Epilogue

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Pourquoi mettait-il autant de temps à revenir ? Même s'il pouvait se réincarner, n'était-ce pas injuste de l'attendre avec impatience à chaque fois pour le revoir ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement fait de lui un être immortel ?

D'apparence calme, je combattais intérieurement mes tourments par des questions auxquelles je connaissais déjà les réponses. Mais il me fallait un coupable, quelqu'un à qui en vouloir.

Sur mon lit moelleux, j'avais l'impression de m'enfoncer de plus en plus dans les draps. Comme si ceux-ci voulait m'engloutir vivante. Je me sentais petite, très petite au milieu de la chambre que moi et Gabriel partagions.

Assise en tailleur, mes jambes étaient engourdies à cause de mon immobilité. Épuisée, je ne souhaitais que ressentir la seconde où mon coeur battra à tout rompre. Cela faisait des heures que j'attendais cette étincelle dans mon esprit. Je savais qu'il allait bientôt revenir. Aujourd'hui. J'en étais sûre.

Dehors, le ciel était calme. Le chant des oiseaux détrôna le silence. Mes sentiments se mélangèrent au doux son de la vie. Les Dieux effaçèrent mes émotions néfastes me signifiant par la même occasion qu'il était temps de se lever.

Je fermai les yeux un instant et respirai un bon coup pour me donner du courage. D'un geste qui devenait habituel, je touchai la chaîne encerclant mon cou, puis la pierre bleue qui y pendait.

Je tremblai. D'excitation. D'euphorie. De joie. D'espérance. D'apaisement. Mon cœur battait encore une fois et je savais que toute la meute était témoin de mon bonheur.

Après plusieurs tentatives, je réussis à tenir sur mes jambes. J'entendis des centaines de battements de cœur... tout comme le mien qui tapait avec entrain contre ma cage thoracique. L'embrasement fut immédiat. Brûlant. Chaleureux. Je ressentais le lien de mon grand frère s'ouvrir comme les ailes d'un papillon. Il était revenu. Enfin.

Il fallait que je le revois. Tout de suite. Sachant qu'il devait se diriger lui aussi vers l'appartement où nous habitions. Je me hâtai et courus dans le couloir pour descendre rapidement les escaliers. Puis me dirigeai vers les herbes vertes où Gabriel s'entraînait avec d'autres loups-garous.

« Gabriel ! » criai-je avec un grand sourire. Il s'arrêta avant de me regarder confus, et surtout torse nu. Mais je n'avais pas besoin de distraction maintenant.

Le lueur dans mes yeux ainsi que la pierre semblaient se réjouir de la venue de son Verndari. C'était presque amusant de le voir briller avec autant d'éclats. Je n'étais pas inquiète pour la pierre, elle s'illuminait souvent ainsi quand le Verndari revenait sur Terre.

Alors que j'allais parler, un papillon passa devant mes yeux puis s'installa sur mon épaule droite. Sur un fond blanc, des rayures noires se dessinaient sur les ailes antérieures et des points bleus recouvraient la partie basse des ailes postérieures. Un petit arc orange au milieu du papillon venait agrémenter son embellissement. Je levai ma tête vers le ciel et souris avec tendresse.

« Il faut qu'on aille à mon appartement, tout de suite ! Si tu ne m'y emmène pas, j'y vais toute seule ! » m'écriai-je en faisant mine de partir vers les arbres.

« Attends ! Pourquoi tu veux aller là-bas ? Tu veux revoir tes parents ? » demanda-t-il tout en marchant vers moi. J'avais de plus en plus de mal à me concentrer. Mes yeux dérivèrent vers ses pectoraux sublimes. Je déglutis doucement.

« Merde, t'es tellement sexy, ça devrait être interdit de se promener comme ça, » soufflai-je en essayant de contrôler mon désir de lui sauter dessus. « Bon sang ! Arrête de me donner envie de te faire l'amour d'accord ! Damien est rentré, il faut que je lui rende sa pierre et lui racontre tout ce qu'il s'est passé en son absence. »

Gabriel resta de marbre, complètement choqué, tandis que je partais loin des éclats de rire qui fusèrent. Je marchai sans mes pouvoirs sachant que Gabriel allait venir dans quelques secondes. Une fois près de moi, son loup me pousser légèrement pour que je monte sur lui. Je le caressai puis il s'assit pour que je m'installe sur son dos.

« Tu es sûr qu'il est revenu ? »

« Affirmative ! Le lien s'est réactivé il y a quelques minutes, » expliquai-je excitée.

« Et Joshua ? »

« Il a été brûlé plus tard, donc il reviendra plus tard nous rejoindre. »

Arrivés à quelques kilomètres de la ville, je descendis pour que Gabriel se transforme en humain. Nous prîmes ensuite un taxi qui me conduisit jusqu'en bas de mon immeuble. Je courus dans les escaliers et m'aperçus en tendant l'oreille qu'il n'y avait aucun battement de cœur à l'intérieur de l'appartement. Déçue, je soulevai le paillasson. La clé était toujours présente. J'étais arrivée trop tôt.

« Mon amour, tu devrais redescendre, » dit Gabriel avec une pointe d'humour. Énervée, j'allai lui crier dessus, jusqu'à ce que je me retourne.

Damien était là. Aux côtés de Gabriel. Il souriait, les mains dans les poches. Je criai de joie avant de dévaler les escaliers et de m'élancer dans ses bras. J'étais tellement heureuse de le retrouver.

Mon euphorie passée, j'enlevais le collier et la lui mettais autour de son cou. La pierre reconnut son possesseur et devint rouge comme à l'accoutumée. Nous nous sourîmes, puis comme toujours, nous nous installâmes dans l'appartement pour que je lui raconte toute ma mission sans omettre aucun détail. Je lui révélai tout, jusqu'à mes sentiments profonds. Des paroles que même Gabriel n'avaient pas entendu.

Après mon histoire qui dura toute la journée, je regardai les hommes embrumer dans leur réflexion.

« Tu aurais dû tout leur dire depuis que Joshua a annoncé que j'étais mort... Beaucoup de fautes dans cette mission. On reprendra point par point tes erreurs. »

« Très bien, » dis-je d'une petite voix.

J'aperçus Gabriel lancer des éclairs avec ses yeux en direction de Damien. Ces deux-là allaient sûrement ne jamais s'entendre. Damien était après tout, un homme qui préférait la solitude et qui était direct dans ses propos. Le débriefing après chaque mission était une étape normale de mon apprentissage. Et depuis, j'avais accepté le comportement de Damien.

« Mais... Je suis fière de toi. Tu t'es quand même bien débrouillée p'tite sœur. »

Un de ses rares compliments. Je souris doucement à ce moment complice.

« Je vais faire de mon mieux la prochaine fois ! » annonçai-je tout en levant le poing en l'air avec une nouvelle confiance en moi.

Gabriel et Damien grognèrent en même temps. J'éclatai de rire tandis que je les prenais tous les deux dans mes bras.

Je regardai le ciel ensoleillée qui resplendissait de mille feux avec un grand sourire.

« Takk. »

Si vous voulez que je rajoute/étoffe plus cet épilogue, faîtes moi signe ;)


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