PARTIE 27

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Ce matin je me lève, mal dormi la nuit sur le sol. Le premier réflexe que j'ai est de regarder vers la salle de bain. La porte est ouverte, tous les produits qu'il y avait dans le placard sont jetés par terre. Je me précipite vers la chambre : pas de Yasser, dans la cuisine : pas là non plus, dans le salon : aucune trace. J'arrive à l'entrée, et Yasser est là, il met ses baskets.

Moi : Yasser...

Yasser : me parle pas. Me dit-il sèchement.

Moi : Yasser stp discutons un moment.

Yasser : me casse pas la tête ! Crit-il.

Je m'approche de lui doucement, voulant mettre ma main sur son épaule. Il pousse ma main violemment.

Yasser : me touche pas ! M'approche pas !

Moi : mais Yasser- il me coupe.

Yasser : lâche-moi chwiya Anissa, laisse moi seul.

Sur ces paroles il sort en claquant la porte. Yasser... si tu savais à quel point j'ai de la peine pour toi, pour Khalti Dalila, pour tout le monde...

Malgré tout, j'essaie de rester forte. Je n'ai pas le choix, je le dois. J'appelle ma mère pour répartir la cuisine pour le deuil.

Moi : selem oumi..

Oumi : wa aleykom as selem benti. Ina lillah wa ina ilayhi raji3oune (À Lui nous appartenons et à Lui nous retournerons)...

Moi : oui Allah yerham'ha, houm as-sabiqoun wa nahnou al lahiqoun (eux y sont et nous les rejoindrons)...

Oumi : qu'Allah lui ouvre les portes du Paradis.

Moi : amine oumi. Du coup on fait comment ?

Oumi : tu fais du couscous et je fais aussi de mon côté pour qu'il y en ait assez, c'est bon ?

Moi : oui oumi pas de soucis. Merci.

Oumi : pas de soucis benti, c'est normal. À tout à l'heure.

On raccroche. Je mets en cuisine pour commencer à préparer la sadaqa (l'aumône) pour Khalti Dalila. En cuisinant, je pense à elle. Cette battante exemplaire, à me rappeler de son visage que la maladie a scruté, je m'effondre. Khalti, tu me manque. Les larmes coulent, je cris notre malheur, je cris notre douleur. Je suffoque.

Moi : KHALTIIIII !! POURQUOI ? Non.. tu ne devais pas nous laisser. Comment faire maintenant ? Tu es parti en emmenant nos coeurs avec toi... Khalti, stp reviens ! MAIS POURQUOI ?! Tu étais une battante, tu étais une guerrière ayant pour ennemi la maladie, tu aurais dû résister... Khalti...

Écroulée je regarde autour de moi. La solitude m'entoure, j'ai pour seuls compagnons la peine et la douleur. Je reste au sol un bon moment avant de me lever et reprendre mes occupations.

[...]

Sac à la main, j'arrive chez Khali Said où se déroulera ce triste événement. J'entre, une atmosphère lourde et pesante règne. Tout le monde est là. Je jette un regard à tous les coins. Je trouve enfin Yasser, silencieux comme jamais. Je vais poser dans la cuisine le gros sac où se trouve la boîte du couscous. Je dresse les assiettes et les emmène dans le salon.

Tout le monde est calme. Seuls des chuchotements se font entendre accompagnés des pleurs de Farah qui ne prend pas le temps de reprendre le souffle, prisonnière de ses larmes et de sa tristesse. Je la prends dans mes bras et lui caresse le dos pour la réconforter.

Moi : chuut Farah, s'il te plait.

Farah : A..Anissa... *pleure* ma maman...

Moi : je sais hbiba... je sais ma soeur...

Farah : j'arrive pas.

Tous ses mots sont accompagnés de sanglots. J'étais aussi au bord des larmes.

Moi : je sais que c'est pas facile, mais reste forte. Je ne pense pas que Khalti aurait voulu te voir dans cet état.

Farah : ma maman m'a lâché ! Je ne pourrais plus sentir ses bras m'enroulaient. Ces mots doux, son réconfort, son amour... tout me manque déjà chez elle... MAMAAAN ! POURQUOI TOI ? WA3LACH (PQ) ? MAMAAAA ! Je suis faible sans toi... je suis perdue, t'étais mon pilier... comment je peux vivre sans repère ? ...

On pleure, se lamente, s'écroule, s'effondre, Farah dans mes bras.

[...]

La prière et le repas terminés. La maison se vide de plus en plus. Ma mère reste pour ranger et nettoyer avec moi. Farah est allée dans sa chambre. Yasser est sorti je ne sais où et Khali est seul dans sa chambre.

Oumi : Anissa.. ne lâche pas Yasser, je l'observais tout à l'heure et je le sens seul, malheureux.

Moi : oui...

[...]

Je rentre à l'appartement. À première vue, Yasser n'est pas là.

Moi : Yasser ?

Aucune réponse. Il n'est pas rentré. Je l'appelle et j'entends sa sonnerie provenant de la chambre. Je vais voir, son téléphone est posé sur le lit mais lui n'y est pas. Et puis merde, comment puis-je le contacter maintenant ? Je sors faire un tour de quartier. Il était vers les coups de 22h, il faisait sombre.
Après une longue recherche sans résultats, je rentre désespérée. Yasser, où as-tu pu aller.. ?

Je passe ma soirée inquiète à l'attendre. Deux heures et demi passée, et toujours rien. Je m'endors sans m'en rendre compte sur le canapé.

[...]

Le lendemain, à 11h 40, je suis seule dans la chambre dans le noir total. Ma tête dans mes bras, recroquevillée sur moi même, morte d'inquiétude et de tristesse. J'entends un claquement de porte violent. Je me redresse de suite.

Moi : Yasser ?

Yasser : FERME TA BOUCHE !

Moi : pourquoi ? Qu'est qu'il y a ? Où tu étais ?

Yasser : JE T'AI POSÉ UNE QUESTION MOI ? NON, DONC FERME LA.

Pourquoi hurle-t-il comme ça ? Ai-je fais quelque chose qu'il l'aurait énervé ?

Moi : pourquoi tu cris ?

Il ne prends pas la peine de me répondre qu'il se change et me dit :

Yasser : TU VAS BOUGER OUI ?! J'AI FAIM, TU CROIS QUE JE SUIS RENTRÉ POUR TES BEAUX YEUX ?

Moi : mais Yasser-

Yasser : BOUGE TOI ET VAS ME PREPARER À BOUFFER.

Je me lève et me dirige vers la cuisine, démoralisée et inquiète encore plus. Pourquoi est-il devenu ainsi ? Yasser, j'ai mal pour toi.

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Anissa : Mon Mariage Forcé, Ma Vie A Changé.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant