Sérotonine

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Fouetté bas. Chassé méfiant. Crochet long bras arrière. Crochet bras avant. Crochet méfiant bras arrière. Uppercut. Décale côté droit. Fouetté méfiant. Chassé latéral haut. Revers. Uppercut long...

Depuis le départ de Jerem je ne fais que ça, frapper dans ce vieux sac. Je suis pas vraiment énervée seulement triste. Je frappe pour éviter de me mettre à pleurer...

Matteo: c'è qualcuno per te Elza !
(Il y a quelqu'un pour toi Elza !)

J'enlève mes gants sans prendre la peine d'enlever mes bandages et essuie rapidement la sueur qui perle mon front. Je monte les escaliers de la cave pensant voir Alex mais c'est une autre personne qui m'attend dans le salon. Je me sent soudainement honteuse d'être là en brassière de sport et short, toute transpirante avec une tresse a moitié défaite qui retombe dans mon dos. Ses yeux verts me fixent avec une intensité déconcertante, il lève son skate d'un bras avec un demis sourire.

Moi: je me change et j'arrive fait comme chez toi.

Je n'ai jamais pris de douche aussi rapide de ma vie. J'enfile un débardeur et un short au hasard. J'attrape mon sac a la volée et fourre dedans mes genouillères, sans regarder le contenus déjà présent et fonce en bas.

Moi: j'suis prête !
Matteo: soit rentrée pour le diner et s'il te plais pas de conneries.

Je claque la porte. Pas vraiment parceque je suis énervé ou que le fait qu'il se comporte comme mon père me dérange non. C'est juste pour le faire chier.

Moi: t'es plus fâché ?

Il me tend un petit papier déjà préparé.

Tu te détruits, tu fais ça à longueur de temps. T'accorde tellement peut d'importance à la vie que je serais même pas surpris si on m'apprenais que t'es morte parceque tu t'es trop penchée sur un rebord de fenêtre.

Je me sent très très conne la d'un coup. Parceque tout ce qu'il dit est vrai. Je me détruit à grand coup de défonce et de sexe. Et j'ai déjà faillit y passer en m'asseyant sur le rebord d'un immeuble.
Pourquoi je fais tout ça qu'est-ce qui déconne chez moi ?

Moi: je sais pas trop quoi te dire, j'ai aucune idée de quoi faire, j'suis larguée je sais que je fais n'importe quoi mais je sais rien faire d'autre.

Il sort un autre petit papier mais hésite un instant avant de me le donner.

Je vais t'aider, je vais te sortir de la parceque tout n'est pas perdu, enfin j'espère. T'es malade, ya un problème chez toi qui fait que tu peux pas t'empêcher de t'auto-détruire mais je ne te laisserais pas faire ça. Tu peux pas que contenter de gâcher tous ce que Dieu a créé pour toi, ou alors fait le mais seule n'emporte pas les autres dans ta merde. Mais plus tôt que te fuir je vais t'aider, me demande pas pourquoi j'en sais rien, et tu vas guérir je te laisse pas le choix.

J'ai envie de chialer. C'est pathétique hein ? Ce garçon ne me connais pas et ne cesse d'être déçu par mon "mode de vie" si on peut dire. Et la il voudrais me rendre heureuse ?

Moi: pourquoi tu ferais ça ?

Enfait la réponse qu'il m'a donné dans le petit papier de me suffit pas, j'aimerai l'entendre dire qu'il tiens à moi ou un truc du genre.
Il doit être à court de petit papier parceque il se contente d'hausser les épaules. Puis se met face à moi et me tend son petit doigt pour que j'y accroche le mien.

Moi: pinkie pack que j'irais mieux ?

Il m'embrasse le front et toutes les larmes que je retenais depuis le départ du train s'échappent sans prévenir. Mais je ne pleure pas de tristesse je crois... Je crois que c'est de la joie. La joie que quelqu'un se soucie assez de moi pour vouloir me réparer.

Il me tend son téléphone:

Tu vois ça, s'est un bon début.

Je voudrais lui demander pourquoi mais il monte déjà sur son skate. Je le suis jusqu'à arriver au centre de notre petit patelin, devant le seul bar/café du village. Il me tend une affiche

Recherche serveur/serveuse a mis temps résidant à proximité de préférence. Horaires flexibles si besoin.

Moi: mais c'est parfait comment t'as su ?!

Il me refait un clin d'œil et m'ouvre la porte pour que je rentre avant lui.

Barman: salut mon grand ! Tu vas bien ?

Isaac lui répond a toute vitesse en langage des signes.

Barman: oh formidable ! Enchanté mademoiselle moi c'est Stéphan donc tu veux du travail ?
Moi: heu... oui je voudrais bosser après mes cours. J'ai jamais vraiment bosser mais j'suis bonne en calcul mentale et j'ai un joli sourire à se qu'on dit.
Stéphan: ahah je l'aime déjà ! Écoute on a vraiment besoin de quelqu'un alors je te met en essais dès demain 18h 21h ça te va ?
Moi: c'est vous le patron !
Stéphan: ahah bonne réponse. Bon j'ai du travail les jeunes je vous sert quelque chose ?

Isaac répond une fois de plus avec ses mains et on sort du bar/café.

Stéphan: à demain ma belle !

Wow c'était l'entretiens d'embauche le plus rapide de la terre ! Mais je suis prise et c'est parfait maman et Matt vont pouvoir souffler un peu.

Moi: il fait que tu m'apprennes à parler comme toi.

Il me fait oui de la tête mais en me désignant son skate je comprend qu'il préfère rouler aujourd'hui.

On arrive donc au skatepark bondé de monde ce qui ne met pas Isaac en confiance. Il semble hésiter à monter sur sa planche.

Moi: t'es bien meilleur que n'importe qui ici, le pire qu'il puisse arriver c'est que tu fasse des jaloux alors fonce met nous tous une raclé.

Il me sourit et se place au board du bowl. Et c'est là que la magie opère. Il semble tellement heureux et sur de lui, il sourit à pleine dents et rigole même parfois à la fin d'une figure. Il est dans son élément, c'est son terrain de jeu. Le skatepark entier s'est arrêter pour prendre une leçon, le temps s'est arrêté pour le laisser nous exposer son art.

Et moi je suis toujours au même endroit, assise sur mon skate. J'étais entrain de mettre genouillère mais j'ai du arrêté. Je ne peux juste pas le quitter des yeux, c'est magnifique.

Quand il revient vers moi son skate à la main il a perdu son assurance. Il a toujours ce sourire immense mais il ressemble a un enfant en l'attente d'un compliment ou d'une critique pour savoir si ce qu'il a fait étais se que attendais de lui.

Moi: t'étais... Wow t'étais magnifique ! T'as fait rêvé tout le skatepark regarde les ! Ils se sont tous arrêter, ils t'ont tous regardé, personne n'a osé te défier.

Isaac se retourne et vois tous ces gars, ces skater pourtant talentueux qui s'inclinent devant tant de talent. Et la tous sans exception entonnent puis se mettent à hurler le fameux:

IL EST VRAIMENT ! IL EST VRAIMENT PHÉNOMÉNAL LA LALALA LALA LA LA LALALA !!

Je l'enlace dans son dos et dépose un bisou sur son épaule. Oui il est phénoménal et il n'en a même pas conscience.