Le Gardien de Denescor - le Mystérieux Troll du Nord

Chapitre 1 - Les Rôdeurs Noirs du Nord

Il fit un pas de plus, un pas de plus dans la neige avant de s'arrêter à l'entrée de la ville. Ses bottes de cuir, bien entretenues malgré le temps, était légèrement couverte de neige. Son long manteau noir, usé par le temps, flottait au gré du vent. Son arc, rangé, retenait une partie de son habit de subir les volontés de cet air glacial.

Il observa ce qu'il avait devant lui.

La grande ville du Forochel n'avait rien de splendide. Il s'agissait d'un bourg de pécheurs où les maisons, maltraitées par le froid et l'humidité de la neige, s'entassait dans une organisation aléatoire. Des gardes patrouillaient et surveillaient les points stratégiques. Le numénoréen remarqua que tous semblaient à cran, comme s'ils pensaient que leur vie était amplement en danger. Plus qu'à l'habitude en tout cas. Il se tourna à droite et lança un regard complice à son acolyte s'y trouvant. Lui aussi, tout de noir vêtu et maintenant sa main sur le pommeau de son épée rangée, avait remarqué l'attitude des habitants du Forochel.

On ne les avait visiblement pas appelés pour rien.

Le groupe de dix rôdeurs s'avança dans la ville. Ils étaient scrutés par les passants, n'ayant pas l'habitude de voir de tels individus passer chez eux. Certains étaient rassurés, d'autres inquiets. Byzedo et son groupe n'avait pas bonne réputation.

Il avait quitté la région d'Angmar depuis longtemps et subsistait surtout par le pillage et le racket des populations. Bien loin d'être un de ces dúnedain, derniers vestiges de l'illustre royaume d'Arnor, les rôdeurs d'Angmar n'avaient que faire de l'honneur, du devoir ou d'autres faiblesses des hommes de l'Ouest.

En tant normal, il aurait ignoré la requête du seigneur du Forochel. Mais une intuition lui avait soufflé de s'y intéresser. Ils arrivèrent devant une grande baraque rustique. Le toit était blanc bien que ce ne soit pas sa couleur naturelle, l'ensemble était en bois. Le bâtiment semblait n'être qu'une seule pièce surélevée.

Byzedo monta les marches avec ses compagnons. Elles étaient recouvertes de neige et les poutres de bois, fortement sollicitées par le froid permanent qui régnait ici, craquaient sous les appuis des rôdeurs.

A l'intérieur du petit palais se trouvait en réalité deux pièces. La première comprenait la moitié du bâtiment, elle était toute en longueur et au bout de celle-ci, un trône. Un foyer se trouvait non loin de ce dernier, réchauffant l'ensemble. Le seigneur, assis sur son trône et son conseiller à côté, avait été mis au courant de l'arrivée des rôdeurs :

-« Bienvenue, leur fit-il. Je me réjouis de vous voir accepter ma requête. »

-« Nous n'avons rien accepté, rétorqua Byzedo d'une voix rauque. Tout intervention demande que moi et mes hommes nous nous y attardions et tout travail mérite salaire. »

Il avait envoyé un regard plein de signification à son interlocuteur :

-« Votre messager nous a dit que vous étiez harcelé par un fantôme, poursuivit-il. Il n'y a aucun fantôme ici à ce que je sache. »

-« C'est le nom qu'on lui donne, rectifia le conseiller du roi. On le surnomme le Fantôme du Forodwaith. Nous n'avons que de rares descriptions de lui. Grand. Argenté comme la Lune. Terrifiant comme un démon. Blanc comme la neige. Brisant tout sur son passage. »

-« Poétique, lança sarcastiquement Byzedo. Mais vos habitants ne vous joueraient-ils pas des tours pour ne plus s'aventurer dans votre désert de glace ? »

-« S'ils revenaient, oui, répondit le seigneur. Mais après une vingtaine de disparitions et deux rescapés tenant des propos semblables, je pense qu'une créature rôde et surveille son territoire. Je ne peux pas envoyer ma milice qui doit protéger la cité. Je pense que vous seriez à la hauteur de notre problème. »