Chapitre 5 - Frictions

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Les pierres se rencontrèrent, un violent mouvement les fit se frotter l'une à l'autre, recommençant, leur faisant faire des allers retour et, finalement, l'énergie de leur friction produisit des étincelles qui embrasèrent les brindilles situées en dessous :

-« Ca y est !, grommela un homme assis sur un rocher avec une lourde armure et s'appuyant sur son épée. C'est pas trop tôt ! »

-« Fermes-la !, lança celui qui venait d'allumer le feu. La prochaine fois tu t'y colles ! L'air ici est tellement humide qu'aucun feu ne tiendrait assez longtemps pour embraser toute une forêt. »

-« Mais qu'est-ce que tu baragouines ?, interposa le premier qui ressentait les premiers bienfaits du feu. Il n'y a pas de forêts ici... »

Et pour cause, s'il y eut un jour une forêt ici, elle fut rasée depuis des siècles lorsque cette région fut exploitée par le terrible Royaume d'Angmar. Non loin des ruines d'Himbar, une ancienne citée du fief du Roi-Sorcier, un groupe de soldats Numénoréens déchus préparait leur feu pour la nuit. Ils étaient dix, cinq épéistes portant fièrement leur ancienne armure de l'ère du Roi-Sorcier, trois archers de batailles, habiles de leurs arcs mais bien moins performants que de véritables rôdeurs et deux soldats aux armes plus rustiques. L'un d'entre eux venait de finir d'allumer le feu qui leur servirait pour la nuit.

Malgré la chute du sombre royaume du Nazgûl, les terres désolées d'Angmar étaient encore infestés de vermines, d'orcs, de gobelins et plus rarement d'anciens serviteurs de Carn Dûm, tels des Numénoréens Noirs. L'entité Homme gouvernant maintenant dans l'ancien Arthedain avait bien du mal à nettoyer cette zone éloignée de leur capitale et sans grand intérêt. Ainsi, de nombreux serviteurs du mal prospéraient en sérénité, errant entre les ruines, les montagnes et attendant leur heure. Cependant, une puissance grandissante ne comptait pas laisser ce potentiel se disperser ainsi et s'empressa d'y imposer son influence.

Alors que les Numénoréens allaient se préparer à manger leur repas du soir, seul véritable repas de la journée, un bruit les alerta. Leur chef, un grand guerrier portant un casque ressemblant au Roi-Sorcier et une armure lourde intégrale s'avança et lança d'une voix sombre et terrifiante :

-« Qu'est-ce que c'était ? »

-« Aucun importance, répondit le guerrier toujours assis. Certainement un animal ou un Gobelin attiré par la chaleur... »

-« Ne fais pas le blasé Movan, rétorqua le chef Numénoréen, tu sais que nous ne sommes plus seuls ici désormais... les pierres en témoignent, une présence tente de s'imposer... »

Le guerrier releva la tête d'un air dubitatif, il n'était pas dans les habitudes de son chef de parler sur un ton presque spirituelle. Cependant, il entendit de nouveau du bruit et prêta plus d'attention à ce qui l'entourait.

Sans bouger, il empoigna son épée et, lorsqu'il le sentit, se releva d'un bond en criant, se retournant et envoyant son épée découper en deux l'orc qui lui sautait dessus :

-« On est attaqué !, lança le chef des Numénoréens en sortant à son tour son épée »

Les orcs sortirent alors en trombe, au moins une vingtaine, et fondirent sur les hommes. Ils tenaient des épées rudimentaires ou de vieilles armes naines, portaient des armures rouillées par le temps et ne semblait pas capable de tenir tête.

Movan se remit en position et lança un coup net avec son épée, contrant l'attaque d'un orc avant de le désarmer avec une force inimaginable pour un homme de sa corpulence. Pris sur le fait, l'orc regarda éberlué le guerrier Numénoréen le décapiter avant de se concentrer sur un nouvel adversaire. Le chef du groupe n'avait pas plus de mal, son armure en fer d'Angmar résistait aux coups les plus violents et il ne se donnait même pas la peine d'user de ses meilleurs tactiques et se contentait de donner des coups brefs mais mortels ou de projeter ses adversaires trop ennuyeux d'un coup d'épaule.

Le Gardien de Denescor - le Mystérieux Troll du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant