Sur les murs assombris par la nuit se diffusaient des rayons lumineux, projetés par la faible lueur de la bougie presque à bout de souffle. Anna était hypnotisée par les vacillements de la flamme, sa chaleur se propageait dans son corps, une chaleur douce et apaisante. Elle était dans une bulle, sa peau était moite, la cire coulaient sur ses bras comme de l'huile jusqu'à ce qu'elle en soit entièrement recouverte. Son esprit embuait, devenait lent ; la cire ambrée semblait plus liquide, plus chaude. Une lente brulure la consumait, les flammes se répandaient, elles l'entouraient ; l'air se faisait rare. Elle était emprisonnée, le plancher sous ses pieds craquaient et se fissuraient sous la chaleur intense du feu, elle criait et toussait, les larmes sur ses joues laissaient une fine bande couleur peau qui contrastaient avec le reste de son visage, recouvert de suie. La peur l'envahissait, les pupilles dilatées, elle scrutait autour d'elle sans trouver la moindre issue. Les flammes emplissaient la pièce vide, elles l'empêchaient d'atteindre la porte, Anna titubait, tout était flou ; à quatre pattes, elle recrachait les cendres et la poussière, elle était seule en enfer. Un voile noir troubla sa vue, elle ne pouvait plus bouger, couchée, agonisante, elle était à leurs mercis ; les flammes la dévoraient, elle sentait le tissu de ses vêtements fondre et se mêler à sa peau.
...
Un jet d'eau glacée lui fouettait le visage, elle était submergée, pétrifiée ; ses mains agrippèrent les rebords glissants de la baignoire. Les gouttes qui tombaient de la pointe de ses cheveux humides, provoquaient une onde qui se répercutait en formant des petites vagues circulaires à la surface de l'eau gelée. Elle respirait bruyamment, sa poitrine se soulevait comme si elle allait exploser en des milliers de petites bulles en fusion. Elle reconnue la mosaïque ethnique de sa salle de bain. Elle sentait les doigts de Jacob enlacer les siens, sa voix était loin comme perdue entre le crépitement et le souffle des flammes, son prénom résonnait dans sa tête « Anna, Anna, Anna, Anna ». Egarée entre le tourbillon de l'eau gelée, de la chaleur intense de l'incendie, de la cire encore bouillante qui l'enrobait, de ses cris et ceux de Jacob, elle se laissa glisser.
...
La douceur de la couverture lui donnait des frissons, si elle n'avait pas eu cette odeur si particulière de jasmin, Anna n'aurait pas pu deviner qu'elle se trouvait dans son lit. A côté d'elle, le matelas était affaissé, elle se retourna délicatement, Jacob l'a regardait, elle pouvait voir son inquiétude dans son petit sourire figé. Il effleura sa joue de porcelaine avec précaution comme si elle pouvait se briser à tout instant entre ses mains. « Tu étais brulante, je ne savais pas quoi faire, Anna tu tremblais tellement.. » murmura Jacob jusqu'à ce que sa voix s'éteigne. Anna se rapprocha subitement, enroula ses bras autour de sa nuque et colla sa bouche sur ses lèvres, il avait un gout de sucré et d'amertume, comme un mélange de caramel et de chocolat noir. Il ne pouvait s'empêcher de rire, soulagé ; il l'a serra contre lui, fort, même un peu trop ; en enfouissant son visage dans ses longs cheveux bruns.

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Les yeux d'Anna
General FictionLa plupart des gens aiment la compagnie, ont des amis, de la famille sur qui se reposer. Mais quand tous le monde vous tourne le dos pour se que vous êtes, il vaut mieux avoir été habitué à la solitude. Nous caractérisons nous pour ce que nous somm...