Romain 10

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Avais-je tort, avais-je raison?

Je n'avais pas envie d'y penser, je vivais le moment présent.
En plus, cela n'était pas prémédité, un simple enchaînement de circonstances, j'aime à penser que c'est le destin et qu'il ne faut pas lutter.

Il y a deux semaines, quand j'ai dit à Eva  que j'allais lui adresser un paquet et lui proposer une nouvelle expérience, je ne savais pas ce qui se passerait, je n'avais pas prévu tout ça.
La mission a été couronnée de succès et nous avons eus les résultats escomptés beaucoup plus tôt que prévu. Et donc, trois jours plus tard, j'étais dans l'avion, direction la maison, direction Eva...

Oui, j'aurais pu lui écrire, j'aurais pu l'appeler, bien sûr que j'aurais pu et puis quoi?  On se serait donné rdv dans un café et on aurait eu notre premier date. Non, notre histoire était trop fantasque, trop exceptionnelle pour que ça finisse ou commence dans un bar.
Eva avait droit à autre chose, au grand jeu.

J'avoue que cela m'a coûté! Dès que j'ai posé le pied sur le continent, je n'avais qu'une envie: la retrouver.
Elle m'obsédait, je pensais sans arrêt à elle, si Maxime que j'avais mis dans la confidence ne m'avait pas encouragé,  j'aurais craqué, c'est sûr.

Lui et moi avons retourné notre histoire dans tous les sens. La première évidence était que je devais respecter mon engagement de lui faire vivre une expérience inédite pour elle. La seconde, c'est qu'elle devait pouvoir la vivre pleinement et sans interférences comme je le lui avais demandé. Et la troisième, c'est que je voulais partager cela avec elle, mais vraiment cette fois-ci.

C'était un peu tordu, je l'admets, mais j'avais confiance en Eva, en notre complicité, en notre Amour. On ne se l'était pas encore dit, mais j'en étais sûr et ça aussi c'était une évidence, je l'aimais profondément. Et je savais qu'elle ressentait la même chose que moi car lorsqu'elle avait disparu, puis m'avait fait marcher, c'était simplement parce qu'elle nourrissait des sentiments à mon égard et voulait s'assurer des miens  à son endroit.

J'étais raide dingue de cette fille. Son côté fort et fragile, son indépendance et son envie de se soumettre (un peu), son sérieux et son côté tellement amusant, son côté petite bourgeoise et son côté très coquine.

J'avais envie de la protéger, de l'aimer, de la porter, de m'épanouir à ses côtés et de la voir s'épanouir jour après jour.

Je ne savais pas quoi faire et c'est Maxime qui a échafaudé le plan, il a tout pensé dans les moindres détails.
Il est venu me chercher à l'aéroport et m'a logé chez lui.

Comme j'étais sensé être toujours en pleine mer et inatteignable, j'avais interdiction formelle de me connecter à quoi que ce soit, je devais rester invisible, incognito et dans notre monde digital, ce n'est pas facile!
Maxime m'a donc prêté un vieux tel et m'a acheté une carte prepaid pour les urgences puisque j'étais cloîtré chez lui, assigné à résidence la plupart du temps. De cela dépendait le succès de notre plan. La seule exception qu'il m'accorda fut de me cacher dans la camionnette lorsqu'il livra les fleurs à Eva.

Elle était si belle, pas de maquillage, pas d'artifice, naturelle. La surprise sur son visage, l'émerveillement lui allaient si bien.
C'était la seconde fois que je la voyais en vrai, mais c'était comme si je la connaissais, comme si je l'attendais depuis toujours.
J'avais hâte que l'on se retrouve et que l'on soit enfin ensemble.

Ces 3 mois, ces quelques défis, ces expériences lui auront rendu sa confiance en elle, j'en suis sûr. Et je la voulais confiante, forte et indépendante.
Je voulais être son « bonus », pas sa béquille, pas quelqu'un pour ne pas être seule.

Je voulais que dans la vie formidable qu'elle s'était construite avec son travail, sa famille, ses enfants, elle me voit comme la cerise sur le gâteau. Que je sois sa respiration, sa parenthèse, son îlot de paix et de plaisir(s).

Après ma rupture avec Karine, j'étais anéanti.
Surtout quand elle m'a annoncé qu'elle partait avec notre fille, Oriane, pour vivre à Dubaï.
Pendant 5 ans, je n'ai vu ma puce que pendant les vacances, je voyageais souvent pour le travail et je ne pouvais donc rien exiger, juste accepter.

Ça a pris du temps, mais j'ai réussi à me reconstruire et à lui pardonner et surtout j'ai atteint cette paix intérieure que je souhaite à tout le monde.

Seules trois choses comptent: le respect, l'amour et le pardon.

Au début, j'ai souffert à cause du passé, puis j'ai souffert à cause de mes peurs. Je n'arrivais pas à vivre le moment présent.
Et puis un jour, j'ai rencontré Franck Nicolas et il m'a montré la voie.
Il m'a dit cette phrase qui m'a libéré: « Refuser d'aimer par peur de souffrir, c'est comme refuser de vivre par peur de mourir ».

Ce jour-là ma vie a changé.
Je sais ce que je veux d'une relation. Pour moi, tout doit être simple, naturel, aller de soi.

Personne n'appartient à personne. Être le « bonus » de quelqu'un, quoi de plus beau.

Ma théorie est la suivante: quand tu n'as aucune contraintes matérielles qui t'attache à l'autre, alors là, chacun devient un « bonus ».

Tu n'as ni loyer, ni enfants, ni crédit hypothécaire en commun. Tous les matins, tu te lèves, heureux d'être en vie, et tu CHOISIS l'autre encore et encore.
N'est-ce pas magnifique d'être choisi ainsi jour après jour?

Les contraintes, on les a au boulot, avec les enfants, avec nos ex, avec la société.
L'Amour doit être sans contrainte, il doit être inconditionnel et évident.
Bien entendu, c'est plus facile dans le cas d'une deuxième vie et je considère que c'est une grande chance que j'ai.

J'étais persuadé qu'Eva, même si elle avait encore des peurs pouvait être mon « bonus ».
Me restait à savoir si nous étions vraiment compatibles physiquement car pour moi le plaisir sexuel avec sa partenaire et pour elle est fondamental.

C'est en cela que notre plan était parfait.

J'avais connu des filles et des femmes qui étaient des amantes fantastiques, mais qui ne savaient plus se lâcher dès qu'elles avaient des sentiments. Il était possible qu'Eva soit comme ça et je voulais qu'elle puisse dépasser cela.
Et là, les dés étaient jetés, nous étions 12...

Les mots à fleur de peau (+18 ans)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant