Chapitre 9

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Je finis de m'habiller et pars tranquillement au travail.

Je m'interdis de penser à ce qu'il vient de se passer, je ne veux pas gâcher ma journée à cogiter sur un mal entendu. Et pourtant, je n'y arrive pas, je n'arrive pas à oublier. Qui est cette Noëmie ? Qu'est-ce qu'elle veut de Grégoire ?


– Arg ! J'en ai marre, marre, marre ! crié-je en me tapant la tête contre le bureau.


Jill passe dans l'encadrement de la porte et me regarde de travers.


– Est-ce que tout va... bien ? me demande t-elle lentement.

– Oui, oui, juste un petit problème de concentration.


Je force un sourire et la regarde s'éloigner.


– Concentre-toi, concentre-toi Charlotte ! m'ordonné-je.


La journée est longue, trop longue. Et lorsqu'elle se termine je me sens enfin libre. Je laisse le vent caresser mon visage et je souris. Le soleil est présent et je vais mieux. Je ne dois pas laisser mes sombres pensées envahir mon esprit. De ce fait, je marche jusqu'au coin de la rue et je m'installe sur la terrasse d'un café. Je ne fais rien. Je ne lis pas, je n'écoute pas de musique. Je ne veux rien faire. Juste fermer les yeux et laisser le soleil me chauffer la peau. Me détendre, tout simplement.

Trente minutes plus tard, je retourne chez moi et m'affaire à ranger mon appartement en écoutant du jazz. John Coltrane est sans aucun doute le meilleur saxophoniste de tous les temps ! L'écouter est devenue en quelque sorte une habitude quand je veux me vider la tête.

Ce matin, Grégoire m'a dit qu'il viendrait, mais je ne sais pas vraiment quand. Malgré tout, je choisis d'aller faire un tour chez ma grand-mère dès que le ménage est fini. Je toque à sa porte et la vois m'ouvrir avec un faible sourire. Je perds le mien et m'approche d'elle immédiatement. Elle a les yeux cernés et ses rides ressortent énormément, c'est sans doute dû au fait qu'elle n'est pas maquillée, ce qui est inhabituel.


– Est-ce que ça va ? m'inquiété-je.

– Oui, je suis juste un peu fatiguée. Entre chérie.


Nous nous installons à table et ne parlons pas pendant quelques minutes. Je regarde ma grand-mère et j'essaye de savoir à quoi elle peut bien penser. Puis, je décide de lancer la conversation :


– Camille a eu une promotion. C'est génial, tu ne trouves pas ?

– Oh oui, génial, dit-elle sans la moindre excitation.


De nouveau, un silence s'installe entre nous. Son regard est vide.


– Qu'est-ce qu'il se passe mamie ? hasardé-je.

– La fatigue. D'ailleurs, je pense que je vais aller me coucher. Je suis désolée de te renvoyer de la sorte, mais j'ai besoin de dormir.


Je commence vraiment à m'inquiéter. Il y a des signes qui ne trompent pas, et mon instinct me dit que je ne devrais pas la laisser. Elle n'a même pas réagit quand je l'ai appelée mamie, alors que d'habitude elle se vexerait immédiatement.

Monsieur CaramelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant