Chapitre 28 : Jour J

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PDV de Lucas :

Demain, c'est mon mariage. Je suis stressé comme pas possible il nous reste juste à décorer la salle et a chercher nos costumes respectifs.

Je laisse Paul se reposer et je vais préparer le petit déjeuner. Une fois fini je retourne dans la chambre et le réveille doucement. Je m'assis à côté de lui et fait pleins de bisous sur son visage en lui chuchotant de se lever.

Bon sang ! C'est une vraie marmotte celui la ! Bon aux grands maux, les grands remèdes, je vais chercher une casserole dans la cuisine et une cuillère. Quand je rentre dans la chambre, je tape comme une fou que la casserole. Je le vois crier de peur et d'énervement : il va être d'humeur grognon aujourd'hui.

Mais bon, c'est pas grave car demain c'est le grand jour et il faut se bouger si on veut que tout soit prêt à temps.

Il lance des injures et se lève pour aller prendre le petit déjeuner.

Une fois chose faite on va chacun notre tour à la douche avant d'aller à la salle des fêtes pour préparer la soirée. Le trajet se fait en silence, je pense qu'il a pas encore digéré le réveillé de ce matin.

Un fois arrivé à la salle nos mères nous attendent de pied ferme. Je sens que la journée va être fatigante.

PDV de Paul :

Cette matinée a été longue et fatigante, rythmée par les ordres de nos mères pour l'installation de la déco de la salle. Je suis crevé mais avant de rentrer pour manger et dormir il faut que je passe au magasin chercher nos costumes. Lucas, lui, est resté à la salle pour finir la déco.

J'ai beau râlé à cause de toutes les tâches que nos mères nous donne à faire, au moins tout ça nous permet d'oublier pour un temps le stress qui monte minute après minute. Là, maintenant, seul dans ma voiture en direction du magasin, rien ne m'empêche d'être envahi par la peur et le doute. Et si c'était la pire erreur de notre vie ? Et si deux jours plus tard, on en venait à le regretter ? On est encore jeune après tout. On ne sait pas vraiment ce qu'on veut. La vue de nos costumes rend la chose tellement plus réelle et du coup plus effrayante. Je retourne chez nous, déposer les vêtements. Je rentre dans notre chambre, jette un coup d’œil au lit où ce matin même, Lucas y dormait profondément. Et soudain, tout devient clair. Oui, évidemment que ce sera dur. Évidemment qu’on aura des doutes même après avoir dit oui. Mais je l’aime. On s'aime. Et je pense que ça suffit. On divorcera peut être. Ou alors ce sera la maladie qui nous séparera. Mais je l’aimerais toujours, quoi qu’il arrive. C’est une évidence.

PDV de Lucas :

Je crois que mon cœur n'a jamais battu aussi vite de ma vie. Même lorsque je suis arrivé premier lors de la course de natation en primaire. Même quand j’ai du faire signer mon premier deux sur vingt à mon père. J’installe toujours les guirlandes aux murs, l’air de rien, mais pourtant dans ma tête c’est le chaos total. Je vais me marier demain. À un homme. Que j’aime à la folie d’ailleurs. C’est fou non ? Il y a quelques temps je suis devenu Papa et maintenant je vais me marier. Il y a eu un moment dans ma vie où tout a été chamboulé, je ne sais pas quand, mais j’ai vécu des choses incroyables, moi, un mec lambda pas plus con ou encore différent d’un autre.

Le reste de la journée se passe mécaniquement, j’essaie de ne pas trop réfléchir. Mes pensées ne sont pas claires du tout, ne vaut mieux pas essayer de les démêler si je ne veux pas devenir fou. Et j’essaie surtout de ne pas penser à ma principale préoccupation : la présence de Papa. J’essaie à tout prix, j’essaye vraiment de toutes mes forces mais depuis que ma mère m'a avoué qu’il ne lui avait pas demandé de sortir son costume, je n'y crois plus. Je m'accroche seulement à un vulgaire espoir. Espoir qui a de grandes chances d’être détruit demain. Mon cœur ne cesse de me murmurer : « on ne sait jamais », tandis que ma tête m'invite déjà à faire le deuil de notre belle relation avec Papa. Je suis allé me renseigner un peu sur Internet, voir si des gens avaient déjà vécu ce que j’étais en train de vivre et comment ils s’en étaient sortis. Je lus des témoignages déchirants, d’hommes et de femmes qui avouaient ne pas avoir parlé avec leurs parents depuis des dizaines d’années, certains même étaient morts avant qu’ils aient pu se réconcilier. Théo, 27 ans racontait :
«  Je m’appelle Théo et je suis homosexuel. Je l’ai découvert durant mon adolescence et j’ai pris beaucoup de temps avant de pouvoir l’annoncer à mes parents. Contrairement à ce que j'appréhendais, mon père l'a très bien pris. Mais ma mère, elle, n'a plus jamais voulu me voir. J’ai appris par ses amies seulement qu’elle avait un cancer et elle ne voulait même pas accepter ma présence ni mon soutien. Elle est morte le 15 août et je ne l’ai su que le 3 septembre. Je ne sais pas si vous vous rendez compte. Je n’ai su la mort de ma propre mère que trois semaine après. Je n’ai même pas assisté à son enterrement. Mon père, sous le coup du chagrin, m'a pris comme responsable et lui non plus n'a plus jamais voulu me revoir. Chaque minute de chaque heure de chaque jour, je ne cesserai jamais de me demander si j’aurais pu faire plus. Si je n’avais pas abandonner si tôt, peut être que… Et croyez moi, ce sont des choses comme cela qui brisent une vie. La mienne est déjà foutue mais ne suivez pas mon exemple. Je vous en supplie, battez vous. Ça en vaut la peine. Ou vous risquerez de le regretter à vie. »
Son histoire me poursuit encore dans mes rêves. Et je vous assure que faire un cauchemar la veille de votre mariage n’est absolument pas la meilleure chose à faire. Toujours est il que nous sommes le jour J, et Paul n’arrête pas de me targuer que je vais devoir mettre du fond de teint. Je t’aime beaucoup Paul, mais je t'emmerde.

