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Je me réveille dans ma chambre. Pendant un moment il fait beau. Durant un instant le soleil transperce mes rideaux. Une fraction de seconde, j'ai failli sourire.

Puis tel une catabase je m'abandonne à l'obscurité naissante dans mon cœur. Le soleil pâlit. Je me sens seule, anomique. J'ai perdu toutes les personnes chère à mon cœur, la famille que je m'étais construite après la mort de mon père. Jeremy, Bryan, Léna, Alexandra, Matteo, Isaac.

Dans un Néant mêlant rage et mélancolie n'attrape. Il ne me lâche plus. Il s'immisce dans mon esprit, imprègne mon cœur jusqu'au plus profond de mon âme.

Poussée par un élan malsain d'autodestruction, je me dirige vers la petite boîte en bois, posée en évidence sur mon bureau.

"Si tu touche à ça, c'est vraiment que t'as touché le fond. Tu me fais peine Stellina."

Moi: crois moi tu ne peux pas savoir à quel point.

Je prends le sachet d'amphétamines en cachets et le fait glisser entre les doigts. La quantité serait suffisante pour me tuer. Après tout qu'ai je à perdre ?

Mon âme ? Je la préférerais aux côtés des deux hommes de ma vie plus tôt qu'ici bas. Rendre l'âme, quelle belle expression. Quoi de plus beau que de rendre son âme à Dieu, de la lui remettre en ultime cadeau.

J'avale une première pilule.

Je ne sens rien. Absolument rien.

Après tout plus rien ne m'attends ici. Un fois partie je retrouverai Papa et Isaac. Je serait en compagnie des deux amours de ma vie, rien ne pourrait me rendre plus heureuse.

J'en prend une seconde et la fait rouler dans ma main.

Ce petit cachet de couleur pastel me rappelle Jeremy. Il me manque lui aussi. Peut-être le retrouverais je là haut qui sait ?

Je l'avale.

Je sens déjà mes muscles frétiller, mon esprit est en parfait éveil, mes pensées mes idées tout s'enchaine et se déchaîne à l'intérieur de moi. J'ai chaud mais je tremble en même temps. J'ai froid mais je transpire aussi.

Je deviens peu à peu l'archétype même du paradoxe. Le terrain où le bien et le mal s'affrontent. La terre promise, la terre maudite.

Je sens mon esprit dériver. S'enfoncer dans les profondeurs des océans. Se faire emporter par le vent au dessus des cimes.

Je me sens comme en apesanteur. Qu'importe que se soit dans l'eau ou dans les airs.

Dans ma folie je parviens tout de même à apercevoir les petites pillules roses, bleue, violettes,... éparpillés sur la moquette blanche. On dirait des bonbons.

Les bonbons se transforment en petites fleurs. Elles éclosent au fur et à mesure que je les manges jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune petite fleur.

Ma tête tourne, je perds tout repère. Ma vision se trouble, je n'entends plus rien, ne sens plus rien. J'aimerais hurler à l'aide mais mes cordes vocales semblent engourdies. Ma gorge est sèche.

Le sol se rapproche, le plafond aussi. Une enclume viens s'abattre sur mon crâne et le compresse lentement.

Je vois une montagne, je suis à son sommet. Sur l'autre versant se trouve un précipice, le vent m'y pousse. J'entame une chute vertigineuse mais je parviens à me rattraper à des cordes qui pendent dans les airs.

Je baisse la tête et aperçoit un immense brasier sur plusieurs niveaux juste sous mes pieds. Des cris me parviennent de tout côté. La souffrance semble y être omniprésente.

Seigneur non, je suis en enfers. La montagne je j'avais gravi était le Mont des Oliviers, j'aurais dû y rester. J'aurais dû résister au vent. Je ne rêverais jamais mon père. Je hurle.

Moi: MAMAN !

SérotonineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant