Chapitre 8

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Même la bouche pincée, les lèvres fermées... la bouche de monsieur Lancaster agit sur moi comme un véritable aimant. Toutefois, je remarque aussi ce rictus de mépris qu'elle affiche. Pour les excuses, je crois que je vais devoir attendre... longtemps, très longtemps.

— Dans la catégorie du top 10 des tue-l'amour à la première rencontre, vous gagneriez la palme d'or. Heureusement, il ne s'agit nullement de ça entre nous, me lance-t-il acerbe, puis se dirigeant vers son avocat, il ajoute : s'il s'avérait qu'elle souffre d'une défaillance mentale quelconque, le contrat serait caduc ! Je sais que ce n'est pas stipulé... mais débrouillez-vous ! J'exige qu'elle passe des tests !

— Tous les examens médicaux que vous avez souhaités ont été pratiqués et il n'y a aucune autre clause en ce sens. Mademoiselle Beaumont pourrait très bien...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que mon futur ou ex-mari lui a déjà tourné le dos. Son témoin lui fait remarquer qu'une rupture du contrat est, maintenant, inenvisageable.

— Une des nombreuses clauses rajoutées par l'avocate de mademoiselle, stipule que si tu romps le contrat alors qu'elle en a respecté tous les termes, tu serais dans l'obligation de lui verser la somme de...

Il s'interrompt pour feuilleter les pages, puis ayant trouvé ce qu'il cherche, ajoute avec un petit sourire en coin :

— Tu devrais à mademoiselle la coquette somme d'un million d'euros, en n'oubliant pas le calcul au prorata de chaque journée depuis la signature, ce qui est finalement un très petit détail, vu que cela fait à peine quelques minutes que vous avez signé.

Justine laisse échapper un petit cri de surprise. Abasourdie, par ce que je viens d'entendre, je m'écroule à nouveau sur le siège. Un... million... d'euros ?! OMG !!!

Comment Sarah a-t-elle fait ? Je n'ai pas tout lu, au vu des nombreuses clauses qu'elle ne cessait de rajouter. Elle m'a donné des explications, mais vu mon peu d'intérêt, elle s'est contentée de me dire que je ne regretterais pas de lui avoir confié ce job et que je n'avais aucun soucis à me faire pour mes intérêts. C'est une killeuse ! Un amour de Killeuse ! Sa promotion ne m'étonne plus du tout, à présent. Elle m'épate !

— Tu trouves que la situation est comique, Aïdan ? Ce qui ne comptait que quelques pages est devenu un véritable pavé dès que cette avocate s'en est mêlée.

— Je dois reconnaitre que je passe un moment surprenant. Mais avoue que tu as apporté ta contribution à ce pavé, comme tu dis.

— Tu fais chier Aïdan !

Je me relève, toujours un peu patraque, mais la colère qui bouillonne en moi me galvanise. Peut-être aussi autre chose, mais je préfère éviter de trop réfléchir à ce « quelque chose ».

— La Barbie vous informe qu'elle prend les chèques et qu'elle vous fait grâce de l'heure entamée, dis-je avec un grand sourire. Après tout, on ne va pas chipoter comme des marchands de tapis, n'est-ce pas ?

Lancaster se retourne brusquement vers moi. Il s'approche, et je ne peux m'empêcher de reculer d'un pas. Tout à l'heure, trop absorbée par sa bouche, je n'ai pas remarqué la cicatrice qui part de sa tempe et trace une ligne nette tout le long de sa joue. Son visage est une funeste zone glaciale d'où deux lasers bleus émettent des vibrations meurtrières. J'ai un frison incontrôlable qu'il détecte aussitôt. Je le vois à une imperceptible crispation de ses traits.

— La prochaine fois que nous serons en présence tous les deux, vous porterez une robe, murmure-t-il à quelques centimètres de mon oreille. Et surtout, surtout, n'oubliez pas que le sexe fait partie intégrante du contrat. C'est une clause, non négociable, et que vous honorerez chaque fois que j'en exprimerai le désir. Ça ne devrait pas être trop compliqué pour vous, n'est-ce pas ?

Je sens son souffle chaud sur ma peau. Puis sans attendre la moindre réponse, il quitte la pièce. Totalement perturbée et mortifiée, je passe une main tremblante sur mon visage. De rage, je serre les dents et tente d'apaiser mon esprit en tumulte. Brusquement, je prends conscience qu'il serait judicieux que je lise ce contrat en totalité. Mieux vaut être prudente.

— Je vous avoue que c'est une première. Voir Geoffrey être le dindon de la farce est quelque chose que je n'aurais jamais imaginé. Je suis enchanté de... vous revoir.

— Ce qui s'est passé hier ne concerne nullement votre ami, s'exclame Justine en fusillant Aïdan du regard. Rien n'était signé et Angeline était encore libre de faire ce qu'elle avait envie de faire.

— Et croyez bien qu'hier, j'en ai été le plus heureux des hommes, puis se tournant vers moi avec un sourire facétieux, il ajoute : on a détecté des antécédents de folie dans votre famille ?

Son attitude est sympathique, et pour je ne sais quelle raison, je suis persuadée qu'il ne dira rien à propos de notre rencontre.

— Si se marier avec un parfait inconnu n'est pas un signe distinctif de folie, alors je suis parfaitement saine d'esprit.

— Dans ce cas, nous nous reverrons très vite, car en plus d'être l'un des témoins de Geoffrey à votre mariage, je suis aussi son meilleur ami. À bientôt.

Sur un petit signe de la main, il sort rejoindre son ami. Justine me demande aussitôt :

— Alors, c'était comment ?

— Horrible !

— Vraiment ? Dommage parce que je le trouvais plutôt sexy... C'est bien avec Aïdan que tu t'es amusée comme une folle hier, si je ne me trompe ? Ça ne paraissait pas si horrible que ça !

— Oh, Aïdan... en vérité, je ne me rappelle pas très bien. Et je n'ai pas envie de m'en souvenir, ceci dit. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie.

Justine éclate de rire et la tension retombant, je finis par ébaucher un sourire.

— Quant à Geoffrey Lancaster, dit-elle soudainement en reprenant son sérieux. Tu... je...

Elle hésite un long moment, cherche ses mots et finit par lâcher en portant la main sur son cœur, dans une pose des plus suggestives :

— OH MY GOD !



Le Contrat - {Sous contrat d'édition}Sortie le 18 juillet avec TéléStar...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant