Je suis née une seconde fois un 31 décembre.
Il faisait froid, je regardais dehors depuis mon lit, tout était recouvert de givre. C'était beau, calme et serein. La nature semblait morte pourtant il n'y avait là aucune tristesse, cette mort portait en elle mille promesses car tout recommencerait à la fin de l'hiver, comme toujours.
Il était à côté de moi, j'entendais sa respiration, il dormait profondément. Ce son régulier et familier aurait dû m'apaiser, me rassurer, me remplir d'amour et de paix et pourtant, c'était exactement le contraire, j'étais tétanisée et sa seule présence me glaçait.
Sa respiration, comme un métronome fatal, battait la mesure de ma silencieuse agonie.
C'est là que j'ai compris que si ça continuait, je ne tiendrais pas jusqu'au printemps.Un matin d'hiver j'ai choisi de vivre et j'ai enfin décidé de le quitter.
Ce ne fut pas facile. Cela faisait bien longtemps que j'y pensais. On s'était aimé follement, passionnément, de manière fusionnelle. De notre amour sont nés trois enfants que j'adore, mais très vite notre relation s'est transformée et elle ne fut plus qu'une succession de crises, de disputes, de larmes.
Je partageais la vie d'une bête monstrueuse qui n'avait de cesse de me torturer. Il alternait à la perfection les rôles de victime et de bourreau ; savait souffler le chaud et le froid ; distillait son venin insidieusement dans mon corps et dans mon âme.
Je survivais entre chaque crise, mais petit à petit, je commençais à m'étioler, à m'effacer, je n'étais plus moi-même et vivais dans la peur de ses réactions. De moi ne subsistait plus qu'une ombre, un fantôme. J'anticipais, le ménageais, je m'épuisais.
À bout de force, j'avais perdu toute confiance en moi, c'est peut-être pour cela que je ne suis pas partie avant ou bien simplement par amour.
Pourtant, je ne trouvais même plus de plaisir dans nos relations intimes, alors que le sexe avait toujours été important pour moi. Je ne faisais plus l'amour, je remplissais mécaniquement mon devoir conjugal et pour être honnête, j'évitais par tous les moyens possibles que cela soit trop souvent.
Mais quand l'amour s'en va et que l'autre ne vous inspire plus que de la pitié, du dégoût et finalement une terrible indifférence ; que l'idée qu'il vous touche vous devient insupportable ; que vous avez peur de lui, alors il temps de réagir et de choisir entre vivre ou mourir.
J'ai choisi de vivre pour mes enfants et pour moi. Il me le fait encore payer aujourd'hui car il ne supporte pas d'avoir perdu son jouet, mais la liberté n'a pas de prix et sa saveur est incomparable.
Un bon job, une carrière intéressante et prometteuse, des enfants merveilleux, une certaine indépendance financière qui me permet de m'assumer et d'assurer à mes petits une existence simple mais confortable. Je n'ai plus rien à prouver à personne, pas de pression sociale, je vis pour moi et pour mes anges.
La séparation est certes douloureuse, c'est un échec et il faut faire le deuil de la relation.
Pourtant la séparation pour moi, c'est avant tout une chance, une chance de pouvoir recommencer en sachant ce que je veux et surtout ce que je ne veux plus.La semaine et un week-end sur deux, je suis une mère aimante, disponible, attentionnée ; je profite de chaque minute passée avec mes petits, mais un week-end sur deux, la mère laisse place à la femme.
Je suis à nouveau une femme à part entière, à l'écoute de son corps et de ses besoins...
Et c'est bien plus que vivre, c'est revivre : ressortir, renouer avec des amis, refaire du sport, faire de nouvelles connaissances, prendre du temps pour moi.
Le printemps est revenu dans ma vie.
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Les mots à fleur de peau (+18 ans)
General FictionFuir les maux qui n'ont pas de sens et retrouver le plaisir des sens à travers les mots. Après 10 ans de fidélité, Eva met fin à une relation toxique et destructrice juste pour survivre. Sortant assez peu, une rencontre virtuelle intense et inatten...