Le Labyrinthe - Liv'

Chapitre 30

Je me demandais bien quand ils avaient eu le temps de me répondre. Je ne les avais même pas vus me répondre. Amy m'a dit que l'on pouvait changer les variantes de la seconde épreuve mais celle de la première était bloquée. Elle m'a aussi dit qu'il allait falloir qu'elle me montre quelque chose d'important. J'attendais le moment où on irait voir cette chose importante avec impatience. En attendant, je lisais le message.

"Salut, Liv'. Nous te croyons. Nous aimerions savoir si tu connaissais notre passé et l'explication de ce que nous faisons dans ce Labyrinthe. Est-ce que tu aurais des informations à nous donner concernant le WICKED ? On te croit, mais nous n'avons pas confiance en toi, désolés. Il va nous falloir plus qu'un mot pour ça."

Je scrutais le message depuis quelques minutes pour tenter de deviner qui avait bien pu l'écrire. Déjà, dans la façon de le dire. Mais rien, c'était très solennel. Ensuite, dans les mots employés. Et je reconnus Alby dans toute sa splendeur. J'entrepris de taper mon message de retour.

"Bien sûr que je peux faire tout ça. Seulement, pas là, pas maintenant. Plus tard. Je suis surveillée de très près, moi aussi. Sur tout ce que je peux vous dire. Je peux juste vous dire une chose. Je sais que vous avez rédigé cette réponse hors de vue des Scaralames. Mais je vous connais depuis tellement d'années que je peux en conclure qu'Alby l'a rédigé. En même temps, c'est votre chef mais bon, après tout, ça aurait pu être Thomas, il est beaucoup plus à l'aise pour ce genre de discours. Et même pour les discours oraux, d'ailleurs."

J'appuyai sur "Send". J'étais toute excitée à l'idée de pouvoir leur parler de nouveau. Et surtout à Alby. Quand je pense qu'il allait bientôt avoir 19 ans... si l'épreuve de la Terre Brûlée était rapide, je pourrais les fêter avec lui. En attendant, j'aimais pouvoir leur parler à nouveau. Pendant 2 ans, je n'avais fait que les observer et les écouter. Maintenant, je pouvais même communiquer avec eux. De façon épistollaire, certes, mais je communiquais avec eux. J'avais de nouveau un lien qui m'unissait à eux.

Le soir arrivant à grands pas, étrangement, je ne m'endormais pas. J'avais réussi à tenir toute une journée sans dormir. James commença à s'en aller. Il était l'heure pour lui de partir bientôt. Il se leva mais fit demi-tour, ayant oublié quelque chose sur son bureau. Je le savais. Il le prenait toujours. Il l'avait toujours avec lui. Il s'agissait d'une vieille photo le représentant lui, plus jeune, ayant dans ses bras un petit garçon plus jeune que lui. Alby.

- Liv' ?

Je sortis de mes pensées et me retournai pour remarquer qu'il s'était arrêté.

- Qu'est-ce que tu as à la nuque ?

- Je ne sais pas. Ça m'est arrivé la nuit dernière. Ça me brûlait alors j'ai essayé tant bien que mal de me mettre un pansement.

Il se dirigea vers moi et me demanda de me tourner vers mon ordinateur. Doucement, il m'enleva le pansement que je m'étais appliquée. Il retint un cri. Heureusement parce qu'il restait encore quelques personnes. Mais elles s'en allaient aussi.

- James ?

- Liv'...

J'essayai de me retourner mais il n'avait pas complètement enlevé le pansement.

- Quoi ?

Il ne répondit pas et commença à remettre le pansement en place.

- Quoi ? insistai-je.

- Rien, Liv'. T'en fais pas. C'est pas grave.

Il attrapa ramidement la photo, atrapa ses affaires et s'en alla. Il était parti soudainement vite. Je me retournai, il était déjà à une dizaine de mètres et il marchait rapidement. Mon smartphone sonna. Je pivotai vivement vers mon écran. J'appuyai machinalement sur les boutons pour fermer les portes. Je fermai les yeux et croisai les doigts. J'attendis un moment puis ouvris l'œil gauche. Je laissai tomber mes bras en laissant tomber mes espoirs. Les portes étaient toujours ouvertes. J'ouvris mon autre œil. Puis, après avoir vu les garçons se battre avec les premiers Griffeurs entrant dans le Bloc, j'enlevai définitivement l'alarme de mon smartphone et allai me coucher.

Le lendemain, je me levai plus tard. A quoi bon me lever à l'heure habituel si, déjà, il sortait du Labyrinthe et si, en plus, les portes n'étaient pas fermés ? En arrivant dans la salle des ordinateurs - ouverte et allumée, d'ailleurs, il y avait beaucoup d'employés déjà en train de travailler -, je remarquai James, écroulé sur son bureau, devant son écran éteint. La photo de lui et son frère ne se trouvait pas sur son bureau. Je lâchais ce qui se trouvait dans mes mains. Je portai une main à ma bouche. Je fixai James. Il n'y a qu'un seul où j'aurais pu l'imaginer dans cet état. Ça ne pouvait être que ça... Je laissai échapper une larme. Je courrus vers James pour être bien sûre qu'il s'agissait de ça. Il releva son visage vers moi. Les joues luisantes de larmes... Oh non...

- Non... chuchotai-je.

Je secouai la tête de gauche à droite. C'était impossible, pas ça...

- James... non... ça ne se peut pas, dis-je plus fort.

Les larmes commençaient à déferler sur mes joues.

- Noon !!! criai-je. NOOON !!!

J'éclatai en sanglots en tombant sur ma chaise. J'allumai mon écran tout en étant parcourue de spasmes. Les larmes se bousculaient sur mon visage. Le bloc paraissait vide. J'entrepris de regarder ce qui se passait dans le Labyrinthe. Et c'est là que je vis le corps d'Alby étendu. Inerte. Il paraissait vide. Mort.