Je contemple avec satisfaction les géraniums rouges que je viens de planter. Cinq pots. J'ôte mes gants de jardinage et cesse de sourire. Qui espérai-je tromper ? Ça ne marchera pas. Et toutes les fleurs du monde n'y changeront rien.
Alex a dit la vérité. Je suis de trop. Il est encore temps de rentrer à New York. Charles et moi n'avons pas encore signé de contrat .
Un crissement de pneus me tire brutalement de mes pensées. La voiture de Charles pile dans l'allée. Il sort et a voir sa tête je comprends qu'il s'est passé quelque chose.
— Alex à téléphoner à The Oaks. Il te cherchait. Ça fait une heure qu'il essaie de te joindre ici.
— J'étais dehors. Que... qu'est-ce qu'il y a ? Dis-je affoler.
— C'est Ben, Allyson. Il a eu un accident. Je t'emmène à l'hôpital.
Le trajet me parut très long. Je n'entends que les battements de mon cœur et ma voix qui dit à Charles d'aller plus vite. Encore plus vite.
Il s'arrête devant les urgences. Je me précipite à l intérieur et repère de suite Alex qui se tient debout, très droit, prés du bureau des infirmières, la mine grave. Je m'arrête net, le souffle court. C'est grave, j'ai le pressentiment. Je ne le supporterais pas. Je ne supporterais pas de perdre mon fils une seconde fois...
Alex se tourne vers moi à ce moment-là, comme s'il a senti ma présence. Il approche et me tend ses bras. Je me laisse aller contre sa poitrine et éclate en sanglots.
— Ça va Allyson. Il n'a rien de grave. Il s'est cogné la tête sur le volant ; les médecins pensent à un léger traumatisme crânien et préfèrent le garder jusqu'à demain. Mais, à part une grosse bosse, il est sain et sauf.
— Oh, mon dieu, tu en es bien sûr ? Tu ne dis pas ça pour me rassurer ?
Alex me sourit. Si Ben était gravement blessé, il ne rirait sûrement pas.
— J'ai cru l'avoir perdu une seconde fois, dis-je en me serrant davantage contre lui.
— Non, je te promets qu'il va bien.
— Comment est-ce arrivé ?
— La voiture qu'il conduisait a fini dans un fossé à la sortie d'un virage.
— Il conduisait ?
Lentement je me libère des bras d'Alex.
— Il conduisait la voiture ? dis-je scandalisée. Mais il n'a que quinze ans, Alex, il n'a pas encore son permis. Qu'est-ce qui t'a pris de...!
— Il ne conduisait pas avec ma permission. Nous nous sommes disputés, il a pris les clés et avant que j'aie pu le retenir, il est parti.
— Où allait-il ? Dis-je alors que je le savais très bien.
— Ça n'a pas d'importance, dit Alex après une petite hésitation.
Si, pensai-je, si, ça en avait. Beaucoup.
— Je peux le voir ?
— Oui, dit Alex en désignant un couloir. Il est dans une chambre juste là.
Je m'approche de la porte et entre dans la chambre. Ben me sourit en me voyant.
— Bonjour, maman, dit-il tranquillement.
Je le sers contre moi de toutes mes forces. Maman, pensai-je les larmes aux yeux, il vient de m'appeler « maman ».
— Tu n'as pas intérêt à me refaire une peur pareille, compris ?
— Désolé. Je me suis fait peur, à moi aussi. Dit-il en baissant la tête.
— Tant mieux.
— J'ai demandé au médecin si tu pouvais participer à ce rodéo samedi, dit Alex, et il m'a assuré que, puisque tes bras étaient remis, il ne voyait pas ce qui t'en empercherait.
— Tu veux dire que c'est oui ? Que je peux y aller ?
Alex hausse les épaules, l'air juste un peu détaché.
— La rumeur assure que tu seras le prochain Morley champion du monde. Alors, évidemment, il faut que tu participes à des compétitions. Le médecin voudra quand même te revoir avant notre départ pour s'assurer que tout va bien.
— Notre départ ? Tu veux dire que tu vas venir ?
— Exactement, dit Alex en approchant une chaise du lit et en s'asseyant, la main de Ben dans la sienne. Tu ne crois quand même pas que je vais laisser passer l'occasion de voir un futur champion du monde en action !
PDV ALEX
— Et maman ? Elle viendra aussi ?
Je jette un regard dans la pièce, mais elle n'est plus là. Je fronce les sourcils et presse doucement l'épaule de Ben.
— Elle viendra. Ne t'inquiète pas. Dis-je.
— Papa ?...Je suis vraiment désolé pour la voiture. Elle doit être dans un sale état.
— Le pare-chocs est un peu tordu, mais avec quelques coups de marteau il n'y paraîtra plus.
— Et... euh... je suis désolé...
— Écoute, Ben, dis-je en cherchant mes mots, je... je n'ai pas été très sympa avec toi. J'ai crié. Je t'ai dit quoi faire au lieu de te demander ce dont tu avais envie. Bref, je t'ai traité comme un gamin tout en espérant te voir te conduire comme un homme...
— Je n'écoute pas tellement non plus, dit Ben.
— Peut être parce que je ne dis rien de bien intéressant. Exprimer ce que je ressens n'est pas mon fort, Ben, mais je ne sais pas ce que je ferais si je te perdais.
— Oh, tu ne vas pas me perdre, papa. J'ai la tête dure, tu sais. Je vais rester avec toi encore longtemps.
— Jusqu'à ce que tu épouses Emily et que tu partes avec elle faire un tas de petits champions de rodéo...
— Eh ! dit-il en rougissant. Je ne l'ai même pas encore... bref nous ne l'avons pas encore fait.
— Oh, ça viendra, dis-je en riant. Ça viendra.
Allyson est partie lorsque je sors de la chambre. Je l'a cherche quand une infirmière m'appelle et me fait signe de venir répondre au téléphone.
— Ici, Patterson, annonce la voix de Charles. Allyson m'a demandé de la ramener chez elle et dit qu'elle veut rentrer à New York. J'imagine que c'est à cause de toi. Elle refuse de m'écouter, alors, si tu ne veux ne pas la perdre, rapplique. Et vite. Elle n'a pas l'air de plaisanter.
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Hate & Love
RomanceQuand je suis tombée enceinte à seize ans, Alex , alors âgé de dix-sept ans, m'a abandonné et n'a pas trouvé mieux que de mettre enceinte ma meilleure amie Suzanne. La vie a était encore plus cruelle avec moi en me prenant mon bébé, qui a juste eu...