Le Contrat - {Sous contrat d'édition}Sortie le 18 juillet avec TéléStar...

Chapitre 9

Malgré les supplications de Justine pour prendre un brunch, je préfère rentrer chez moi.

Je n'ai pas faim et je n'ai qu'une envie : dormir. Et puis, j'ai mon service à assurer ce soir, je ne peux pas leur faire faux bond au dernier moment, surtout un samedi.

Dans mon sac, j'ai mon exemplaire du contrat, que je me promets de lire en totalité...

Je n'en reviens toujours pas que Sarah, ma Sarah, ait pu négocier une clause pareille, enfin pas la clause en elle-même, mais le montant de la pénalité en cas de rupture : un million d'euros ! Ce qui me donne un million de raisons de déchiffrer chaque page, chaque ligne. La première version avoisinait les trente pages. Après le passage de Sarah ? Plus de deux cents ! Oui, j'ai vraiment tout intérêt à le lire avec la plus grande attention, car comme l'a souligné l'avocat de Lancaster : tout a été fait pour que les deux parties ne soient pas lésées... C'est sûr qu'avec un million d'euros je ne suis pas défavorisée, mais lui... impossible qu'il soit resté stoïque et qu'il ait accepté sans exiger des contre parties. J'ai un tremblement rien que d'y songer.

Le diable ne se cache-t-il pas dans les détails ?

Combien de fois mon père m'a-t-il précisé qu'on ne signe rien avant d'avoir tout lu ? Pourquoi n'ai-je pas suivi ses paroles de sagesse ? Tout simplement parce que je fais confiance à Sarah... que je n'avais pas d'autres choix... et de toute façon, maintenant, il est trop tard pour regretter. J'ai signé. Point barre ! Voyons plutôt le positif...

L'avocat m'a donné les clés d'un appartement bien situé et où nous pouvons loger, mon père et moi, jusqu'au jour du mariage, ainsi qu'une carte de crédit. Gold !

Positif, tout ça, non ?

PO. SI. TIF !

Alors, pourquoi ai-je ce drôle de goût dans la bouche ?

Sûrement, parce que j'ai... vomi... si seulement, je pouvais appuyer sur reset et rembobiner... la matinée... et la nuit dernière. Mais là aussi, il est trop tard !

Pourquoi ai-je l'estomac qui joue toujours au yoyo ?

Pourquoi ai-je les mains moites, le cœur au bord des lèvres, les jambes flageolantes, chaud, froid ?

Pourquoi ? Pourquoi je me sens si mal... alors que Lancaster... mon futur époux, avec qui je vais partager cinq ans de ma vie... Putain ! Cinq ans ! Cinq ans de nuits avec lui... pourquoi je me sens si mal ? POURQUOI ?

Pourquoi m'a-t-il proposé ce contrat ?

Franchement, à part dans nos livres de romance à Justine et à moi, où est-ce qu'on trouve des hommes, jeunes, riches et beaux à en faire mouiller notre petite culotte au premier regard... Mmm... d'accord, j'ai probablement un peu foiré la première rencontre, mais franchement à part dans les livres, ils sont où ? Ils sont où, si ce n'est sur grand-écran et sur papier glacé ?

Il peut arriver, de temps en temps, exceptionnellement, d'en voir un dans une soirée, mais alors tellement bien entouré par une nuée de top-modèles, d'actrices ou d'anonymes au physique très, très avantageux qu'il est impossible de s'approcher de cette espèce inconnue de nous simples mortels. Et si par hasard, vraiment le plus grand des hasards, il croise notre chemin, au mieux, il ne nous aperçoit même pas, au pire il nous prend pour la serveuse et nous tend un billet en commandant sa boisson.

Et Lancaster fait clairement partie de cette élite. Des très rares élus possédant une beauté à couper le souffle, agrémentés d'un charisme qui si vous n'étiez pas encore hors circuit finirait de vous achever, et pour terminer en apothéose, disposant d'une aisance financière leur permettant de se payer tous leurs caprices. Même sa cicatrice ne parvient pas à le défigurer. Non, tout au contraire, elle provoque un frisson de peur... et aussi d'autre chose...

Alors, pourquoi me proposer ce contrat ?

Parce que dans la vraie vie... ça n'arrive jamais un truc pareil...

Le prince charmant qu'on épouse ressemble à s'y méprendre au voisin de palier, celui qu'on croise tous les jours, pas laid, non, mais pas de quoi fantasmer non plus.

Le corps ferme, musclé, avec des tablettes de chocolat à nous faire baver ? À part dans les salles de sport, et encore, dans la réalité... heu...

Et côté fric, le prince d'aujourd'hui, il est soit au chômage, soit chez ses parents ou en colocation... oui, ça c'est la réalité.

Dans la vie réelle, ça n'arrive jamais... jamais !

Alors, il est où le piège ?