Chapitre 1

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« Le présent contient toujours une part du passé. »

La chambre était immense et il y avait un grand lit à baldaquin, une coiffeuse, un bureau ainsi qu'une énorme armoire blanche comportant des moulures laissant apparaître des angelots. Deux femmes se regardèrent près de la grande coiffeuse en chêne blanc. L'une d'elle était très élégante au teint rosé et très maquillée, elle était vêtue d'une longue robe blanche ornée de dorure, et portait également une énorme couronne en or sur la tête. Tandis que la seconde, beaucoup plus jeune, mais tout aussi élégante, avait le teint plutôt pâle. Elle portait une longue robe bustier à froufrou de couleur turquoise, sur sa hanche gauche se dessinait une rose brodée avec du fil d'argent.

— Bonjour ma reine, vous êtes très belle aujourd'hui !

— Il en est de même pour toi Rubis ! J'ai un présent pour toi, ferme les yeux.

La reine ouvrit un coffret en bois recouvert de velours et elle en sortit une tiare ornée de rubis rouge, qu'elle posa délicatement sur la tête de la jeune princesse.

— Oh ! Je vous remercie, elle est magnifique, mais je n'ai rien à vous offrir ! S'exclama Rubis.

— Ta présence me suffit amplement chaque jour. Tu me rends meilleure.

La princesse se regarda dans le grand miroir en argent et prit la reine dans ses bras durant de longues minutes. Ensuite, les deux femmes allèrent dans la cour extérieure où les servantes leurs servirent le thé. Elles étaient très complices toutes les deux, chaque jour elles se voyaient pour discuter principalement des nouvelles tendances vestimentaires, et surtout des beaux garçons qui venaient d'arriver dans le royaume. Elles parlaient de tout sauf de politique, un sujet qui les ennuyait beaucoup et dont la plupart ne comprenaient pas le sens réel. Puis, elles se promenèrent dans les immenses jardins du château de Vermogen. Un grand royaume paisible, mais seulement en apparence.

— Regardez ma reine ces œillets, ils sont magnifiques, ainsi que les iris jaunes et blancs, les hortensias et les pétunias.

La princesse cueillit quelques fleurs, afin de former un gros bouquet dans lequel se mêlaient les différents parfums des plantes. Elle l'offrit ensuite à la reine Dahlia.

— Merci Rubis, elles sont très belles !

— De rien, dit la princesse en souriant puis elle reprit. Ma reine, vous avez l'air nauséeuse. Voulez-vous que nous nous asseyions ?

— Je...

La reine lâcha le bouquet de fleurs, avant de s'écrouler sur le sol en quelques secondes, sa tête heurta un rocher saillant et un filet de sang jaillit de sa blessure. La princesse se précipita vers elle, puis posa la tête de la reine sur ses genoux. La jeune femme arracha un bout de sa robe pour éponger la blessure de Dahlia, cependant rien n'y fait : le sang continuait de couler. Rubis, les yeux brouillés de larmes vit le visage de la reine se couvrir peu à peu du liquide rouge écarlate et elle la serra dans ses bras, en tâchant sa robe, mais peu lui importait. La reine était sa seule amie. La seule à l'écouter et la seule à ne pas la sous-estimer.

— A l'aide ! Aidez-moi ! Raphaël, je t'en supplie ! Viens ! Cria Rubis aussi fort qu'elle le pouvait. En priant pour qu'on l'entende.

Quelques minutes plus tard, Raphaël apparut au pas de course près des deux femmes. Le jeune homme est le capitaine de la garde, il es chargé de protéger la princesse, mais au fil des années, il est également devenu son ami.

— Oh mon dieu ! S'exclama-t-il. Votre altesse, allez chercher des guérisseuses et amenez-les aux appartements de la reine.

Rubis retira ses jolis escarpins argentés et courut jusqu'au château. Cela lui importait peu que ses pieds s'abîment en entrant en contact avec le sol jonché de cailloux. Il fallait sauver son amie. Pendant ce temps le capitaine porta la reine dans ses bras jusqu'aux appartements de celle-ci.

***

— Princesse, son altesse demande à vous voir. Annonça le capitaine. Et sachez qu'il ne lui reste que peu de temps. Annonça le jeune homme attristé.

— Merci Raphaël.

Rubis entra dans la chambre de la reine Dahlia puis elle s'assit à ses côtés. Elles étaient seules. La princesse voyait à quel point son amie était faible. Et ce qui la marqua le plus fût le bandage qui recouvrait la blessure, il était imbibé de sang, alors que les guérisseuses étaient parties quelques minutes auparavant.

— Rubis, il est temps que je te dise la vérité. Dit-elle dans un souffle.

— La vérité ? Mais n'avez-vous donc jamais été honnête avec moi ma reine ?

— Ne m'interrompe pas mon enfant. Tu dois remonter sur ton trône. Sauve ton peuple ! Je ne peux plus l'empêcher de te tuer maintenant. Sauve-toi mon enfant ! Sauve-toi tant que tu le peux encore.

Puis les paupières de la reine se fermèrent lentement à la fin de ses dernières paroles. Les mots volaient encore au-dessus de la tête de Rubis "Sauve-toi !".

— Votre altesse, ma reine !!! S'exclama la jeune femme en la secouant. Raphaël ! Reprit-elle affolée.

— Qui y a-t-il votre altesse ?

— Sa majesté, elle nous a quittés. Dit-elle en baissant la tête, le capitaine de la garde prit alors la jeune femme dans ses bras et Rubis fondit en larmes.

Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant