Fraternity

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« Boit, boit, boit. »

C'était la seule chose que j'entendais depuis une bonne heure, bien sûre, il y avait les cris de ses universitaires en chaleur, faut pas oublier, quand même.

Je me lève finalement, enfile, un pull long, pour cacher le fait que je suis en robe de nuit, plutôt légère.

« Tu vas où ?

- Je vais demander à baisser le son, je peux pas dormir avec tous ce bruit, m'offusquais-je.

- Eh, laisse-les, on va pas jouer les voisins relou dès le premier jour quand même, souffle-t-il.

- Je pourrais être encore plus chiante en appelant les flics, il est près de quatre heures du matin, bordel. »

Je descends les escaliers en vitesse, et je sors, et même si on est toujours en été, il fait assez frais à cette heure-ci.

Une quinzaine de jeunes sont dans le jardin en train de fumer je ne sais quoi, j'ai presque le même âge qu'eux, et pourtant, avec le comportement que j'adopte, j'ai l'impression d'en avoir dix ans de plus.

Je remarque le même brun de tout à l'heure, d'ailleurs il m'a aussi aperçu, vu que je le vois déjà souffler.

« Tu me veux quoi encore la voisine, râle-t-il une bière à la main.

- Je vais te demander de baisser le son, je veux pas être obligée d'appeler les gendarmes dès le premier jour, l'avertis-je.

- Putain, Sainte-Balais-Dans-Le-Cul peut arrêter de me les briser. Si t'es en manques de mecs, t'as cas aller voir un de mes potes, complètement défoncés, peut-être que ça te détendra.

- Non, ça ira. J'ai déjà un mec pour ça, puis je vais pas recevoir de conseil de la part d'un mec qui va chez l'esthéticienne pour se faire faire les sourcils. »

Un autre brun, cette fois-ci tatoué vient s'ajouter à la discussion, il est dans un sale état celui-là.

« Elle veut quoi encore celle-là, Gilinsky, demande le tatoué.

- Elle demande à ce qu'on baisse le son.

- On arrive pas à dormir, et on travaille tous les deux demains, me plaignais-je.

- Qu'est-ce que tu me racontes, t'as même pas dix-huit ans, t'es encore au lycée, se moque se fameux Gilinsky.

- Pour ta gouverne, j'ai vingt-deux ans, un diplôme, et un taf, donc maintenant au lieu de jouer au badboy de mes steaks, tu vas juste baisser le son, et tu vas faire moins de bruit.

- Sinon quoi ? Me provoque-t-il.

Je lui lance un petit rictus, et dit lentement.

- J'appellerais les flics.

- Roh, t'es chiante, déjà, tu veux pas boire un verre ça te décoincera, rétorque le brun tatoué. Au fait, je suis Nate Maloley.

- Très peu pour moi, je ne bois pas. Sinon, je suis Riley Jaze bientôt Wilson, riais-je.

Ils froncent les sourcils, avant de se lancer un regard perplexe.

- T'es pas un peu jeune pour te marier, miss ? Enchaine Gilinsky.

- Je suis avec mon copain depuis cinq ans, et puis, on vient d'emménager ensemble, ça me parait le bon moment.

- Ouah, t'es perchée comme fille quand même, j'ai le même âge que toi, et me caser plus d'une semaine avec une meuf, ça me paraît déjà le bout du monde. Profite un peu de la vie, réplique Nate en me tendant un verre.

- Nate, c'est pas parce qu'on parle deux minutes à la voisine que faut que tu te la joue Pascal le grand frère, on n'est pas assistant sociale non plus, regarde-là deux minutes, vu sa gueule, je pari vingt balles qu'elle a fait vœu de chasteté.

- Personnellement ça m'excite, encore plus Jack. »

Jack, je savais enfin le prénom de cette énergumène.

J'haussais les yeux au ciel, comprenant que je n'allais pas obtenir ce dont je désirais. Je regagnais mon chez-moi, pendant que les deux garçons m'appelaient, j'allais devoir investir dans des casques anti-bruit j'ai bien peur.