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Nous arrivons à l'hôpital et on se dirige au premier étage. Nous allons dans la salle d'attente du médecin qui me prendra en charge durant mon hospitalisation. Tout d'abord il me mesure, me pèse et prends ma tension. Je pèse toujours vingt-huit kilos. Ils nous explique qu'on va me mettre une sonde dans la journée. Je devrais la brancher avant de m'endormir et dans la matinée. Il explique aussi qu'on va mettre en place un contrat de poids. À trente kilos, j'ai le droit d'aller étudier à "l'école de l'hôpital". Trente-cinq kilos j'ai le droit de recevoir de la visite uniquement de mes parents pendant deux heures un samedi sur deux. Quarante kilos, j'ai le droit de recevoir de la visite uniquement de ma famille tout les Samedis et je reprends mon téléphone. Quarante-cinq kilos, j'ai le droit aux permissions. Cinquante kilos, je peux sortir définitivement.
Les visites sont interdite avant trente-cinq kilos. Le sport est interdit avant la sortie de l'hôpital. On va aussi me donner des compléments alimentaire trois fois par jour. À croire que je suis une oie à gaver. Le chemin de la guérison va être long mais je ne veux pas mourir.
Je dis au revoir à mes parents qui partent et le médecin me fait visiter la structure. Elle est assez petite et se compose de vingt chambres dont dix chambres doubles. Il y a différentes types de maladie traités. Anorexie, boulimie vomitive et non vomitive, hyperphargie... etc. L'âge des patients varie entre quatorze et trente-cinq ans. Puis il m'emmène à ma chambre. C'est une chambre toute seule. Il y a une fenêtre qui donne sur le jardin de l'hôpital. Il y a lit, une télé, une armoire, une table de chevet et une salle de bain. Les murs sont blancs crème et propre. Il me laisse m'installer et reviendra après pour me mettre la sonde. J'ouvre ma valise au moment où une infirmière rentre dans ma chambre. Elle me prend mon téléphone et tout les objets électroniques. Elle me prend aussi tout les objets coupant et dangereux, lame, rasoir, déodorant et même foulard. Elle les place dans un baque au nom de "Honey, chambre 302". Elle m'explique que je pourrais reprendre ces objets soit au fur et à mesure ou alors à la fin de mon hospitalisation. Puis elle s'en va comme elle est arrivée et je peux donc défaire la valise. Je prends chaque vêtements que je range minutieusement dans l'armoire. Je suis un peu maniaque, je déteste le désordre. Une fois fini je contemple avec satisfaction l'armoire. Mes parent ont payés la télé donc je peux la regarder quand je le veux. Je remarque qu'il est déjà 11h30. Une infirmière accompagnée du médecin rentre dans ma chambre pour me mettre la sonde. Une demie-heure plus tard elle est installée. Ça fait bizarre de sentir un truc dans mon nez. Ce tuyau qui m'engraissera. Je n'ai plus de force que je m'allonger sur le lit en attendant le repas. Il arrive à 12h30, très ponctuel. Je n'ai pas faim mais vraiment pas.
Au menu il y a des carotte rapés, pâte, saucisse, emmental et danette chocolat. Le temps normal pour manger son repas est de trois quart d'heure. Je regarde mon plateau depuis bientôt ving-cinq minutes. Je ne l'ai pas touché. Il en ai même devenu froid.
Elle repasse dans ma chambre et je n'ai toujours rien mangé. Elle souffle l'air désespérée et prend mon plateau. Je l'entend dire à sa collègue "je ne sais pas comment elles font pour vivre ses minettes". C'est simple, j'ai arrêté de vivre. Je survie.

L'anorexie est quelque chose de très complexe. Tu y tombe dedans sans t'en rendre compte. J'ai longtemps nié être malade et encore aujourd'hui, je ne me considère pas vraiment comme tel. On dit qu'accepter d'être malade c'est déjà une grande avance dans la guérison. Mais est-ce qu'un jour je vais réussir à accepter le fait que je suis malade? J'ai du mal à prononcer ce mot de ma voix. A n o r e x i e. Huit lettres. Un mot. Une maladie. Des millions de victimes, notamment des filles. Je ne pensais pas tomber aussi bas. Je ne pensais pas devenir anorexique. Je me disais que c'était impossible que ça m'arrive à moi. J'aimais tellement manger. Et si, ça m'est arrivé. Aujourd'hui je suis avec une sonde dans le nez parce que je suis anorexique et que je suis tombé bien bas.

Mes journées se ressemblent toutes. Je ne peux pas aller aux activités manuelle car je suis trop faible. Je mange mes repas mais je ne les finit jamais. Je choisis toujours de manger les aliments les moins calorique.

Aujourd'hui c'est Lundi, ça fait une semaine que je suis arrivée ici et c'est le jour de la pesée. Je vais dans la salle d'attente du médecin et je vois plusieurs jeunes filles et garçons. Certains sont maigres, d'autres sont enrobés. Chacun est différent. Je ne les avait jamais vu au paravant vu que je ne sors jamais de ma chambre. Une jeune fille qui doit avoir à peu près mon âge vient s'assoir à côté de moi et lance la discussion.

«T'es nouvelle ici?
-Ça fait une semaine que je suis là.
-Je ne t'avais jamais vu avant.
-Normal, je sors jamais de ma chambre.
-Ah d'accord. Tu t'appelles comment?
-Honey et toi?
-Enchantée Honey, moi c'est Melinda. Mais tu peux m'appeler Mel.
-Enchantée Mel. Pourquoi tu es ici si ce n'est pas indiscret?
-Je suis anorexique et boulimique vomitive. Ça ne me dérange pas d'en parler. Et toi?
-Je suis anorexique, enfin, je crois.

Je vois le médecin sortir de son cabinet et appeler Mélinda.

-Je te laisse c'est à mon tour. Je suis dans la chambre 310 si tu veux me voir.»

Elle ressort de là vingt minutes plus tard le sourire aux lèvres. Je suppose que ça s'est bien passé pour elle, puis c'est à mn tout. Je rentre dans le cabinet pour la deuxième fois depuis que je suis ici.

«Bonjour Honey. Je t'en pris assis toi. Comment ça va?
-Ça va bien.
-Ça se passe bien avec la sonde?
-Euh oui. Mais c'est dur. Je sens la nourriture qui descend dans mon estomac. Des centaines de calories inutiles qui viennent. Parfois, j'ai envie de l'arracher et de péter un câble. J'ai envie de tout laisser tomber, de repartir et juste de me laisser mourir.
-Je comprends, c'est les effets de la sonde. Mais je pense que tu devrais voir une psy. Es-tu d'accord?
-Oui.
-Maintenant passons à la partie la moins drôle. Enlève tes vêtements et monte sur la balance s'il te plaît.»

28.5Kg s'affiche sur la balance. J'ai pris 500 grammes en une semaine.
Il m'explique que c'est très peu mais que c'est déjà un gros début. J'ai réussi à stopper la perte de poids mais  je dois manger plus et surtout finir mes repas. Il appelle sa collège psy pour prendre un rendez-vous. J'en ai un demain à 14h. Il me dit que je dois prendre 500g pour la semaine prochaine. Je ressors du rendez-vous mitigé. Est-ce que je vais réussir à prendre ce poids?

Non tu ne vas pas réussir car tu es qu'une nulle. Déjà que tu es grosse, tu ne vas pas encore prendre du poids. T'es folle! T'a vu comment tu as grossis? Avant que tu viennes toutes les deux ont étaient unis. Mais de toute façon je serai toujours en toi.

Oh non, Ana est revenue.

La guérison du mental. ||terminée||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant