Chapitre 9

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Dès qu'il est parti rejoindre sa maîtresse, je me suis dirigée vers les toilettes, rageusement.

Comment ai-je pu être aussi gourde ? Comment ai-je pu espérer voir en ce mec puant d'arrogance un mec dit « normal » ? Je suis débile, complètement « teubé » comme disent les jeunes.

Par mégarde, je bouscule un homme et renverse quelques gouttes de champagne sur lui, je m'excuse les yeux baissés, lorsque sa voix profonde me fait lever la tête vers lui.

— Ce n'est que du champagne, ne vous inquiétez pas !

Il est séduisant, blond, grand avec des yeux bleus magnifiques. Il a une allure très distinguée. Je lui souris, confuse.

— Vous venez souvent ici ? me demande-t-il.

— Non, c'est la première fois... À vrai dire, je ne sors pas très souvent.

— Vous êtes seule ?

— Non, je suis venue avec des amis... Ils... ils sont occupés.

— Vraiment ? Votre petit ami aurait peut-être besoin de lunettes ?

Si j'avais osé, je l'aurais remercié à haute voix. En une phrase, il me sort de l'humeur massacrante dans laquelle je me trouve. Tout ça par la faute d'un mufle qui a préféré rejoindre sa dulcinée et me laisser toute seule, comme une pauvre merde !

— Je... Je n'ai pas de petit ami, réponds-je.

— C'est une blague ?

— Pas du tout.

Je ne mens pas et pourtant j'ai l'impression de me trahir. Il m'invite à m'asseoir au comptoir, tout en commandant à un serveur deux verres de champagne afin de faire connaissance. J'apprends qu'il s'appelle Philippe, mais qu'il préfère Phil, il est informaticien dans une boîte américaine installée à Paris et est âgé de vingt-neuf ans. Je me rends compte qu'il est courtois et respectueux, comprenant ainsi qu'il fait bel et bien partie de mon monde, je ne peux m'empêcher d'imaginer Enrique riant aux éclats avec sa maîtresse.

Qu'il fasse ce qui lui chante après tout, cela ne me regarde pas le moins du monde, juste devant moi, se trouve peut-être l'homme de mes rêves. Il n'essaye aucunement de me forcer et est très attentif à mes paroles, je lui laisse donc sa chance de me séduire, au moins le mérite-t-il plus qu'un certain voisin de ma connaissance.

— Vous dansez ? me propose-t-il.

— Je ne suis pas très douée.

— Ce n'est qu'un slow, pas besoin d'être doué, et puis pour être honnête, je ne suis pas très bon danseur non plus.

Un point de plus en commun ? Je lui tends donc la main et le laisse m'emmener sur la piste de danse où Dylan fait passer Careless Whisper de Wham, ce qui correspond plutôt bien à ma situation. Au moment où nous commençons à danser, je rencontre le regard d'Enrique qui descend l'escalier de la loge privée où il s'est relaxé avec l'autre garce.

Je vois qu'il est mécontent et je tourne directement ma tête de façon à ne plus le regarder. Je souris à mon partenaire, il me le rend à son tour. Lorsque je regarde par-dessus son épaule, je rencontre les yeux noirs d'Enrique, son visage est crispé et il danse avec sa maîtresse. Je rêve ou ce mec est dans les bras de sa nana en paraissant énervé, car je danse moi aussi ?

L'aimer ? Même pas en rêve ! ( titre disponible en intégralité à la vente).Où les histoires vivent. Découvrez maintenant