PDV de Paul :

Je me réveille à côté d'un zombie. Et oui, mon Lucas à des cernes de trois kilomètres, c’est la signature d’une nuit sans sommeil. Encore des cauchemars j’imagine. Nos mères qui ont préféré dormir ici pour être sûres qu’on ne s’enfuiraient pas pendant la nuit, poussent d’horribles cris en voyant sa tête. On dirait que quelqu’un a été tué cette nuit. Comme je le prédisais, elles insistent si bien pour que Lucas mettent du fond de teint qu’il finit par céder. Cela me permet à moi d’évacuer la pression en me foutant de sa gueule. C’est cool et c’est pratique. Je suis, je crois, après ça, le marié le plus détendu de la planète.

PDV de Lucas :

Mon Dieu. Sauvez moi. Après avoir évité de justesse qu’on me tartine de rouge à lèvres sous les moqueries de mon futur mari, je peux enfin me détendre pour finalement affirmer : je suis bien. Je me sens bien. Si on oublie le petit tiraillement de mon cœur qu’on peut aussi nommer Papa, je me sens bien comme je ne l’ai jamais été.

Voiture et tout le tralala, direction la mairie. Je fixe mon amoureux durant tout le trajet. Comment n’avais-je pas pu remarquer avant qu’il était si beau ? Je n’avais d’ailleurs jamais remarqué non plus qu’il avait ce petit grain de beauté dans le creux du menton. Et cette mini cicatrice sur l’arête du nez. Un petit sourire niais naît sur mes lèvres. Paul croise mon regard et éclate de rire. C’est vrai que ce n’est pas mon habitude d’avoir ce regard con. À vrai dire, c’est plutôt la sienne. Nos yeux expriment tout notre amour et ça nous suffit comme discussion.

Les invités arrivent, on s'habille aussi excités que stressés. Les minutes deviennent des heures, tout est à la fois trop lent et trop rapide. J'ai l'impression de perdre pied, seule la présence de Paul m'aide à ne pas couler. Nous voilà maintenant ensemble, devant le maire. Bientôt, nous allons dire oui. Bientôt, nous serons aussi bien que légalement et spirituellement unis pour la vie. Mais, sans que je ne contrôle plus rien, la voix du maire s'efface en arrière plan pour laisser place à celle de Théo. Je vous en supplie, battez vous. Ça en vaut la peine. Ou vous risquerez de le regretter à vie. J'ose enfin jeter un coup d'œil dans l'assistance. Je manque de defaillir lorsque j'aperçois ma mère souriante et comblée, une chaise vide à ses côtés. Tout semble d'un coup plus noir. Je vous en supplie, battez vous. Ça en vaut la peine. Ou vous risquerez de le regretter à vie. Théo ne veut pas me laisser me marier en paix. Sa voix me suit partout et quand vient mon tour de répondre au maire, il me faut un temps avant de me ressaisir. Je tente un dernier regard à la chaise puis me focalise ensuite sur ce magnifique homme en face de moi qui attends ma réponse avec impatience. J'inspire un grand coup et... La lourde porte de bois s'ouvre soudainement, faisant sursauter tout le monde. Je me fais violence pour ne pas me retourner mais une pensée me fige soudain sur place. Et si...

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Chapitre fini, on espère que cela vous a plu.
N'hésitez pas à mettre des commentaires si vous aimez ou non, si vous voulez dire ce que vous pensez de cette fiction, et à déposer des votes si cela vous plait.
On essaye d'être assez régulières sur la publication des chapitres.
Chapitre écrit par Carla.
~Carla et Eloïse~ 💞

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