Chapitre 19

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Le lendemain matin, en arrivant au ranch d'Alex, celui-ci sortait de l'écurie lorsqu'il me repéra. Je m'approche de lui les mains dans les poches de ma veste.

— Je peux faire quelque chose pour toi ? dit-il d'une voix brusque.

Je sursaute et constate qu'il n'est pas ravi de me voir.

— N... non, j'allais partir.

— Si tu as quelque chose à me dire, vas-y. Je ne suis pas sûr que ça me plaise beaucoup, mais finissons-en une bonne fois pour toutes.

Il doit être comme moi, il doit en avoir marre et fatiguer.

— Je suis venue voir si... Voir Ben. Comme il n'y a personne à la maison, j'ai pensé que je le trouverais peut-être par là...

— Il est parti avec mon contre maître, voir des bêtes que j'envisage d'acheter.

— Ah. Ce n'était peut-être pas une très bonne idée, de toute façon. Il est passé à la maison hier soir et... je m'en suis très mal tirée. Alors je voulais... Je lui ai écrit une lettre , dis-je en sortant une lettre de ma poche. Tu veux bien la lui donner, s'il te plaît ? J'ai pensé que ça pourrait l'aider à comprendre..

Alex ne fit pas un geste. Je ne bouge pas non plus. Je devine de ce qu'il doit penser, combien il doit me haïr.

— Tu peux la lire, si tu veux. Il n'y a rien contre Suzanne et toi. Même si je reconnais que je la déteste !

Les yeux froncés, Alex finit par prendre la lettre et la met dans sa poche de chemise.

De toute évidence, il ne veut pas de moi ici. Pourtant, je ne parviens pas à m'en aller. Trop de questions sans réponse. Je déteste cette colère. Dire que nous étions heureux, quelques jours plus tôt...

— Bon sang, Alex, tu n'es pas le seul à avoir vu ta vie chamboulée ! criai-je soudain, les larmes aux yeux. Si tu crois que c'est facile, pour moi ! Je viens de découvrir que j'ai un fils de quinze ans, je ne sais pas être mère et il me déteste. Et tu me détestes. Et...

Ma phrase se perd dans un sanglot. J'essuie mon visage d'un revers de la main rageur, mécontente qu'il me voie comme ça.

— Allyson...

Il me prend par le bras, mais je me dégage.

— Je ne me débrouille pas très bien. Et alors ? Tu as eu quinze années pour t'entraîner à la paternité et moi, deux heures. Je n'ai pas ton expérience !

Je remarque qu'il n'a pas l'air en colère du tout. Il semble plutôt calme. Il me fait même un petit sourire.

— Tu as raison. Dit-il

— Quoi ?

— J'ai dit : tu as raison.

Ma tête le fit sourire. Je ne m'attendais pas à ça. Il comprend ce que j'éprouve.

— Ben ne te déteste pas, Allyson. Il est seulement bouleversé. S'il en veut quelqu'un, c'est à moi.

Je le regarde méfiante, comme si je chercher le piège.

— Moi non plus, je ne te hais pas. Dieu sait pourtant que je devrais... dit-il.

Il me sourit, passe un bras autour de mes épaules et m'attire contre lui.

— Comment ça va ? Dit-il

— Bien. Enfin non, pas bien du tout.

— Je lui ai parlé hier soir. De Suzanne, de moi, de ce qui s'est passé. Il va lui falloir un peu de temps pour digérer la nouvelle.

Je hoche la tête sans rien dire, blottie contre lui. Comme il m'a manqué... Comme il est bon d'être de nouveau dans ses bras, le toucher...

Je soupire et m'écarte de lui en m'efforçant de sourire.

— Il faut que j'y aille. Je déjeune avec Charles.

— Pour mettre au point votre stratégie, sans doute. Pour trouver le moyen de me prendre Ben... dit -il tristement.

— Tu te trompes Alex... John a débarqué hier soir, dis je soudain.

— John ? L'homme de New York ? Alors vous êtes de nouveau ensemble, c'est ça ? dit-il avec colère.

Il est jaloux, ça réaction me plaît tellement...

— Je ne crois pas que cela te regarde, Alex.

— Oh que si. S'il fait partie de ta vie, il fera partie de celle de Ben. Donc, je veux être au courant.

Il m'a prise aux dépourvues. Je n'avais pas encore réfléchi aux conséquences lorsqu'on avait un enfant.

— Tu as raison. Je suis désolée. Je n'y avais pas pensé. Dis-je

— Je suppose qu'il y a beaucoup de choses auxquelles tu n'as pas encore pensé.

— Je n'en doute pas. Si ça peut te rassurer, j'ai envoyé promener John.

Je vois sur son visage de la satisfaction.

— Je vais devoir envisager les choses sous un autre angle à partir de maintenant. Être parent n'est pas si simple qu'on le croit, n'est-ce pas ? dis-je

— Loin de là.

— Est-ce que cela devient plus facile, avec le temps ?

— Non. Chaque fois qu'on croit avoir résolu un problème, il en arrive un nouveau.

— Génial, dis-je en riant. Tu as tout de même l'air de bien t'en sortir...

— Plus ou moins.

— Je dois avouer que tu m'as surprise, Alex. De tous les garçons que je connaissais, tu me paraissais le moins apte à faire un bon père.

— Je n'ai pas eu tellement le choix.

— Si. Rien ne t'obligeait à assumer une telle responsabilité. Peu de garçons de dix-huit ans auraient agi comme tu l'as fait. Soit ils n'auraient pas eu le courage d'affronter mon père, soit, ils se seraient moqués du sort du bébé. Ils se seraient conduits comme si cela ne les concernait pas. Alors que toi, tu as abandonné ta passion, le rodéo, tu as épousé une femme que tu n'aimais pas, tu as fondé un foyer pour y élever notre fils. Tu es un homme bien, dis-je les larmes aux yeux. Et je me suis très mal conduite depuis le début. Excuse-moi.

— Mais tu comptes toujours me disputer sa garde... dit-il doucement.

Je ne réponds pas tout de suite.

— Non. dis-je

Alex me regarde comme si il avait mal entendu.

— Non, répétai-je, je ne vais pas te disputer la garde de Ben. Tu t'es toujours très bien occupé de lui. Sa place est ici. Avec toi. D'ailleurs, il aura bientôt seize ans et pourra décider avec qui il veut vivre, et ça m'étonnerait que ce soit avec moi. Alors inutile de se lancer dans une bataille juridique.

Alex ne dit rien.

— Il finira par me détester plus encore que maintenant, dis-je

Je vois du soulagement sur son visage.

— Oh Allyson... Allyson...

Je dois avoir l'air brisée, car je me sens brisée. Il vint vers moi et me prend dans ses bras.

Je commence à me débattre, car je ne veux pas de sa pitié, puis je me laisse aller contre sa poitrine et éclate en sanglots. Il m'enlace plus étroitement.

— Ça va aller Allyson. Ça va aller.... dit-il



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