○ Sofia ○ Quelques semaines plus tard.
Assise sur le lit d'Antoine, le dos contre le mur et mon ordinateur sur mes genoux, j'étais venue chez Antoine pour travailler un devoir de philo. Quelques mèches me mangeaient le visage depuis que j'étais passée chez le coiffeur pour tout couper dans un carré mi-long. J'appréciais le calme qui régnait à cette heure dans son appartement, mais j'avais à la fois besoin de m'éloigner de chez moi et des regards constamment plein de peur et de pitié. Depuis le pique-nique, nous n'avons reparlé qu'une seule fois de ma maladie, des examens qui m'attendaient et de la manière dont allaient se dérouler, d'un point de vue médical, mon suivi pour les prochaines années. Je lui ai parlé avec toute la sincérité que j'avais et ne lui ai pas caché qu'il était hors de questions pour moi de passer des mois à l'hôpital et que je ne ferais que les examens minimum puisque de toute façon, si cette chose comme on l'appelait, devait se manifester, elle ne préviendrait de toute façon certainement pas. J'apprenais à vivre dans la conscience de la maladie dans en avoir peur pour autant. Il m'avait alors regardé en souriant, disant que la philo était bien plus qu'une matière au lycée apparemment.
- J'y arriverais jamais... lâchais-je dans un soupire en levant les bras pour m'étirer.
- De quoi tu parles ?
- Du concours, madame Dumont est persuadée que je peux y arriver mais j'ai de sérieux doutes tu sais ....
- Moi j'ai autant confiance en elle qu'en toi. Si elle dit que tu peux réussir il n'y a pas de raison pour que ça ne soit pas le cas tu sais.
Il y a quelques mois déjà, mon professeur d'histoire, madame Dumont m'avait demandé de rester quelques minutes après l'un de ses cours. J'étais alors été la voir près de son bureau alors que le reste de la classe se bousculait pour sortir et aller manger.
- Sofia tu te souviens l'autre jour j'ai parlé à la classe des concours et les prépas pour l'année prochaines, tu sais déjà ce que tu vas faire ?
- Je pensais aller en fac de philo ou quelque chose de ce genre. A vrai dire je ne me suis pas réellement posée la question de manière sérieuse pour le moment.
- Tu rigoles j'espère ? Tu as vu tes bulletins ? Pour toi c'est minimum la prépa ma grande, je ne vais pas te laisser aller en fac. Justement je voulais te proposer quelque chose. Tous les ans je propose à plusieurs de mes élèves de les aider à préparer un concours qui demande un certain niveau, que tu as. Si tu veux on peut en reparler un peu plus tard mais commence à y regarder si ça t'intéresse. Tu me rediras quoi la semaine prochaine. Tiens je te donne déjà quelques brochures qui datent de l'année dernière mais qui sont encore valable. Si tu as la moindre question viens me voir on regardera ça ensemble.
- Merci... Je vais y réfléchir.
Alors que je j'allais sortir de la salle, elle m'interpella une dernière fois.
- Oh ! Et Sofia ?
- Oui ?
- La fac, ce n'est pas pour toi je t'assure ! dit-t-elle avec un sourire bienveillant.
Encore sonnée, j'étais sortie de sa salle et le soir même je m'étais renseignée tout de suite quand à ce concours dont elle m'avait chanté les louanges. Peu après, suite à de nombreuses discussions avec mes parents, j'avais décidé d'accepter et de tenter le concours. Le seul point noir que j'y avais trouvé était qu'il se situait à une cinquantaine de kilomètres de la ville, ce qui signifiait qu'il me fallait trouver un logement pas trop cher. C'est à cette époque que je commençais à sortir avec Antoine qui me proposa de contacter son oncle qui avait plusieurs appartements qu'il louait à des étudiants pour un loyer modéré, s'il avait la garantie qu'ils étaient sérieux. Et c'est ainsi que tous les jeudis après-midi, accompagnée de trois autres élèves et de madame Dumont je me suis vue travailler pour l'un des concours les plus sélectifs qu'il soit. Et plus les semaines passaient, moins j'avais confiance en moi. Le concours était dans à peine une semaine et je ne me sentais toujours pas prête, bien qu'Antoine et madame Dumont m'affirment le contraire dès qu'ils en ont l'occasion.
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Parce que la solitude rend fou...
Romance" Si elle s'en va aujourd'hui j'en crèverais. Je dois agir. Et vite. La voiture de sa mère dans laquelle elle voyagera probablement va partir d'ici une heure. Je ne peut pas la laisser partir à l'autre bout du pays sans lui parler avant qu'elle part...