Se masquer

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Plaisir et volupté
« Lace & Masks »
Jeudi 15 septembre 2016
19h30
M.

Je tournai et retournai l'invitation dans tous les sens, il n'y avait rien d'autre, pas de numéro pour répondre, pas d'autres précisions, j'étais livrée à moi-même. Et pas moyen d'atteindre Romain.

15 septembre? Mais c'était le lendemain !!
Une bouffée de panique rapidement remplacée par une immense excitation monta en moi.
Ça y était, pas moyen de reculer. Tout cela avait été orchestré de mains de maître, celles de MON maître. Ne pas me laisser le temps de réfléchir et savoir que je relèverais le défi.
En même temps, j'étais en proie à des sentiments mitigés. Jusqu'à maintenant j'avais adoré tout ce que j'avais expérimenté, mais quelque chose avait changé et je ne savais pas très bien ce qui se passait en moi.

Non, ce n'était pas exactement cela. Je SAVAIS TRÈS BIEN ce qui se passait en moi, j'étais juste terrifiée de l'admettre.

Romain avait brisé ma carapace par ses mots si bien écrits, si vrais, si beaux. J'étais amoureuse. Toutes mes bonnes résolutions de ne pas m'attacher, pfouiiit, parties en fumée...
Certes, j'avais envie d'aller à cette soirée, de voir ce que c'était, au moins une fois dans ma vie.

La vraie question était: le ferais-je pour moi-même, parce que j'en avais envie ou pour Romain qui semblait emballé et s'était donné tant de mal pour me faire inviter et tout organiser.

Toute à ma réflexion, mon regard fut attiré vers un livre que j'avais commencé « Le pouvoir du moment présent »*.
Je l'ouvris au hasard: « L'essence même de la philosophie zen consiste à avancer sur la lame de rasoir qu'est le présent, à être si totalement et complètement présent qu'aucune souffrance, rien qui ne soit en vous en essence, ne puisse survivre en vous. Le temps étant ainsi absent, tous vos problèmes se dissolvent. La souffrance a besoin du temps : elle ne peut survivre dans le présent. »

Instantanément je me sentis mieux.
J'avais envie d'y aller, de vivre pleinement et entièrement cette expérience, de saisir cette opportunité et de le faire pour moi et moi seule. Si cela faisait plaisir à Romain, alors tant mieux, ça serait un effet collatéral positif.

J'avais mille chose à faire, dont organiser la garde des enfants pour le lendemain, je ne pris donc que quelques instants pour essayer l'ensemble, la cape et les escarpins. Tout était comme fait sur mesure. Et je dois dire que cette tenue m'allait plutôt bien.

La seule ombre au tableau était le masque. Il était très beau, mais il me dérangeait, je ne me sentais pas à l'aise et j'avais peur de ne pas être suffisamment libre de mes mouvements si j'avais sans cesse peur de le perdre.

Bah, je trouverais bien une solution.
Le lendemain, j'avais réussi à caser chacun de mes enfants pour dormir chez l'un de leurs amis et en prime, j'étais devenue la « meilleure maman du monde et même de l'univers ».
La soirée et la nuit m'appartenaient.

N'ayant aucune instruction, je décidai de revêtir par dessus mes dentelles un petit caraco en satin bordé de dentelles noire et rouge et une jupe crayon élégamment et discrètement fendue jusqu'au milieu de la cuisse. J'avais évidemment paré mes jambes avec des bas.
Pour le masque, j'avais opté pour un savant maquillage maison, le masque était ainsi directement sur ma peau et je n'avais aucun risque de le perdre tout en étant parfaitement méconnaissable.

Cela était du plus bel effet et j'étais vraiment fière du résultat, mes yeux étaient mis en valeur et ma bouche rouge carmin qui rappelait la couleur de la cape mettait une touche finale très glamour à ma tenue.

Les mots à fleur de peau (+18 ans)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant