Chapitre 5

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Depuis la porte de sa chambre, qui était restée ouverte, j'observe Ben qui galère pour enlever sa chemise sale. Comment sommes-nous arrivés là ? C'est à peine si on arrive à se parler deux minutes sans se disputer. Il n'y a pas  si longtemps, il me suivait partout. Et maintenant je le vois à peine.

— On dirait que le cheval t'a marché dessus, dis-je d'un ton détaché.

Ben se tourne vers moi, surpris.

— Et tes côtes, ça va ? dis-je.

Ben hoche la tête, méfiant.

— Je vais te chercher un sac plastique pour que tu puisses protéger ton plâtre et prendre une douche.

Il hoche de nouveau la tête, d'un air encore plus soupçonneux.

— Je pensais aller réparer la clôture, dit-il doucement.

Il traverse sa chambre en boitant et  regarde dans le miroir son visage abîmé.

— Laisse tomber, Harold le fera. Tu n'es pas en état de te battre avec un rouleau de barbelés. Dis-je.

— J'ai dit que je m'en occuperais, dit-il avec défis.

Reste calme, respire.

— Tu dois te reposer si tu veux guérir rapidement. D'ailleurs tu pourrais en profiter pour travailler un peu tes cours, ton professeur de math m'a appelé vendredi.

— Qu'est ce qu'elle veut encore ?

— Elle m'a parlé des devoirs non rendus et surtout du dernier qui compte pour la moitié de la note finale de l'année. Elle est d'accord pour te laisser encore deux semaines de délai. Elle voulait savoir si ce devoir te posait des problèmes. Je lui ai répondu que tu ne m'en avais pas parlé.

— Je n'aime pas les maths, je ne pige que dalle. Je n'ai pas besoin de savoir tout ça pour monter sur un cheval. Dit-il en haussant les épaules.

— Pour aller à l'université, si. Dis-je en essayant de cacher la colère qui montait.

— Je veux devenir professionnel de rodéo et ne pas passer ma vie dans un livre.

— Rien ne t'empêche de faire les deux. Tu peux aller à l université la semaine et faire du rodéo le week-end.

Encore cette même dispute... j'ai l'impression de me répéter sans arrêt. Pour une fois je décide d'en rester là.

— Tu veux un coup de main pour mettre l'écharpe ? dis-je pour changer de sujet.

Ben secoue la tête. Il essaie de glisser son bras plâtré dans l'écharpe en faisant une grimace. Je me retiens de rire. J'étais passé par là plus d'une fois. Je m'approche et glisse l'écharpe d'une main sous le plâtre.

— Le médecin t'a donné des anti douleurs ?

— Oui, j'en ai pris deux dans la voiture. Allyson me l'a conseillé.

Je me demande ce qu'elle a bien pu lui dire d'autre.

— Vous aviez l'air de bien vous entendre, tous les deux, dis-je. Comment l'as-tu rencontré ?

— J'attendais à la station-service qu'on me prenne en stop pour rentrer à la maison. Puis elle est arrivée...

Cette histoire paraît possible. Sauf qu'Allyson est une Patterson, ces gens-là sont prêts à tout.

— De quoi avez-vous parlé ?

— De pas grand-chose. Un peu de toi, et puis je me suis endormi.

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