Hidden Light [feat. J.D.B.]

CHAPITRE 8 : SURVIVAL

London Rivkin - Q.G.- 05:45 P.M.

J'étais retournée discrètement à l'intérieur de la villa une fois que j'avais compris que Justin nous cachait quelque chose ou quelqu'un. J'étais donc dubitative quand il quitta la villa, sous prétexte d'avoir des choses à faire. 

A mon tour, j'eus envie de bouger, j'attrapai ma veste et mes clefs de voiture et décidai d'aller chercher ma soeur à la sortie de son cours de danse. Elle terminait à 19h00, j'avais largement le temps d'y aller.
 
Je fus obligée d'attendre vingt minutes devant le gymnase, dans ma voiture, que le cours se termine. Je lui envoyai un texto pour la prévenir de mon arrivée, auquel elle répondit aussitôt un simple "OK."
 
- Salut ! S'exclama-t-elle en entrant côté passager. 
- Tu vas bien ? 
- Assez fatiguée mais ça va, répondit-elle en s'attachant. 
- Tu es redevenue brune, c'est bien mieux comme ça, constatai-je. Bon, je t'emmène manger à l'extérieur. 
- Génial. 
  
J'enclenchai la marche arrière et roulai jusqu'à un petit fast-food familial. Nous prîmes une table dans le fond, et un serveur vint prendre nos commandes. Je pris un hamburger/frites, comme ma soeur.
  
- Alors, commençai-je, ça va comment à la maison ? 
- Maman attend une petite fille. Les jumeaux grandissent. Et James aide bien maman. 
- Famille modèle.  
  
J'attaquai mon plat en continuant de discuter avec ma soeur, évitant bien sûr le sujet Justin.
 
- Et papa ? Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu, dit-elle en soufflant.  
- Pourquoi tu vas pas le voir ? 
- Maman veut pas, surtout qu'il vit dans un quartier qui craint. 
- C'est clair que son quartier digne de Desperate Housewives c'est pas franchement ça. 
- Au moins on est en sécurité, avec les petits. 
 
Je haussai les épaules. Je me sentais bien plus en sécurité dans un quartier qui craignait, avec Faith, Ebony et Jonathan, que seule dans un quartier bourgeois. L'hypocrisie me rendait dingue, je ne la supportais pas. 

J'étais dans mes pensées quand ma soeur se racla la gorge avant de demander : 

- Tu crois que ... Je pourrais vivre avec toi ? Genre, dans les mois qui suivent ... 
 
Je relevai la tête, la fixai droit dans les yeux. Je cherchais la raison de cette question. 

Habituellement, elle n'aimait pas venir, elle se sentait en danger dans la villa et là, elle me demandait d'emménager avec nous ? C'était étrange, il devait y avoir une raison bien précise à cette demande. Une raison qui m'était inconnue. Je la regardais droit dans les yeux, j'y vis de la peur, de l'anxiété, du doute. De l'hésitation.

Et soudain, je compris.
 
- Dis-moi que tu te fiches de moi, dis-je en tentant de garder mon calme. 
- De quoi ? Enfin.. 
- Stop, la coupai-je. T'en es sûre ou pas ? 
- Je .. Non. J'ai .. quelques symptômes. 
- Alors on va s'en assurer. 
 
Je me relevai et payai rapidement l'addition. Ma soeur faisait profil bas, et elle faisait bien. On rejoignit ma voiture et dans un silence de plomb, je conduisis jusqu'à la première pharmacie de garde de la ville. Je pris mon porte-monnaie et entrai à l'intérieur. Il me fallut cinq bonnes minutes avant de trouver ce dont j'avais besoin. 

Si un jour on m'avait dit que je me retrouverais dans une pharmacie, à 21h passé, à chercher un test de grossesse pour ma soeur, je pense que je n'y aurai pas cru.

Je filai à la caisse, et payai le tout, sous un regard noir d'une vieille caissière qui devait s'imaginer bien des choses. Je retournai à ma voiture et lançai le sac plastique sur les genoux de ma soeur qui avait les mains tremblantes. Je ne préférais même pas m'imaginer que ce test puisse être positif. 
 
- Je ..
- Non. Ne dis rien, c'est mieux, la coupai-je.
 
Entendre des excuses débiles ne m'intéressait pas vraiment. De retour à la villa, je constatais avec étonnement que personne n'était là. Je me déchaussai et grimai à l'étage jusqu'à la salle de bain, ma soeur sur mes talons.
  
- Tu le fais et tu me dis, compris ? 
- Oui... Mais si c'est positif, on fait quoi ? Demanda-t-elle timidement. 
- Ca ne sera pas positif. Im-po-ssible. 
  
Elle haussa les épaules et referma la porte derrière moi. S'en suivit les plus longues minutes de ma vie.