Rue.

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Taylor est blottie contre mon torse. Je ne supporte plus cette chaleur et cette odeur. Elle dort, alors je me relève doucement pour ne pas la réveiller et pour ne pas recevoir des insultes de sa part. Il est trois heures du matin et je dois me lever dans normalement quatre heure pour aller en cours. Super. J'arrive à la pousser doucement mais elle somnole dans son rêve. Je me redresse et enfile mes habits. Et quand c'est fait, je sors de chez elle sur la pointe des pieds. Je replace correctement ma caquette à l'envers et démarre pour rentrer chez moi. Sur la route je m'imagine la réaction de mes parents si ils m'entendraient escalader la gouttière parce qu'ils ferment à clef la porte extérieure et qu'ils ne veulent pas me passer le clef parce qu'un jour, ils m'ont pris entrain de faire le mur par cette porte. Je crois qu'ils installeraient des vidéo de surveillance et me priveraient d'ordinateur, ridicule.

Sans m'en rendre compte, je roule sur la rue où ma voiture a eu un problème et que Louis me l'a réparé. J'aurais pu prendre un raccourci, mais j'avais envie de pendre cette rue et je ne sais pas pourquoi. Peut être pour espérer le voir. Mais c'est impossible. Il ne peut pas être dans cette endroit aussi sombre à trois heure du matin. Ça fait trois jours que je ne l'ai pas vu. Et pourtant à chaque fois que je rentrais dans une pièce du lycée, je le cherchais du regard et je ne sais pas pourquoi. Je crois que son absence m'intrigue de plus en plus. Sa place habituelle au réfectoire est vide depuis trois jours, il n'est souvent pas là. Il rate presque tout le temps les cours. Les rumeurs sur lui que j'essaye de ne pas croire augmentent et se faufilent entre les élèves et ça m'énerve de plus en plus, surtout quand mes amis les croient et s'en moquent en les rendant encore plus débiles. Je regarde le lac, je viens d'arriver et je vois une ombre allongée sur l'herbe. Même si c'est la nuit, la lune éclaire cette ombre inconnue. Et mon cœur rate un battement en imaginant cette personne peut être blessé ou morte. Je me gare sur le côté de la route, je sors délicatement de ma voiture pour ne pas trop faire de bruit, ce qui est ridicule car il y a personne autour de moi, mais on ne sait jamais. Je traverse la route, pour rejoindre le lac de l'autre côté. Je saute par dessus la barrière qui permet l'accès à l'herbe et au lac.  Et quand je reconnais la personne allongé sur l'herbe, mon cœur rate trop de battement. Au fond, je savais que c'était lui mais je voulais être sûr.

Tu me suis ? Murmure Louis d'une voix calme.

Je regarde autour de moi, cherchant une deuxième personne à qui il aurait pu poser la question. Mais nous ne sommes que tout les deux et il s'adresse à moi. Je regarde son corps allongé, je suis son regard qui mène au ciel noir, un ciel noir composé d'étoiles brillantes.

- Je, non, non je rentrais chez moi.. Et j'ai cru que, que c'était quelqu'un de blessé ou bien mort à ta place..

Je suis tellement nerveux de me retrouver seul avec lui après ces rumeurs sans limites qu'on raconte sur lui que je bafouille et joue avec mes doigts. Je me sens nerveux d'être à ses côtés. Il se contente de regarder le ciel, et ça m'énerve qu'il ne me réponde pas parce que j'ai l'air con à le regarder de debout. Après quelques secondes dans silence gênant, il se redresse et s'assoit, le regard maintenant sur le lac. Dos à moi.

Tu peux venir t'assoir à côté de moi, je ne te mangerais pas tu sais..

Je ne sais pas quoi dire. J'ai l'impression d'être cloué sur place tellement j'ai des frissons de peur. Pas peur de lui, mais peur de ces rumeurs qui pourraient être vraies. Il retourne son visage et me regarde. Quand je vois son visage rempli de larme, je regrette de ne pas être m'assoir directement après sa proposition. J'ai l'impression que mon ventre se noue et que mon coeur se pince. Ça me touche.

- Toi aussi.. Tu crois à tout ce que disent les gens ? Il murmure d'un ton brisé. Pars s'il te plait, je veux être seul.

J'avale difficilement ma salive, mon coeur se compresse contre ma poitrine. Je ne sais pas quoi dire. J'aimerais lui dire que je ne crois pas à ces rumeurs, mais que je m'en méfie. Sa voix est brisée et se casse. Le noeud dans mon ventre se serre un peu plus fort.  Je ne sais pas quoi répondre, par peur de dire une connerie. Comment un être autant renfermé et triste, peut être une personne taré, qui se drogue et qui frappe sa petite-copine ? Je marche en reculant en regardant son dos. Je suis con. Littéralement con. Louis est triste, et ces rumeurs qu'il connaît doit le rendre encore plus triste. Et je comprend mieux pourquoi il ne vient pas trop au lycée. Mais il devrait se battre. Il devrait montrer qui il est et denier les rumeurs normalement fausses sur lui. Je voulais rester. Je voulais m'assoir à ses côtes et en apprendre sur lui. Et peut être prendre de l'avance pour le pari. Parce que malgré tout ça, j'ai un pari à faire et à gagner.

-

Je me suis trompé. Je le pensais différent. Mais il est comme les autres. Il est comme les autres.

Putain de pari.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant