Je fixe pendant de longues minutes la petite valise rouge posée au pied de mon lit. Je l'ai bouclée ce matin, sans entrain, sans enthousiasme, sans excitation particulière. J'avais autant envie de rassembler mes affaires pour le voyage que de me morfondre dans mon lit toute la journée ou de m'abrutir pendant des heures devant une série télé. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de partir, c'est juste que ça m'est égal.
Ici, ailleurs, au bout du monde... Depuis une semaine, la vie n'a plus aucune couleur.
- Madison, chérie, tout est prêt ! crie ma mère au rez-de-chaussée.
Ce n'était pas mon idée, mais la sienne, naturellement. Ce genre d'initiative pour me sortir de mon trou vient toujours d'elle. Et comme toujours, c'est uniquement dans le but de lui faire plaisir que j'ai accepté. J'en ai assez de la voir se ronger les ongles parce que depuis la remise de diplômes, je n'ai plus mis un seul pied dehors. Même si c'est l'été, même si il fait beau et chaud. Comme je l'ai dit, je ne verrais certainement pas de différence. Alors je m'isole une fois de plus dans cette bulle d'incommunicabilité qui m'aspire au moindre fracas dans le bon déroulement de ma vie. Je me demande si je ne finis pas par l'aimer, cette bulle, même si elle n'est clairement pas assez résistance face au souvenir d'Harry. Ça paraîtrait si simple de fuir les problèmes, de se dire que rien ne nous touche parce qu'on éprouve rien, de ne plus être constamment dans la peur d'une autre mauvaise nouvelle. J'aimerais pouvoir trouver ce repos-là.
Peut-être que maman a finalement raison et que tout ce dont j'ai besoin, c'est de m'éloigner pour respirer un moment, pour réapprendre à vivre.
Sur cette pensée positive, j'attrape la poignée en cuir de ma valise avant de la soulever difficilement jusqu'au palier de ma chambre. Evidemment, mon père déboule en trombe pour m'aider comme si il attendait que je sorte enfin de la pièce depuis des heures et je me dis que lui aussi a motivé mon choix.
- Je m'en occupe ma puce, c'est lourd, déclare t-il en me couvant du regard.
"Je m'occupe de tes problèmes matériels ma puce, tu dois déjà porter tous tes problèmes de cœur et on voit bien que ce n'est pas facile".
Ça me crève d'être considérée comme aussi fragile mais je ne fais aucune remarque en descendant l'escalier derrière lui, consciente qu'il fait ça uniquement pour me soulager.
- Dépêche toi Daniel, susurre ma mère quand nous arrivons dans l'entrée, sinon les enfants ne seront jamais à l'hôtel avant la tombée de la nuit.
- Oui chérie, je sais, souffle mon père en levant les yeux au ciel.
Ma mère appelle Evelyn une dernière fois du bas des escaliers et je me dirige vers la voiture. Réaliser que je vais passer 18 heures dans cet espace restreint entourée de mon frère et de ma soeur me donne envie de fuir en courant et mes bonnes résolutions en prennent un coup.
- Maman, est-ce que je suis obligée de partir ? pleurniché-je sur l'instant comme une gamine de six ans qui ne veut pas aller dormir. Je pourrais rester ici, je ne vois pas pourquoi tu tiens tant à ce qu'on aille chez Tina.
Mes réflexions la prennent au dépourvu alors qu'elle finit de remplir le coffre et elle me gratifie d'un air sérieux et déterminé.
- Madison, c'est peut-être le dernier été que tu passeras en famille et je voudrais que tu t'amuses un minimum, c'est tout.
- Mais je m'amuse ici, tenté-je immédiatement tout en sachant pertinemment qu'elle n'en croira pas un traître mot.
Elle se contente d'ignorer mon mensonge et me fais signe de prendre place au creux de ses bras.
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Begin again - Harry Styles
FanfictionMadison, 18 ans, mène une petite vie tranquille en Caroline du Sud. Cette belle fille brune a tout ce qu'il faut pour être heureuse, une famille qu'elle aime, un merveilleux meilleur ami qu'elle connaît pratiquement depuis toujours et beaucoup d'am...