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C'est l'histoire d'une feuille. Cette feuille a été marchée dessus. Elle a été bousillée et complètement détruite. Petite feuille est triste. Elle aurait aimé être heureuse mais elle est déchirée en mille morceaux. Un jour, une autre feuille lui vient en aide. Elle essaye de la reconstruire comme elle peut. Mais cette feuille ne pourra plus jamais être comme avant. Même si on l'a aidé, elle reste quand même brisée. Une seule goute qui fait déborder le vase et cette feuille se déchire encore plus. Elle reste encore fragile.
Je suis comme cette feuille. Je pense que je ne serrai jamais guérit. Certes, je pourrais aller mieux mais je pense que la guérison complète est impossible. Je ressemble à ces enfants des pays d'Afrique, que je voyais étant petite, dans les livres de géographie. Je ne ressemble plus qu'à un cadavre près de mourir. Le teint pâle, les cheveux qui tombent par touffe.
Est-ce que c'est vraiment ça que je veux? Est-ce que je veux vraiment passer toute ma vie dans un hôpital reliée à une sonde? Non. Je veux vivre. Je veux être heureuse. Je pouvoir faire du sport comme bon me semble. Je veux vivre pleinement ma vie. Je veux avoir un mari plus tard et des enfants.
Mais Ana m'en empêche.
Ana est le diminutif de l'anorexie.
Ana ou plutôt synonyme de souffrance.
Elle s'introduit dans ta vie sans que tu t'en rendes compte.
Elle te fait croire que c'est ton amie et qu'elle veut ton bien.
Jusqu'à aujourd'hui, je crois encore que j'ai besoin d'Ana.
C'est elle qui a été là. C'est elle qui a réussit à me soutenir et à me supporter après mon viol..
J'étais dépitée et elle était à la fois présente mais en même temps elle était absente. C'est complexe.
Je sais que c'est une maladie et pourtant j'ai encore besoin d'elle.
J'ai encore besoin de réconfort.
Mais est-ce que l'anorexie c'estvraiment le bon réconfort? Je ne pense pas.

Les jours passent et j'ai de moins en moins de force. Je ne sais pas combien de temps je vais encore tenir comme ça. Le médecin pense à augmenter la sonde et de passer à 3 poches de 500 calories par jour, en plus des repas. Repas que je ne mange quasiment jamais. Je le veux mais j'y arrive pas. C'est beaucoup trop dur. J'ai une boule dans l'estomac à chaque bouchée. Je me vois grossir et pourtant je stagne. Et puis il y a la culpabilité à chaque repas. Ah satané culpabilité! Toujours là en toi à te rappeller que tu as beaucoup trop mangé. Elle t'oblige à aller te faire vomir. Tu culpabise même pour une feuille de salade.

Mel vient souvent me voir. Elle me raconte toujours ses journées. Moi je suis bien trop faible pour aligner une phrase correcte. Elle est tellement belle quand elle sourit en me racontant sa vie avant l'hôpital. Chaque jour elle arrive avec un souvenir de plus. Elle arrive avec son parfum vanille et ses mots tout doux. Des petits messages d'espoir. Ça fait chaud au coeur. Elle a meilleure mine que quand je l'avais vu la première fois. Les médecins lui parlent même d'une permission chez elle.

Cela fait déjà un mois que je suis ici. J'ai repris deux kilos donc je suis actuellement à 30.5 Kg. Je trouve ça énorme. Mais au moins maintenant je peux aller étudier. C'est dans une salle le matin de 10h à 12h. L'hôpital s'est arrangé avec mon lycée pour que les professeurs m'envoient les cours et les exerxices. Ça me fait un peu d'occupation. Je peux maintenant faire les activités manuel aussi. C'est l'après-midi de 14h à 16h.
J'ai repris quelques couleurs. Mais ils ont quand même encore augmenter la sonde. Trois poches par jour de 500 calories. Je commence à m'habituer au bruit incessant de cette machine, aux calories inutiles qui tombent dans mon estomac, le bib-bib de ce truc relié à mon coeur. Si il bat pas assez ou qu'il bat trop ce machin sonne.

La vie à l'hôpital est si différente. C'est comme si le temps était arrêtée. C'est comme si dès que tu franchis le sueil de l'hôpital tu passe dans un monde parallèle. La vie dehors continue. Les gens vivent et sourient. Mais ici c'est pas pareil. Certains sont condamnés, d'autres se battent pour vivre et d'autres se laissent mourir.

Lundi matin.
Ce week-end Mel était en perm. Elle arrive au moment où je prends mon petit déjeuner. Elle m'a ramené des bonbons. Ça me fait super plaisir même si je sais que je ne les mangerai pas.
Au petit-déjeuner je bois deux gorgées de thé et une demie tartine de beurre. Pour certains c'est rien mais pour moi c'est déjà un énorme pas de plus. Je mangeais plus de beurre à l'état brut. Et le pain, jamais  au petit déjeuner.
J'essaye de remanger un peu à chaque repas. Le médecin est fière de moi. Mais le poids ne suit pas. Certaines semaine 100g de pris, d'autre 300g mais jamais plus de 500g.
Une fois mon petit déjeuner finit, j'attends un quart d'heure puis je branche la sonde. Je dois la brancher après chaque repas. Elle fait son travail et moi je regarde la télé.

Il est 9h30. La sonde a finit son boulot. Je prend mes vêtements et je pars me laver. Comme d'habitude je prends le moins de temps possible. Je ne supporte plus mon corps habillé alors à nu c'est dix fois pire. Legging, pull et chausson constitue ma tenue d'aujourd'hui. Je m'habille toujours simplement. Je descend dans la salle d'étude où déjà plusieurs personnes y sont. Je m'assois à une table toute seule. Une dame distribue des feuilles. Moi je reçois une enveloppe marron avec des feuilles d'exercices et une lettre de l'ensemble des professeurs. Je la lirai dans ma chambre.
J'ai toujours été très bonne en cours mais je n'étais pas ce genre d'élèves "intello". J'étais toujours au fond de la classe à envoyer des messages et écouter de la musique discrètement. J'ai eu pas mal d'heures de colle au collège mais moins au lycée. C'était un moyen pour que mes parents se rendent compte que je vais mal. Mais ils l'ont pas pris comme ça. Ils me répétaient sans cesse que je gachais mon intelligence avec ces "conneries". Je me suis un peu adoucie à mon entrée au lycée.

Je prends une feuille d'exercices de maths avec son cours et je commence.

Suite le Dimanche 07 Janvier.

La guérison du mental. ||terminée||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant