Hate & Love

Chapitre 23

— New York ! Qu'est ce qu'il y a de si bien, à New York ? lui demandai-je un moment plus tard.

— D'abord, tu n'y es pas. Et pousse-toi !

Je m'écarte pour la laisser ouvrir le placard devant lequel je me tient. Je n'ai qu'une envie : la forcer à se rasseoir et à lui expliquer ce qui se passe, mais je ne fais rien. Ben ne tenait pas toute son obstination des Morley...

— Je ne comprends pas, dis-je.

— D'ici quelques heures, je serai partie. Ben et toi retrouverez votre vie normale. C'est assez facile à comprendre, non ?

— Non. Rien, avec toi, n'est jamais facile à comprendre d'ailleurs.

— Eh bien tu as raison. Je ne sais pas être mère. J'ai réussi à embrouiller Ben, qu'il ne sait plus où il en est. Tu dis une chose, moi une autre...

— Enfin Allyson, il te teste. Et il essaie de nous monter l'un contre l'autre pour voir ce qu'il a à y gagner. Les enfants agissent toujours comme ça, et ça ne signifie pas que tu es une mauvaise mère. Comme tous les adolescents ; Ben essaie de voir où se trouvent ses limites.

— Tout paraît si simple, avec toi...

Je suis soulagé de la voir enfin sourire. Un instant, j'ai même cru qu'elle avait changé d'avis .

— Préviens Ben que je passerai tout à l'heure lui dire au revoir, d'accord ? dit-elle.

— Tu ne m'as toujours pas dit pourquoi tu pars. C'est à cause de moi, n'est-ce pas ?

— En partie. Dès que nous sommes ensemble, nous faisons des étincelles. Je pensais que tu serais content que je m'en aille, dit-elle en souriant.

— Et Ben ? Il se demande encore si tu ne l'as pas volontairement abandonné à la naissance. Comment crois-tu qu'il réagira, cette fois ?

— Je lui dirai la vérité. Je lui dirai que je l'aime, mais que je ne peux ne pas rester. Je lui expliquerai que cela ne change rien entre nous.

— Et tu t'imagines qu'il va te croire ?

Ce n'est pas ce que je voulais, bon sang ! Pas du tout !

— Je ne peux pas rester, Alex. Je le sais depuis une semaine. J'ai fait semblant de ne pas le comprendre, mais l'accident de Ben... Il aurait pu se tuer, Alex. À cause de moi. Parce que je me suis mêlée de votre vie. Si je reste, je détruirai tout entre vous deux. Il finira par te détester. Et par me détester. Et toi aussi, tu me haïras. Or, je vous aime trop tous les deux pour courir ce risque.

— Tous les deux ? dis-je sous le choc.

— Oui. Tous les deux.

— Tu ne m'as jamais dit ça..

— Que je t'aime ? Tu vois, tu ne parviens même pas à dire le mot, dit-elle en souriant.

— Si, je peux !

— Mouais, dit-elle, il est assez facile de dire je t'aime » quand on ne le pense pas.

Je réfléchis à ça quand je la vois sourire de nouveau.

— Ne crains rien, Alex, je ne suis pas en train d'essayer de te retenir. Et je n'ai aucun regret. Chaque instant que j'ai passé avec toi en valait largement la peine.

Elle se remet à faire ses valises comme si ce qu'elle vient de dire ne changer rien. Je la regarde, la tête vide, m'efforçant de comprendre.

— J'aimerais avoir de ses nouvelles, de temps en temps, dit-elle d'une petite voix.