -En 2007, j'étais une petite fille comblée, j'avais des parents qui m'aimaient, un tas d'amis et par-dessus tout j'avais sympathisé avec mes idoles, j'avais même fait un « voyage » avec eux. Mais début 2008, ma vie a basculé, ma mère est morte d'un cancer, elle l'avait depuis 3 ans mais personne n'a dénié m'en parler, je ne sais pas si j'aurais préféré le savoir à l'avance... J'ai beaucoup pleuré, je ne comprenais pas, c'était si injuste pour elle. Mais ce qui a achevé à tout jamais mon enfance, c'est le suicide de mon père. Il s'est pendu un mois plus tard. Il m'avait ainsi lâchement abandonné. Et plus les années passaient, plus je le détestais. J'ai beaucoup hésité à suivre sa voie et à faire comme lui. Mais heureusement vous avez tous été là pour me soutenir, vous m'avez sauvé. Et surtout toi Tom, nuit et jour, tu m'appelais pour prendre de mes nouvelles et on se parlait pendant des heures. Je t'ai souvent supplié de m'emmener faire un voyage pour qu'on sauve ma mère. Mais à chaque fois tu refusais disant que ça ne servait à rien, que nous ne pouvons rien faire pour lui enlever sa maladie. J'ai mis quelques années avant de comprendre que tu avais raison. J'ai été envoyée chez une de mes tantes qui habitait dans la campagne de Stuttgart, nous n'étions pas très riches mais elle était aimante et s'occupait de moi comme de sa propre fille, je ne sais pas ce que je serais devenue sans elle. Je ne dis pas que j'étais malheureuse chez elle, mais j'ai eu beaucoup de mal à m'intégrer et j'avais très peu d'amis. Mais à chaque fois que vous passiez dans le coin, vous ne manquiez pas de venir me voir. Et chacun de vos passages me réchauffaient le cœur. Je vivais ma petite vie plus où moins tranquillement et je commençais à renouer avec le bonheur. Mais un beau jour alors que j'avais 10 ans, tu m'annonças que vous alliez déménager à Los-Angeles toi et ton frère. Tu m'as promis que tu viendrais souvent me voir et que la distance ne changerait rien et pourtant j'avais le sentiment de vous avoir perdu, vous aussi. J'avais raison, on ne se téléphonait presque plus à cause du décalage horaire et vos venus en Allemagne étaient très rares. J'aurais tant aimé partir avec vous aux Etats-Unis... Pendant 4 ans, j'ai appris à vivre ainsi, sans vous. Tu m'envoyais quelques messages via Facebook de temps en temps, Tom mais ça ne remplaçait pas notre complicité passée. Je voyais beaucoup plus souvent Georg, Elodie, Gustav ou Amélie que toi ! Cela me faisait mal mais j'ai du m'adapter, encore une fois... Et en 2014, toute heureuse, j'apprends que vous alliez sortir un nouvel album. Qui dit album, dit tournée ! J'allai vous voir en concert, j'allai tous vous revoir. Rien n'aurait pu me rendre plus heureuse. Mais jamais vous n'aviez tenté de me joindre pour qu'on se fixe un rendez-vous, ça m'a brisé le cœur. J'en ai conclu que vous ne vouliez plus avoir à faire à moi. Et la place de concert était beaucoup trop chère pour a tante qui n'arrivait pas à joindre les deux bouts. Dès mes 16 ans, j'ai quitté sa maison, j'étais un poids pour elle, je le sentais bien. Je suis allée à Berlin, là-bas je me suis dis que je pourrais trouver du travail et un appart' pour pas trop cher. Ce n'était pas le cas, j'ai passé ma première semaine à la rue. Personne ne voulait engager une gamine sans expérience. J'ai hésité à revenir chez ma tante, mais je n'y tenais plus, je ne voulais pas avouer ma faiblesse. J'ai fini par me lier d'amitié avec quelques jeunes comme moi, abandonnés par la vie. Certains m'ont même proposé un logement, nous vivions tous entassés dans un tout petit appartement. On s'entraidait comme on pouvait. Je suis devenue femme de ménage et mon employeur me considérait comme une esclave, je travaillais nuit et jour et gagnait presque rien. Mais je m'en contentais, j'étais déjà très contente de trouver ce travaille. Pendant un moment, j'ai même hésité à me prostituer. En tout cas, j'ai assez vite plongé dans la drogue. Mes amis de misère m'en fournissaient gratuitement, cela me permettait d'oublier ma si triste existence. Parfois je rêvais de toi Tom, je rêvais que tu venais me sauver de cet enfer, ce jour n'est bien sur jamais venu. C'est un autre jeune homme, qui m'a aidé à remonter la pente, Luke. Il m'a trouvé alors que je nettoyais à bout de force le couloir de l'université dans laquelle il étudiait. Il m'a aidé à passer la serpillière et grâce a lui, j'ai fini en à rien de temps. Tout les jours nous discutions et nous rigolions, il me rendait si heureuse. Ses camarades d'étude ce moquait de lui, il traînait avec la femme de ménage, mais lui il s'en foutait. Un jour, je lui ai fait découvrir mon monde et nous nous nous sommes embrassés. Il a été profondément choqué par mes conditions de vie. Et pourtant, il ne m'a pas rejeté, il m'a même proposée de venir vivre avec lui. Il dormait dans une petite chambre de bonne, sous les toits. C'était certe étroit mais beaucoup mieux que ce que j'avais avant, je lui en serais éternellement reconnaissante. Il m'a aussi proposé un poste de serveuse dans le bar d'un de ses amis. J'étais folle amoureuse de lui et c'était réciproque, nous vivions sur un petit nuage. Mais un jour tu as quitté brusquement le groupe Tom, alors que vous étiez en pleine promotion de votre sixième album. Tu m'as cherché partout et pourquoi ? Pour me dire que tu étais pendant toutes ces années, éperdument amoureux de moi. Tokio Hotel n'existait plus, les autres sont retournés à Los-Angeles, sans toi. Gustav et Georg y ont déménagé en 2016. J'étais profondément choquée, on ne s'est pas adressé la parole pendant des années et toi tu arrives toi sourire pour me dire ça ! J'ai d'abords tenté de t'expliquer que mon cœur était déjà pris et que ta place n'était pas ici mais tu ne voulais rien entendre ! Tu as commencé à boire de plus en plus régulièrement jusqu'à devenir alcoolique. Nous nous disputions très souvent, il y a trois jours par exemple, c'était l'une de nos plus grosse. Vous comprenez à présent que je n'ai pas très envie de vous voir, alors s'il vous plait partez, partez tous !Elle fond en larme.

Durch die ZeitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant