Chapitre 12

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Comment Lancaster a-t-il eu l'adresse de mon travail ? Son avocat ne dispose que de mon numéro de téléphone et de mon adresse. Rien de plus. 

Cette question tourne en boucle dans ma tête alors qu'imperturbable je sers le shoot de téquila. Cathy, une des serveuses, s'approche à toute vitesse avec un regard de convoitise. Même en jean et tee-shirt, on ne voit qu'eux. Respire Angeline. Elle s'incline vers eux, offrant ainsi une vue plongeante sur son décolleté, et demande si ces messieurs ont faim. S'il y en a une qui a faim, c'est elle. Je fixe un point obscur dans la salle. Respire Angeline. Ne le regarde pas. Devant leur refus, et malgré ses nombreuses suggestions, Cathy finit par s'éloigner à regret avec un déhanché qui me laisse sans voix. Que vient-il faire ici avec son meilleur ami ? Meilleur ami qui est aussi son témoin et accessoirement l'homme avec lequel... Respire Angeline, respire. Les yeux baissés, je me place entre les jambes de Geoffrey, je lève le bras, le regarde... Ohhh... cette bouche... ses lèvres... je... je... purée, j'ai trop chaud... et j'appuie. Voilà ! C'est fini ! Aussitôt, je baisse la tête et m'apprête à repartir quand ses cuisses se referment. Sur les miennes. Merde !

— On a pas encore fini, Barbie, dit-il en me tendant quatre billets de cent euros. J'en ai pour un moment avec ça, non ?

Je suis pétrifiée, focalisée sur la pression des muscles qui me retiennent, sur cette puissance... La voix d'Aïdan m'arrache à mon trouble.

— Je vais l'aider un peu, dit-il en me présentant son verre.

Je jette un œil au bar. Éric est débordé et ne me prête aucune attention. Céline passe et lève son pouce. Aucune aide à attendre de son côté. Calme-toi Angeline. Il ne t'a pas sauté dessus, non ? Il ne fait rien de plus et tu maîtrises parfaitement la situation. Tout est sous contrôle. Un fin duvet de barbe assombrit son visage. Je ne veux surtout pas croiser son regard, ni sa bouche. Son tee-shirt noir me semble un bon compromis. Mauvaise idée... respire Angeline... des abdos se dessinent avec une précision diabolique sous le tissu... resssspire... bras musclés... épaules de nageur... resssspire... Des gouttes de sueur coulent sur mon front. Je remplis une nouvelle fois le verre d'Aïdan et pose la question qui me brûle les lèvres :

— Que faites-vous ici ?

Bravo ! Ma voix est naturelle, mes mains ne tremblent pas. Je maitrise totalement la situation. Tout est sous contrôle. En revanche, la climatisation doit être hors service.

— Je n'ai pas l'habitude de laisser mes investissements dans la nature sans les tenir à l'œil, répond Geoffrey en posant ses mains sur mes hanches. Surtout quand c'est un investissement à haut risque.

Hoooo... La chaleur de ses mains transperce l'étoffe de mon jean. Je vais fondre. Je les sens presque sur ma peau. Je vais me liquéfier. Je vais finir à ses pieds telle une flaque d'eau. Où poser mon regard ? Aïdan ? Souvenir trop embarrassant et encombrant. Éviter la bouche de Lancaster, ses yeux, son visage, ses bras, ses épaules, son torse... TOUT ! Ne pas descendre le regard plus bas, plus bas sur le jean. Trop dangereux. Se concentrer sur... sur sa cicatrice. Oui, bonne idée, peut-être pas la meilleure, mais je n'ai pas mieux. Ses mains se crispent plus fort... je vais... me consumer sur place ! Néanmoins, mon regard ne dévie pas d'un centimètre.

— J'ai soif !

Son ton est cinglant. Une bouffée de chaleur me monte au visage. Ses mains me marquent au fer rouge. Je me concentre et le bras tendu, je vise. Il avale et je fixe le mouvement de sa pomme d'Adam. Puis sa langue passe sur ses lèvres... lentement... pour lécher jusqu'à la dernière goutte de téquila... Oh My God... je pense qu'elle pourrait faire de même sur mes petites gouttes de sueur... un signal rouge clignote dans ma tête...

— J'aimerais que vous compreniez bien les bases de notre contrat, dit-il en me tirant brusquement vers lui.

Un choc. La collision de deux corps. Le mien, le sien. Mes mains posées à plat sur son torse, et moi plaquée, serrée contre lui... une sirène retentit pour m'annoncer un danger imminent...

— Vous êtes à moi ! Continue-t-il sa bouche à quelques centimètres de mon visage.

Tout explose. Son parfum... sa chaleur... sa puissance...

— Ne vous avisez plus jamais de ne pas répondre.

Ses bras m'emprisonnent... je veux juste qu'il me serre encore plus fort... plus près...

— Vous êtes à ma disposition chaque heure, chaque minute, chaque seconde, du jour et de la nuit.

Je veux mes mains sous son tee-shirt, pour toucher sa peau, la goûter...

— Est-ce assez clair ?

À chaque respiration, je m'enfouis un peu plus en lui. Mais ce n'est pas encore assez... mon cerveau est déconnecté... seul mon corps est vivant, terriblement vivant, et désespérément assoiffé, affamé de cet homme... de lui...

— Est-ce assez clair Barbie !

Hein ? Quoi ? Est-ce assez... Qu'est-ce qui m'arrive ? Brusquement, la musique, les voix autour de moi refont surface. L'endroit où je suis, mon travail... les clients... qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'ai-je fait ?

— Je... je... pensais que...

— Je ne vous demande pas de penser, me coupe-t-il en laissant glisser ses yeux sur ma poitrine écrasée contre lui. Contentez-vous de me satisfaire et ce sera déjà parfait.

Je me sens humiliée. Son petit sourire comblé et arrogant m'indique qu'il a perçu mon trouble alors qu'il est resté stoïque. Froid. Détaché. Parfaitement maître de lui.

Et cela me met dans une rage folle. Je bous littéralement, autant par sa proximité, que par la fureur que ses paroles ont déclenchée. Je pousse fermement sur mes mains pour reprendre une position horizontale. Non, mais quel con ! Et je lui envoie une giclée, une longue giclée de téquila sur le visage, le tee-shirt, le jean. Je lui en file pour 400 euros !

Les jeunes de la table voisine applaudissent à tout va. Aïdan est hilare, ça commence à devenir une habitude, et se frappe les cuisses des deux mains. Quant à Geoffrey, il est furieux. Bien fait connard !

— Ne vous avisez jamais de reposer les mains sur moi, ici ! Est-ce assez clair ? Parce que la prochaine fois, vous aurez affaire à Tony et il vous rendra à votre état premier : soit celui d'une petite merde fossilisée !

— Ça va Angie, me demande Tony apparu comme par enchantement à mes côtés. Un problème ?

— Une petite dispute d'amoureux, pouffe Aïdan en lançant des serviettes en papier à son ami. Rien de plus. Nous ne voulons pas créer de problèmes.

— C'est bon, Tony. Tout va bien, tout est sous contrôle.

Et je m'éclipse en moins d'une seconde.

Tout est sous contrôle ?

Vraiment ?




Le Contrat - {Sous contrat d'édition}Sortie le 18 juillet avec TéléStar...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant