My mind is a mess [Jake]

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[Samedi 12 mars]

Nos regards se croisèrent et je vis l'incompréhension totale dans laquelle se noyait mon vis-à-vis. Mais ce n'était pas moi qui faisait ça. Pas moi qui avait déposé ses lunettes sur son nez et qui se retrouvais à l'embrasser. Comme si quelqu'un contrôlait mon corps tout entier en me laissant le loisir de voir la scène sans pouvoir pour autant agir.

-Eh bien quoi ? Ce n'est pas ce que tu voulais ? Ce que tu recherches à faire depuis le début ? Ricana ma propre voix. M'avoir ?

C'était bien ma voix, mais pas mes mots. J'en étais conscient mais j'étais impuissant.
Je me sentis mourir quand mes lèvres rencontrèrent à nouveau celles de Kieren.
Mes lèvres étaient toujours déposées sur celles de Kieren quand j'eu comme un déclic. Je vis une larme couler le long de sa joue. Il me regardait. Et ses yeux avaient beau ne trahir aucune émotion, c'était comme si je pouvais apercevoir, un instant, le fond de son coeur. Qu'est-ce que j'étais exactement en train de faire ? Je n'étais absolument pas d'humeur à faire des folies, j'étais exaspéré, probablement un peu énervé et surtout, complètement ailleurs mentalement.
C'est comme si une autre part d'ombre à l'intérieur de moi s'était réveillé.
Non, ce n'était pas moi...
Je me reculai et tombai les fesses sur le lit, observant sa prochaine réaction, le souffle court.
Ses yeux continuaient de fixer les miens alors qu'une autre larme apparut mais celle-ci n'eut pas le temps de rouler jusqu'à son cou. Il la balaya d'un revers de manche avant de se relever et de quitter en silence la pièce. J'entendis ses pas dans les escaliers, puis se fut au tour du son de la porte se refermant.
Je voulais le rattraper. Je ne savais même pas pour quelle raison, mais je ressentais comme ce besoin de ne pas laisser les choses telles qu'elles étaient. Seulement, au fond de moi, quelqu'un me hurlait de ne pas bouger et d'attraper mon journal pour y faire couler autre chose que des larmes.

-Si Shawn est un prédateur, alors toi, ne serais-tu pas le pire des monstres?

Mes lèvres avaient encore bougé de leur plein gré. Je devenais fou, si je ne l'avais pas toujours été. Comment étais-je censé penser le contraire de ce que je venais d'énoncer à haute voix ? Kieren n'était pas un ange mais delà à le faire pleurer, j'avais dû heurter un point sensible. Ce n'était pas des larmes de tristesse. C'était plutôt comme si toute vie avait quitté son être, afin de ne pas souffrir d'avantage. Horrible.
Je laissai mon corps retomber sur mon lit. Je ne pouvais pas le rattraper. Que pouvais-je bien faire si ce n'est rester là et ne pas aller enfoncer le couteau dans la plaie.
Mais cette envie était irrépressible. Mes jambes me firent lever à plusieurs reprises avant de me laisser retomber sur le lit à chaque fois.
Je dus faire ça en tout et pour tout une bonne heure durant avant de retomber une dernière fois et de me blottir en serrant mon oreiller. Kieren n'y était qu'un instant, pourtant, je pouvais légèrement sentir son odeur dessus. D'ailleurs, toute la pièce semblait sous l'emprise de son parfum. À quoi étais-je encore en train de penser ? Si quelqu'un lisait mon esprit, il se suiciderait probablement dans la minute. Le mot bordel avait été inventé pour lui. Je serrai les dents en fermant les yeux. Entre pensées confuses et étranges, problématiques et solutions absurdes, émotions et sentiments futiles, rien ne se connectait correctement à l'intérieur de ma petite boîte crânienne. 

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Raphaël.

Guilty Mind [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant