Chapitre 20

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Pendant quelques secondes, le silence règne dans le salon. Puis, dès que le portier claque la porte, une cacophonie de voix féminine éclate...

— Chéri, si tu n'étais pas arrivé, je n'ose pas imaginer ce qui me serait...

— Sale menteuse ! C'est vous qui m'avez sautée dessus...

Tout en hurlant à mon tour, j'essaie de me dégager et je gesticule dans tous les sens.

— Il faut appeler la police Geoffrey...

— Vous ne manquez pas de culot, je la coupe en tentant toujours d'échapper aux bras de Lancaster, puis en tournant mon visage vers lui, je lui demande : je suis bien chez moi ? Pourtant cette dinde périmée pense le contraire, avouez qu'il y un gros problème, non ? Et qui est-ce d'abord ? Pourquoi a-t-elle la clé de mon appartement ? Hein ?

— Jette-les dehors ! Je ne les tolérerai pas une minute de plus ici !

Justine se laisse tomber sur le lit en marmonnant que cette folle lui a pété un ongle. La folle se retourne vers elle et lui ordonne de déguerpir, tout en enfilant un chemisier qu'elle attrape au passage. Elle continue de hurler en nous traitant de tous les noms d'oiseaux et en ramassant ses affaires.

— Alors Chééééri, qu'allez-vous faire ? Nous jet...

Je suis réduite au silence. Muselée. La main de Lancaster s'est posée sur ma bouche. Justine se lève brusquement et lui hurle de me libérer illico presto, alors que la folle se réjouit à grand renfort de cris. La garce !

— Il était temps que tu fermes le clapet de cette...

— SILENCE !!!

La voix de Lancaster claque comme un coup de fouet. Son ordre obtient l'effet désiré. Plus personne ne parle. Sa main m'empêche toujours de m'exprimer correctement pourtant, je continue à marmonner un jargon incompréhensible. Je m'agite avec véhémence. Quand son bras enlace plus étroitement ma taille, me soulève et me plaque contre lui. Je me retrouve sur la pointe des pieds. Tandis que le deuxième appuie un peu plus fort sur ma bouche pour poser ma tête contre son torse.

— Arrêtez de gesticuler comme un vers de terre Barbie, murmure Lancaster à mon oreille, puis plus fort il ajoute : Barbara, je te présente Angeline Beaumont, ma fiancée et Justine...

— Ta fiancée ? Ta fiancée !

Elle est pétrifiée. Son visage est pâle et le regard qu'elle me lance est glacial. Il est clair que je ne dois pas m'attendre à la formule : toutes mes félicitations ! Je suis comme elle, figée. Statufiée. Mais pas pour les mêmes raisons.

— J'adore quand vous m'obéissez Barbie, chuchote-t-il.

Plutôt, pour la positon dans laquelle je me retrouve. Mon corps tout entier pressé, collé, contre le sien. Je sens sa poitrine se soulever à chaque respiration. Mes fesses se trouvent... à un endroit très particulier...

— Je dois avoir une petite discussion en privée avec Angeline, annonce-t-il à Barbara qui n'est pas remise de la nouvelle, profites-en pour ranger tes affaires...

— Mais tu ne...

— S'il te plait Barbara, fait ce que je te dis !

J'ai juste le temps d'apercevoir un sourire sur le visage de Justine avant qu'il ne m'emporte hors de la pièce. Toujours prisonnière, mes pieds ne touchant pas le sol, il se dirige vers l'autre chambre. Il donne un coup de pied pour ouvrir la porte et fait de même pour la refermer. Puis il avance au centre de la pièce sans me lâcher. J'ai l'affreuse sensation que dès qu'il le fera, je m'écroulerai par terre.

— Vous n'avez pas assimilé les termes du contrat, murmure-t-il. Pas de pantalon, vous le faites exprès ?

Sa voix grave résonne en moi. Si sa main n'était pas sur ma bouche, je lui dirais que nous n'avions pas prévu de rendez-vous. Sauf qu'un gémissement s'échappe de mes lèvres et que je me tortille nerveusement. Il faut qu'il me lâche. Tout de suite ! Ma fabrique à hormones femelles se ranime dangereusement.

— Attention Barbie, vous essayez de me provoquer ? Ne bougez plus.

Aussitôt, je me fige. Je ne vois pas son visage, mais je sens son sourire dans ses paroles. Il s'amuse. Il joue avec moi. J'inspire profondément pour tenter de me calmer.

— C'est quoi votre problème, Barbie ? Vous ne pouvez pas vous soumettre à un ordre ? J'ai du mal à me concentrer quand vous frétillez comme ça. Devinez pourquoi ?

Finalement, c'est très bien qu'il ne retire pas sa main de ma bouche. Je ne serai pas capable de prononcer le moindre mot. Il se fait un plaisir de me rappeler notre dîner du lendemain en précisant bien ses exigences vestimentaires. Sa voix rauque coule comme du miel sur moi et me file des frissons.

— Je sens votre parfum, votre chaleur...

Il inspire profondément et se presse encore plus fort.

— J'aime votre odeur...

Je tremble. Qu'il ne me lâche pas. Je vacille. Sinon, je m'étale. Il souffle dans mon cou. Sa main remue, glisse doucement et vient titiller le bout de mon tee-shirt, puis ses doigts frôlent la peau de mon ventre. Je ferme les yeux et serre les cuisses. J'ai la respiration saccadée. Son corps, ses bras, ses mains font exploser un feu d'artifice sur ma peau. Ma fabrique à hormones est en délire total.

­— J'aime vous sentir dans mes bras...

Sa voix et ses mots font jaillir une boule de désir du plus profond de mon intimité. Il se contente de me serrer contre lui, m'effleure à peine d'une caresse, et je bouillonne.

— Et j'aime ressentir votre sensualité, vous êtes très réceptive. Avec tous les hommes ? Avec Aïdan aussi ? Ou est-ce seulement moi qui provoque cette passion ?

Bordel, qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai chaud. J'ai froid. Je m'agrippe à ses bras. Mes ongles s'enfoncent à travers le tissu de sa chemise. Il grogne. Je me tortille contre lui. Impossible de m'arrêter.

— Barbie, murmure-t-il dans mon cou, ses lèvres effleurant ma peau, il va falloir apprendre à obéir.

Puis il me mord le lobe de l'oreille... tire dessus... Oh mon Dieu. Si je pouvais, je l'implorerais... Sa main libère ma bouche et un cri rauque s'étrangle dans ma gorge. Il me dépose sur le lit. Il passe une main dans ses cheveux et m'observe un long moment, le regard assombri. Il est le fruit défendu, la tentation irrésistible. Mais aussi mes ténèbres, ma damnation.

— Il faut que j'y aille, dit-il soudain en s'éloignant brusquement. À demain.

Hein ? Quoi ? C'est tout ? Juste comme ça ? Tout simplement, et aussi facilement ?

Il sort et referme la porte derrière lui.

Je suis frustrée. Trempée. Excitée. Furieuse. Ce type est un... un... Je le hais d'avoir cette domination sur mes sens. Je me déteste de ne pas arriver à me contrôler. Alors que lui est totalement maitre de ses réactions. Ce type est un goujat, un mufle de la pire espèce. Pourquoi mon corps prend-il le pouvoir sur mon esprit ? J'ai en horreur cette emprise qu'il a sur moi dès qu'il me touche. Putain de fabrique à hormones femelles ! De rage, je donne un coup de poing sur le lit. Dommage que ce ne soit pas le visage de Lancaster. De Barbara. Des deux ! D'ailleurs, il ne m'a fourni aucune explication à son sujet. Je ne sais toujours pas qui elle est. Et surtout, pourquoi a-t-elle aussi une clé de l'appartement ? Mais j'ai bien l'intention de l'apprendre. Je me lève et me dirige aussitôt vers le salon. 

À nous deux monsieur Lancaster.



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⏰ Dernière mise à jour : Jul 04, 2016 ⏰

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