Anissa : Mon Mariage Forcé, Ma Vie A Changé.

PARTIE 28

Je prépare le repas de monsieur comme demandé. Il s'assoie et commence à manger sans un mot. Je reste là à le regarder, à l'observer.

Yasser : arrête. Me dit-il d'un ton dur et sec.

Mais je ne cède pas, je continue à le regarder. D'un coup, il se lève de la chaise, vient vers moi et me serre violemment par le bras.

Moi : Aiiie ! Yasser ! Aiiie ! Tu me fais mal. Lâche moi !

Yasser : p'tite idiote ! QUAND J'TE DIS QUELQUE CHOSE TU LE FAIS DIRECT ! J'SUIS PAS UN PD POUR QUE TU CALCULE PAS CE QUE JE TE DIS !

Moi : Yasser, lâche moi maintenant. Tu me fais vraiment mal ! Aiiie !

Yasser : T'AS COMPRIS CE QUE JE TE DIS ?!

Moi : oui, c'est bon. J'ai compris, lâche moi maintenant. Stp...

Il lâche deux ou trois insultes avant de retourner à table.
Je ne sais même plus quoi penser. Je vais dans notre chambre et m'allonge. Seule la lampe du chevet est allumée. Il m'a vraiment fait mal à serrer mon bras comme un fou ! Je lève ma manche et vois une grosse trace rouge dessinant sa main sur ma peau. Khalti, ton départ a emporté le coeur d'un homme doux pour laisser un monstre s'installer. Ya rabi (oh mon Dieu) aide moi s'il te plaît.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se claquer à nouveau. Yasser m'a encore laissé.

[...]

Je passe toute ma journée à lire du Coran. Ça apaise mon âme et esprit et me rassure pour Khalti Dalila. Grâce à chacun des mots écrits dans ce livre sacré, je me rends compte de la Grandeur d'Allah. De l'amour que notre Seigneur nous porte. De l'attention et de la douceur dont Il nous fait part. Ya Allah, accepte notre défunte dans ton vaste Paradis, pardonne lui tous ses péchés et facilite lui cette mort (Amiine).

Le soir venu, comme la veille, je sais que Yasser ne rentrera pas. Je n'ai aucune idée de l'endroit où il traîne et où il dort. Je mendors en pleurant, pleine d'inquiétude une fois de plus.

[...]

Aujourd'hui matin, je me lève et range la maison. Je n'avale pas même un bout depuis que Yasser a changé. Je ne sais pas mais l'appétit ne me vient pas.

La journée passe, lentement. Le ciel est sombre et nuageux, on aurait dit que lui aussi partage ma peine. Quelques averses font leur apparition. Le ciel pleure à son tour.

[...]

Cela fait cinq jours que Yasser n'est pas rentré, qu'il n'a pas montré un signe de vie. Je suis plus qu'inquiète. Le stress m'envahit, je m'en mords les doigts. Yasser, où as-tu pu aller ? Je ne veux pas prévenir sa famille. Ils sont encore bouleversés par cette mort, je ne veux pas encore plus les déboussolés avec ça.

Chaque jour, du matin au soir, je sors. Je prends le premier bus que je trouve, je tourne à chaque tournant qu'il y a, je marche sans savoir où aller, je cris son nom, je cris Yasser. Mais malheureusement, je cherche mais en vain. Je n'ai pas pu le trouver. Je passe mon temps à pleurer. Je suis devenue si faible, mais que puis-je faire d'autre ? Mes larmes sont désormais mes meilleures amies, celle qui décrivent toute la peine et la douleur que je cache en moi.

[...]

Deux semaines plus tard, c'est dingue, mais toujours rien. Yasser n'est plus revenu. Et moi ? Je suis un zombie. Mon corps vit mais mon coeur, lui, est déchiré. Je suis morte mentalement, mais vivante physiquement. Cette épreuve est trop dure. Oh Allah, je m'en remets à toi.

Il est 15h quand je reçois un appel. Habituellement, durant ces deux dernières semaines je ne réponds à personne, pas même Dounia. Mais là je décide de décrocher.

Moi : Allô ?

? : Bonjour mademoiselle Anissa L******* ?

Moi : oui c'est bien moi.

? : c'est la faculté qui vous appelle. À cause de vos absences répétitifs, le conseil vous demande un justificatif pour pouvoir reprendre les cours ou de passer vous désinscrire s'il vous plaît.

Je raccroche sans même répondre. Je n'ai pas assez de problèmes comme ça pour me faire chier avec les études ?! Je ne prends même plus la peine de m'habiller convenablement en sortant. Je prends les premiers vêtements que je trouve et sors en direction de la fac.

Je prends le bus, pas mal de monde me dévisage. Je dois leur faire peur.. ils doivent me prendre pour une folle. Arrivée, je passe au bureau d'administration pour me désinscrire. A quoi bon continuer les études ? Ce n'est que du temps perdu. Et puis avec le moral que j'ai actuellement, je ne pense pas avoir mon année.

Quelques anciens camarades viennent me dire bonjour, sûrement inquiets de me voir dans un tel état. Je leur réponds sèchement et continue mon chemin.

À l'entrée de l'université, qui vois-je ? Marina. La dernière personne que j'aurais voulu rencontrer. Elle était sûrement avec son mec. Elle crit mon nom.

Marina : ANIISSAA !

Je fais comme si je n'avais pas entendu. Elle continue à m'appeler. À trop jouer à la sourde, une personne vînt me tapoter l'épaule en me disant que Marina m'appelle. Je n'ai pas d'autres choix que d'aller la voir.

Je vais vers elle.

Moi : tu veux quoi ?

Marina : tu fais peur comme ça. T'es pas d'accord ? Dit-elle en s'adressant à son mec, qui est dos à moi.

Elle le tient par le bras. Un vrai couple. Le mec se retourne et là, je n'ai plus de mots. Non.. aucun...

Mais Yasser, que fais-tu avec cette personne ?

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