Revivre

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En le quittant, je me suis épanouie.

J'ai toujours eu un certain succès ; on me disait sensuelle et plutôt attirante et avant de connaître mon mari, je préférais choisir mes partenaires en prenant l'initiative de la rencontre.

L'avantage à cela, c'est qu'ils me plaisaient, l'inconvénient c'est que je ne savais pas s'ils étaient avec moi parce que je leur plaisais aussi, parce qu'ils étaient flattés, juste par facilité, ou tout simplement parce qu'un coup ne se refuse pas.

Je ne m'attachais pas. Jamais.

Puis un jour, j'ai rencontré mon ex. Il était beau et il avait l'air doux et gentil. Son copain me draguait, mais c'est à mon ex que j'ai laissé mon numéro. On s'est revu le lendemain, tout était facile, naturel, on était comme deux âmes sœurs, on est très vite tombés amoureux, on avait à nouveau 15 ans, on rigolait, on ne pouvait pas se passer l'un de l'autre.

Moi qui n'avais jamais été très sûre de moi, j'étais enfin aimée et cet amour passionnel, fusionnel me transportait de joie.
Tout était si merveilleux. Il était sportif, il aimait sortir, il aimait voyager, il avait des goûts simples.

J'aurais dû me méfier. C'était trop beau pour être vrai.

Mais la femme amoureuse que j'étais n'a rien vu venir et lentement, insidieusement, sournoisement, le piège s'est refermé sur moi.

Il y a eu pourtant mille signes, des centaines d'indices, mais je n'ai d'abord rien vu, puis j'ai fermé les yeux pour ne pas voir et enfin, j'ai baissé la tête et là c'était déjà trop tard.
"Pervers narcissique", il paraît que c'est comme ça qu'on les appelle...

Ça a commencé par des petites remarques, des mini critiques cachées vicieusement derrière des compliments, des reproches en privé et des louanges en public. Il soufflait le chaud et le froid, faisait des scènes, mais revenait toujours en s'excusant... « même si tu l'as quand même cherché».

On perd pied, on se remet en question, on lui pardonne parce qu'on l'aime et... « qu'on l'a sûrement un peu cherché ».

Il était si habile et si manipulateur.

J'ai rendu mon appartement et j'ai emménagé dans le sien. J'ai tout de même refusé d'acheter avec lui, malgré sa proposition, un réflexe de survie sans doute, une intuition.

Et puis j'ai voulu le quitter, mais il m'a proposé le mariage et l'amour éternel, lui qui ne pourrait jamais vivre sans moi. Et j'ai accepté.

Et puis certaines choses ont commencé à vraiment me déplaire, mais il avait de si bons côtés qu'au lieu de le quitter, j'ai voulu avoir un enfant avec lui.

On a décidé ensuite de se marier dans la plus stricte intimité.
Je n'avais que mon témoin, ma famille très proche et mon gros ventre de femme enceinte et là, à ma plus grande surprise, tous ses amis ont débarqué. Et même si je n'ai pas très bien compris pourquoi, même si j'avais un goût un peu amer, n'était-ce pas un jour merveilleux?

J'aurais dû m'écouter.

Ensuite le bébé est arrivé et mon mari n'était plus le centre de mon monde. Il a eu du mal à l'accepter et c'est devenu plus difficile de jour en jour.
Mais c'était trop tard. Mariée et maman, comment aurais-je pu me plaindre?
Je l'avais choisi, après tout!

Alors, j'ai supporté et comme j'étais fatiguée, j'essayais de tout faire pour espacer les crises, les minimiser, les éviter.

Pour ça, je me suis coupée de mes amis, je ne sortais plus, je me suis effacée, oubliée, je suis devenue transparente, je ne disais plus rien... Je le ménageais non pas pour lui, mais juste pour me protéger.

Les mots à fleur de peau (+18 ans)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant