Épilogue - Le Collier des Rêves

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Elle sentait le froid autour d'elle, le vent glacial fondre sur son visage et son corps. Elle sentait le poids de son armure, elle sentait l'humidité de la neige à ses pieds...

Mais elle ne voyait rien.

Soudain, une voix retentit, provenant de derrière elle, une voix à la fois claire, qui chuchotait sans qu'elle n'ait de difficulté à l'entendre, une voix qui lui était familière, lui rappelant quelque chose qu'elle aurait préféré oublier :

-« Amalia..., souffla la voix. Amalia... »

Elle ouvrit les yeux.

Devant elle, un désert blanc se dressait, une vaste plaine recouverte de neige et balayée par le vent du Forodwaith... Comment le savait-elle ?

Ce ne pouvait qu'être ça... :

-« Amalia..., poursuivit la voix. Tu sais... »

La voix avait commencé à changer de timbre, pas assez pour qu'elle y voit une autre voix, mais suffisamment pour qu'elle le remarque. Elle se demandait ce qu'elle faisait là, elle était perdue dans le Grand Nord, loin de chez elle, lui rappelant de mauvais souvenirs :

-« Tu sais qui je suis..., fit la voix qui avait maintenant un timbre lui rappelant le Gardien de Denescor »

La voix venait clairement de derrière elle et Amalia se retourna.

Elle aperçut des montagnes au loin, prises sous la glace, lui rappelant vaguement celles visibles depuis l'Helerac. Elle fixa une demi-seconde celle en face d'elle, un double pic avec un large col entre les deux puis, soudain, les monts devinrent trois volcans en éruption, le vent glacial se transforma en chaleur suffocante et la lumière blanche de la neige laissa place à la noirceur de la pierre volcanique.

Elle se trouvait en haut d'un plateau, les volcans crachaient leur feu alors que des bêtes ailées semblaient tourner autour. Des bruits attirèrent son attention en contrebas, réussissant à passer par-dessus le son terrifiant de la rage de ce triplet en feu au loin. Des harangueurs de légions hurlaient des paroles qu'elle ne compris pas, paroles qui recevaient leur réponse. Elle regarda en contrebas en tournant sa tête à gauche et aperçut, traversant les morceaux de terres entre les ruisseaux de laves, des légions de soldats avancer à l'opposée des volcans. Avant qu'elle ne put penser quoi que ce soit, la voix reprit, venant de sa droite :

-« Je suis le passé... »

Elle se tourna pour apercevoir qui lui parlait mais se trouva nez-à-nez avec une tête d'homme au visage horrifié, posé sur un pic. Elle hurla de terreur et recula mais, alors qu'elle s'attendait à trébuchet de sa falaise et tomber, il ne se passa rien.

La surprise passée, elle prêta attention à ce qui l'entourait : elle était dans une ville en ruine, l'atmosphère était lugubre, reflétant une lumière pâle qui lui semblait verte, et des dizaines de corps jonchaient la large rue dans laquelle elle se trouvait. Ceux-ci étaient dans des états diverses, semblant écorchés, calcinés, démembrés... souillés. Des charognards devaient passer pour se débarrasser des restes, en profiter.

L'odeur vint alors à son nez, une odeur de décomposition mêlée au souffre. Elle se boucha le nez lorsque la voix reprit, derrière elle :

-« Je suis le futur... »

Elle fut tétanisée, ne pouvant se retourner.

Elle ne reconnut pas la ville, n'y prêtant pas attention et peut-être ne la connaissant véritablement pas, elle se cacha les yeux de ses mains pour arrêter de voir ce spectacle moribond, puis laissa ses genoux tomber au sol. Elle sentit alors ces derniers s'enfoncer dans la neige et le froid la gagna de nouveau. Surprise et légèrement soulagée d'avoir quitté l'horreur où elle était, elle écarta les doigts de ses mains pour voir où elle était.

Il faisait nuit et la pleine lune brillait intensément. Une immense plaine de neige se dressait de nouveau devant elle, mais cette fois-ci il y avait un mont au milieu.

Elle le reconnut, c'était le Mont Helerac.

Elle voyait les portes de la Montagne s'ouvrirent lentement, une lumière rouge chaude se dégagea de l'intérieur et la voix résonna de partout :

-« Je suis l'Ombre derrière la Lune de Glace... »

Elle aperçut une silhouette dans les ombres derrière la porte qui continuait de s'ouvrir. Une ombre semblable à celle d'un démon. Elle prit peur, se releva et recula tout en continuant de fixer cette ombre qui voulait sortir du Mont Helerac. Mais soudain, ses pieds se dérobèrent et elle tomba.

Mais alors qu'elle pensait toucher la neige, sa chute continua, lui faisant sortir un nouveau cri de frayeur, et elle tomba après quelques secondes sur un sol en pierres polies, avec un choc à peine plus important que si elle avait chuté de vingt centimètres. Elle se releva subitement et reconnut la salle :

la salle du trône du Ganacol.

Elle se trouvait à vingt mètres du trône en hauteur, seul dans la pièce, une silhouette de grande taille entourée d'obscurité lui faisait face, assise dans le trône, et à priori bien plus grande que le Seigneur Ilorg.

La silhouette, semblable à une ombre dans les ténèbres, lui parla. C'était sa voix, celle qu'elle entendait depuis le début :

-« Amalia... Amalia... tu sais... pourquoi me le cacher... »

Elle sentit soudainement son collier sur sa poitrine, baissa la tête pour vérifier et constata qu'elle était nue, ne portant que son bijou. Gênée, elle tenta de cacher sa poitrine et ses parties intimes de ses mains tout en reculant, cachant par la même occasion son collier.

La silhouette assise eut alors un regard terrible, comme si deux yeux rouges menaçant se dessinaient sur son visage d'ombre. Elle se redressa lentement de manière intimidante puis fondit à toute vitesse sur Amalia en hurlant d'un ton terrifiant :

-« Amalia ! Rends le moi !! »

Alors qu'elle ne voyait plus que les yeux rouges de son agresseur et qu'elle pouvait presque le sentir sur elle, elle se réveilla en sursaut, poussant un cri d'angoisse.

*

Elle était dans son lit, dans le palais du Moralix, dans la capitale d'Arvulli, Meridiz. La fenêtre était entre-ouverte, faisant profiter de la fraîcheur de cette nuit d'été.

Amalia, son cœur affolé, mit la main sur sa poitrine, vérifiant qu'elle avait toujours son collier. Elle se redressa légèrement et s'assit sur le rebord du lit. Son réveil brutal avait réveillé l'homme qui dormait avec elle qui se redressa légèrement. C'était Movan, l'ancien lieutenant du Gardien de Denescor :

-« Ça va ?, demanda-t-il inquiet »

-« Oui., répondit Amalia qui commençait à recouvrer son calme et tenait fermement son collier, le regard perdu devant elle. Ce n'est rien. Ce n'était qu'un cauchemar... »


F I N


La Suite dans le tome suivant : "Flèche d'Argent - l'Elfe errant du Rhûn"

Le Gardien de Denescor - le Mystérieux Troll du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant