Putain de pari.

Hôpital.

( Sleeping At Last - Already Gone )

Ce hurlement, ce regard, cette main, ce désespoir. Cette scène, elle repasse en boucle dans ma tête. Ce vertige dans mon ventre, ce vide sous mes pieds, je ressens encore cette affreuse sensation de peur. Ce qu'il s'est passé il y a deux jours, quand j'ai trébuché, tombé dans le vide et que Louis m'a rattrapé d'une main, ça passe en boucle dans ma tête. J'ai senti la mort me tirait vers le bas, et Louis me tirait vers le haut. Quand il m'a sauvé la vie, j'étais tellement dans un état de panique que j'ai fait une sorte de crise, je n'arrivais plus à me calmer, ma respiration s'accélérait alors que je sentais mes poumons se compressaient contre me torse. J'étouffais et Louis paniquait. Une crise de panique, je crois que c'était ça. J'en faisais étant petit et là, c'est revenu parce que j'ai risqué la mort. Et c'est Louis, qui a su me calmer. Nous étions allongés sur le toit, il caressait mes cheveux en me murmurant que j'étais vivant, que j'étais dans ses bras, que j'étais sauvé. J'arrivais à me calmer et le son de sa voix me berçait. Je n'arrivais pas à lui répondre, la peur m'avait paralysé le corps. Mais ensuite, il m'a incité à me soulever, mes jambes tremblaient. Nous étions trempés, tout les deux, il pleuvait fortement et il a pris ma main. Nous sommes descendus du toit, main dans la main, il caressait l'intérieur de ma main de son pouce quand nous étions dans l'ascenseur, j'avais le regard vide mais je sentais Louis. Nous sommes sortis de mon ancien bâtiment, et c'est lui, qui a conduit ma voiture. Je suis tombé contre ses cuisses, je n'arrivais plus à parler, j'étais paralysé de la voix et du coeur, une sensation. Je le savais, qu'il nous avait emmené dans la maison d'orphelinat, dans les bois. Et je n'aurais jamais pensé m'endormir auprès de lui, tout trempé et tout habillé, dans le canapé-lit du salon. Dans ses bras et dans sa chaleur. Mais ce que je savais, c'est que j'allais me réveiller seul. Louis m'a laissé un mot et la clef de la maison, sur le mot c'était marqué " Rend moi la clef quand tu aurais besoin de me voir. " 

Et il s'est passé deux jours, je n'ai toujours pas rendu la clef. J'ai peur de le voir, je ne sais pas pourquoi. J'ai peur de frôler la mort si je croise ses yeux, ce baiser qu'on s'est échangé sur le toit m'a tellement transporté que j'ai failli mourir. Cela fait deux jours que je reste cloitré dans ma chambre, j'ai l'air totalement ridicule à le fuir, alors que je l'aime et que j'ai besoin de lui. Mais ce qu'il s'est passé défile à toute vitesse dans ma tête. J'en rêve même, je rêve que c'est Louis qui me pousse du toit et juste avant de tomber, je me réveille en sursaut, transpirant. Ce qu'il s'est passé est pire que mon accident de voiture. C'est devenu traumatisant pour moi. J'ai peur et j'ai besoin de me retrouver seul, mais je sais bien au fond, que ce n'est pas de ça, dont j'ai besoin 

Ma porte tape, et je sursaute en me redressant. 

- C'est qui ? Je demande, épuisé. 

- Ton père et ton.. Comment tu t'appelles déjà ? Ah oui, et ton ami Louis.

 Mon coeur s'arrête directement de battre, je suis tellement sous le choc que je met longtemps à répondre, j'analyse. Louis est juste derrière ma porte, avec mon père. C'est Louis, qui a fait le premier pas. Je me redresse lentement, je dois arrêter de le fuir. Ce n'est pas lui qui m'a poussé, c'est lui qui m'a sauvé. Je ne risque rien tant que je suis prêt de lui, je dois me mettre sa dans ma tête. J'enfile un t-shirt et un short de survêtement, mon coeur bat à toute vitesse et j'ai un noeud, dans l'estomac. Je prend un dernier et long souffle, je peux le faire. Je tiens la poignée, je peux le faire, et j'ouvre. 

- Ah bah te voilà, dit mon père, soupirant. 

Je le regarde en me pinçant les lèvres, c'est tellement bizarre de voir Louis à côté de mon père. Il me coupe le souffle, en cet instant, il porte un pull noir et sa mèche a poussée, elle frôle ses yeux. Ses yeux bleus ciel. J'ai un flash soudainement, je suis entrain d'hurler parce que j'ai le vide sous mes pieds.