Chapitre 12

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Incroyable ! On est là à bavarder comme si de rien. Ça fait drôle de la voir en face de moi... Avec ses cheveux mouillés rejetés en arrière, sans maquillage, elle a l'air d'avoir seize ans. Enveloppée dans sa couverture, les jambes étendues pour les réchauffer auprès du feu.

J'ai toutes les peines du monde à détacher mon regard d'elle. Il faut que j'arrête de penser qu'elle est nue en dessous de cette couverture mise à part la chemise et comment elle s'est blottie contre moi en sortant de l'eau.

J'éprouve des choses que je croyais oubliées...

— Tu peux me dire ce que tu mijotes ? dit-elle

Je l'a regarde et rougie, gêné, car je comprends qu'elle m'a observé pendant ma rêverie.

— C'est à dire ? dis-je.

— Hier, tu semblais prêt à te battre contre tous les Patterson. Aujourd'hui, te voilà aimable. Ce qui me fait me poser des questions.

Je ressens de la culpabilité. C'est l'occasion rêver de lui avouer la vérité. Au lieu de ça, je hausse les épaules et me penche pour jeter de petit bois dans le feu.

— Te revoir a fait remonter des sentiments que je croyais morts, voilà tout. Dis-je.

— Je pense que nous vivons la même chose. J'ai passé la moitié de la nuit éveillée à penser à ce que tu m'avais dit. Au fait que tu m'aies cherchée.

Elle me sourit avant de poursuivre.

— Ça compte beaucoup de savoir que tu te souciais de moi.

Je me passe une main dans les cheveux.

— Je ne t'ai jamais considérée comme une passade, Allyson. Non plus comme un trophée, même si je reconnais que j'étais fier qu'on nous regarde. Tous les garçons de la ville rêvaient d'être à ma place et j'adorais penser que tu étais à moi. Ce que j'éprouvais pour toi était profond. Je crois que, si on nous en avait laissé la chance, nous aurions pu vivre quelque chose de très fort.

— Hier, tu m'as demandé pourquoi je m'étais débarrassée du bébé si je t'aimais tant. Débarrassée... c'est vraiment ce que tu as cru ? Que j'avais avorté ?

— Que tu l'avais fait adopter.

— Effectivement, dit-elle avec colère, mes parents ont d'abord voulu me convaincre d'avorter, puis, comme je refusais, à l'adoption. Juste avant la naissance du bébé, mon père est venu à New York pour essayer de me faire signer les papiers. Selon lui, c'était le mieux pour l'enfant. Mais je savais qu'il pensait avant tout à lui-même et à sa carrière. J'ai dit que je m'enfuirais avec le bébé si je n'avais pas le choix, mais qu'ils ne me le prendraient pas.

— Tu te serais enfuie où ? Tu n'étais qu'une gamine. Où serais-tu allée ? De quoi aurais-tu vécu ?

— Je n'en avais aucune idée, dit-elle en vidant sa tasse de café sur le feu. Tout ce que je savais, c'était que je voulais garder mon bébé. Ton bébé. Mais ça n'a plus d'importance, maintenant, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête.

— Tu penses souvent à lui ?

— Bien sur, dit-elle étonner par ma question. Lorsque j'entends un bébé pleurer, lorsque je vois une femme avec une poussette... Son souvenir ne s'est jamais complètement effacé. Mais je ne souffre plus comme au début. Je suis seulement triste. Pour lui. Pour la vie qu'il n'a pas eue. Comme la première fois que j'ai vu Ben.

— Ben ?

Mon cœur s'affole. Pourquoi me parle-t-elle de Ben ?

— Je reconnais que ça m'a fait un choc. Je savais que Suzanne et toi aviez un fils, mais je ne me douter pas qu'il avait quelques semaines de moins que le notre. Je ne sais même pas pourquoi j'ai été surprise. L'abstinence n'a jamais était ton fort.

Hate & LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant