•• Chapitre 11 ••

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• Antoine •

J'étais donc à 15 heures devant la mairie. Je vis plusieurs voitures s'arrêter sur le grand parking, puis, des gens vêtu de noir se diriger vers le trottoir d'en face pour traverser les grilles... Du cimetière de la ville. Ce que j'avais toujours trouvé paradoxale quand on y pense. Mettre un cimetière en face d'une mairie, un lieu où l'on célèbre, généralement, le mariage ou la déclaration à l'état civil d'un nouveau né, en face d'un lieu où l'on pleure nos proches disparus. Je compris alors peu à peu pourquoi je me trouvais là. Rose n'allait pas mieux, au contraire. Elle était morte. J'attendais alors qu'une nouvelle voiture se gare, puis je suivi les gens de loin, restant en retrait sans me faire remarquer. L'aumônier commença son discourt. J'aperçois enfin Sofia. Quelque chose à changé dans son regard. Elle a les yeux rouges, un peu gonflés, mais elle est toujours aussi belle. Je laisse les gens partir les uns après les autres sans quitter Sofia des yeux. Elle semble s'écrouler, atterrissant sur les genoux, les mains sur le visage. Je lui laisse plusieurs minutes pour faire le vide en essayant de ne pas me faire voir. Puis, lorsque ses sanglots semblent se calmer. je m'avance vers elle à pas lents...

• Sofia •

Je sens la boue me coller aux genoux mais je m'en fiche. Pleurer me fait un bien fou. Je sens les gouttes humides rouler le long de mes joues. Les minutes passent sans que je réussisse à me calmer. J'ai les poumons en feu et les doigts gelés. Lorsqu'enfin les larmes cessent peu à peu de couler, je n'ai pas la force de me relever. Alors que je sens petit à petit la fraîcheur de l'air ambiante m'envahir, une main chaude se dépose doucement sur mon épaule. Quand je lève la tête, je vois Antoine. À travers son regard je peux lire sa peine, et sans doute quelque chose comme de la pitié. Il reste à me regarder quelques secondes puis retire sa main de mon épaule pour demander la mienne. Sans un mot et sans quitter son regard je pose ma main dans la sienne et m'aide à me relever. Une fois debout je réajuste le bas de ma robe. Mon regard se perd dans le sien. Plus je le regarde plus je sens cette vague remonter. Partant du creux de l'estomac jusqu'au bord des yeux et je sens une perle humide se détacher de mon visage. Antoine fait un pas et m'entoure de ses bras. Je me plonge dedans, répondant à son étreinte, ma tête dans le creux de son épaule.

" Je suis tellement désolé... " murmure-t-il. Je sens sa main passer doucement de haut en bas dans mon dos. " Je suis tellement, tellement désolé pour ce qui est arrivé à ta sœur. " murmure-t-il une nouvelle fois. Je sens sa poitrine se soulever puis rester en suspens, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose qu'il n'osait pas dire. Sa poitrine s'affaisse tandis que son souffle passe tout près de mon oreille. Ses mains attrapent les miennes pour me détacher de lui. Je recule alors un peu tandis qu'Antoine prend mon visage entre ses mains. Il essuie lentement mes joues de ses pouces.

- Je sais que c'était... Que c'est une situation difficile à vivre, mais pourquoi tu ne m'as pas mis au courant ? J'aurais pu être la pour toi...

Ses paroles me réchauffent un peu le cœur mais aucun son ne parvient à sortir de ma bouche. Je hausse les épaules en secouant la tête. Il esquisse un sourire et je me replonge dans ses bras.

• Antoine •

Après plus d'une demi-heure passée debout sur la pelouse humide, j'ai enfin réussi à sortir Sofia du cimetière. Nous avons marché un moment en silence avant d'arriver à un café ou nous avons pris une table près d'une fenêtre. Un serveur d'une trentaine d'années arrive à notre table, un bloc note dans la main et un plateau sous le bras.

- Je vous sert quoi les jeunes ?

- Qu'est-ce tu prends ? demandais-je à Sofia en souriant timidement.

- Un thé, répondit-elle à l'intention du serveur.

- Alors un thé et un café s'il-vous plait.

Quelques minutes après nous avions chacun devant nous une tasse fumante. Je savais qu'il fallait que je dise quelque chose pour tenter de la faire sourire. Mais je ne voyais pas ce qui pourrait lui remonter un peu le moral.

- Je vous admire tu sais... Vous êtes une belle famille et vous avez l'air d'être proches...

Sofia rit nerveusement en tournant sa cuillère dans sa tasse de thé dans laquelle elle viens d'y plonger un morceau de sucre. Elle me regarda un instant puis elle replongea son regard dans le vague.

- C'est vrai, on est une belle famille. D'ailleurs, Rose n'est pas ma seule petite sœur...

- Oui, il y a ton grand frère aussi non ?

Elle me regarda à nouveau comme si elle hésitais à me dire quelque chose.

- Mes parents on eu en tout six enfants, je suis la deuxième, j'ai bien un grand frère, un petit et ...

Elle inspira profondément en levant les yeux vers le haut pour ne pas laisser de nouvelles larmes couler sans doute.

- Et j'ai trois sœurs... Toutes plus petite que moi. On est en quelque sorte une famille nombreuse alors on s'aide beaucoup et donc on est très proches.

Elle pose sa cuillère et soulève sa tasse pour avaler une gorgée de thé, puis elle la repose et me regarde en silence.

- Je n'aurais jamais imaginé que tu avais une aussi grande famille.

- Je sais. Mais les gens paniquent généralement quand je leur dit et c'est pour ça que j'ai du mal à en parler au début. Je me suis accrochée à trop de gens qui se sont enfui devant ma famille... Alors je n'avais pas l'intention de t'en parler à cause de ça...

- Pourquoi est-ce que je paniquerais ? Au contraire, je t'envi même un peu, chez moi ça ne se passe pas du tout comme chez toi...

Elle baissa la tête en regardant le contenu de sa tasse encore fumante. On continue à discuter pendant un long moment. Si long que le soleil a eu le temps de se coucher. Quand nous sortons du café quelques heures et quelques boissons chaudes plus tard, le vent glacial nous frappe le visage. Je raccompagne Sofia jusque chez elle tout en continuant notre conversation. Lorsque nous somme arrivés devant chez elle, elle se tourne vers moi, les yeux encore rougis par le chagrin.

- Merci beaucoup pour cet après-midi, me dit-elle en souriant timidement, j'espère qu'on pourra se refaire ce genre d'après-midi ensemble... Dans des circonstances un peu moins ... Enfin bref tu vois de quoi je peux parler.

Je m'approche d'elle et l'attire tout contre moi. Elle répond à mon étreinte en me serrant dans ses bras.

Quand nous nous détachons, elle emprunte le petit chemin menant à sa porte d'entrée puis disparaît derrière la porte après m'avoir adressé un signe de la main.

Voilà pour ce chapitre, un petit peu plus long que les autres.
Si vous avez des questions n'hésitez pas à me les poser !

Et ... Partagez ma fiction ça me ferait plaisir. :)

Merci.

Love.

Parce que la solitude rend fou...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant