Point de vue de Madison
J'aperçois enfin une petite lumière au loin, tout au fond de ce long tunnel noir devant mes yeux. Une voix imperceptible et presque sourde me ramène à la réalité après le chaos, et je la laisse m'emporter, me délivrer du silence.
La première chose que je ressens en reprenant petit à petit possession de mon corps est une immense douleur qui parcourt tout son long. Depuis mon front comme martelé par de violents coups jusqu'à mes pieds dont je ne sens même pas le bout, j'ai l'étrange sensation que mon être tout entier est endolori. Je sens avec justesse tout son poids en suspension comme une lourde masse inanimée depuis longtemps, trop longtemps.
Mes doigts frêles et encore légèrement endormis caressent difficilement quelque chose d'épais et de pelucheux. Sûrement une couverture. J'essaie de caler ma respiration, mais quelque chose m'en empêche et mon cœur s'accélère dans la surprise, enflammant ainsi ce qu'il reste de ma cage thoracique. Quelque chose obstrue mon nez et j'ouvre précipitamment la bouche pour happer l'air, les yeux toujours fermés dans le sommeil.
Une masse chaude se pose sur mon bras et remue le long de ma peau.
J'entends de nouveau cette voix, et distingue à présent quelques-unes de ses nuances : elle est posée et calme, continue et rythmée dans son ruissellement. Elle me semble familière et mon cœur se stabilise alors que les va-et-vient sur mon bras se poursuivent, me tirant peu à peu hors du repos.
Une douce chaleur s'empare bientôt de mon être et estompe un peu ce mal qui m'entoure et m'oppresse jusqu'aux entrailles. Mes yeux papillonnent, et une étendue de blanc flou tacheté s'agite devant moi. Les coups de marteau s'accentuent sur mon crâne mais je ne renonce pas. Les va-et-vient s'arrêtent soudain et un visage aux traits indistincts s'immisce dans mon champ de vision.
Un visage clair encadré de cheveux blonds brillants. Un visage que je reconnaîtrais sûrement parmi des milliers. Le premier visage à m'avoir accueilli sur cette Terre. Le visage de maman.
- Hé, souffle t-elle alors que mes yeux s'habituent doucement à la lumière terne dans laquelle nous baignons.
- Hé, lancé-je d'une voix étouffée avant d'être entraînée dans une quinte de toux qui arrache chaque parcelle de ma gorge et brûle dangereusement mes poumons emprisonnés dans mon torse pris de sursauts. Ma tête rebondit plusieurs fois sur l'oreiller mou qui la soutient. Coup de marteau sur coup de marteau, elle vibre.
Je distingue à présent le petit grain de beauté sur la joue droite de ma mère et la teinte exacte de ses yeux bleus qui me sondent et m'analysent d'un air au-delà de l'inquiétude.
- Comment tu te sens, ma chérie ?
Derrière la voix douce et rassurante de ma mère se faufile soudain un petit bruit strident et dangereusement proche. Un bip régulier et médical.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
La question qui vient de m'être posée meurt inévitablement dans l'atmosphère alors que j'examine ce qui m'entoure : des murs ternes, un mince écran de télé en hauteur, une fenêtre fermée, un petit néon en mauvais état. Inutile de rester dans l'incompréhension face au décor, mais pourquoi une chambre d'hôpital ?
J'essaie de pivoter sur moi-même pour comprendre la provenance du petit bruit mais quelque chose de très dur me stoppe. C'est là que je remarque les bandages qui compriment tout mon torse et le kilo de plâtre vulgairement amassé autour de ma jambe. Des millions de questions relancent mon insupportable mal de tête et je me sens de plus en plus mal.
Maman s'est rassise sur une chaise posée près du lit et elle se tient prête à intervenir. Sa bouche s'ouvre légèrement à plusieurs reprises, sans pourtant qu'aucun son ne parvienne jusqu'à mes oreilles. Est-ce qu'elle va éventuellement se décider à parler ?
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Begin again - Harry Styles
FanfictionMadison, 18 ans, mène une petite vie tranquille en Caroline du Sud. Cette belle fille brune a tout ce qu'il faut pour être heureuse, une famille qu'elle aime, un merveilleux meilleur ami qu'elle connaît pratiquement depuis toujours et beaucoup d'am...